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Ben MOUBAMBA

Docteur en philosophie (Université de Reims) ; Docteur en sciences politiques (EHESS - Paris).

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Billet de blog 18 novembre 2013

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Gabon - Crise sociale : 1200 agents de santé licenciés illégalement par l'Etat et destruction du patrimoine des travailleurs

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En tant qu’homme politique et ancien acteur de la société civile, nous avons été invité le 18 novembre 2013 à la Chambre de Commerce de ville pour l’Assemblée Générale de plusieurs syndicats du secteur de la santé. La crise sociale qui frappe tous les secteurs de la société gabonaise est un argument de plus pour tous ceux qui pensent que le temps d’une révolution pacifique et généralisée est arrivé. Si le Peuple Gabonais ne réagit pas il est perdu pour longtemps et risque même de disparaître. La révolution contre l’Etat-PDG c’est maintenant !

  1. 1.   L’Etat-PDG c’est le mépris de la puissance publique envers les citoyens gabonais

Le Ministre gabonais de l’Economie a licencié 1200 agents (dont 84 médecins et 5 professeurs agrégés en médecine, dans un pays qui manque de tout au niveau médical), liés à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale alors que ce Ministre n’en a pas le droit. La CNSS est financé par les travailleurs, le privé et les collectivités locales. L’Etat n’est pas concerné par les œuvres de la CNSS, en principe. Ces 1200 licenciés sont à vrai dire des témoins gênants de crimes financiers au Gabon, comme des sacrifiés de l’Etat-PDG que personne ne veut plus subir dans notre pays.

Voilà pourquoi nous avons proposé aux syndicats de peser de tout leur poids pour qu’une CONFERENCE SOCIALE soit organisée au Gabon dans les plus brefs délais. En effet, les problèmes sociaux se sont accumulés et ils atteignent désormais un niveau de saturation qui fait craindre le pire dans les prochains jours. Seule une CONFERENCE SOCIALE suivie d’effet est susceptible d’aider convenablement les populations à sortir d’une spirale sans fin de malheurs. Si cela n’est pas le cas, il y aura immanquablement, une évolution incertaine de l’histoire immédiate.  

Au-delà du scandale du licenciement illégal de 1200 agents de santé (dont 84 médecins et 5 professeurs agrégés en médecine, dans un pays qui manque de tout au niveau médical), il y a des vols qu’on veut maquiller. Et c’est une tragédie !

En 2005, le service  de la dette publique et le Trésor Publique ont financé la réhabilitation des hôpitaux de la CNSS (Hôpital Pédiatrique d’Owendo, Fondation Jeanne Ebori et Hôpital Paul Igamba de Port-Gentil), en y allouant les 50 milliards que l’Etat lui devait. La fin des travaux était prévue pour 2009.

2. L’Etat-PDG c’est le vol, la corruption et le crime comme système de gouvernement

En novembre 2012, la Caisse Nationale de Garantie Sociale (CNGS) est débitrice de 3 milliards de FCFA, toujours pas remboursés à ce jour ; la santé militaire, 120 millions de FCA, toujours pas remboursés à ce jour ; la Mairie de Libreville, 68 162 588 FCFA toujours pas remboursés à ce jour, le ministère des finances, 87 millions de FCFA toujours pas remboursés à ce jour, pour ne citer que ceux-là.

Contre toute attente, au lieu de réhabiliter nos hôpitaux pour les rendre plus performants, le 26 novembre 2009, le gouvernement de M. Ali BONGO a décidé, sans justification, de céder au service public, les hôpitaux de la CNSS, propriété des travailleurs et des employeurs du secteur privé, de la main d’œuvre non permanente et des collectivités locales.

Et plus grave encore, il a ordonné la destruction des immeubles de la Fondation Jeanne EBORI. Est-il besoin de rappeler que la liquidation de la CNSS et le licenciement de 1200 personnels de santé (dont 84 médecins et 5 professeurs agrégés en médecine) n’a pour seul mobile que l’effacement des traces de l’hyper-corruption des dirigeants qui se sont illustrés par une mal gouvernance criminelle et des détournements de fonds massifs.

Ces malversations sont d’ailleurs confirmées par le dernier rapport de la Cour des Comptes, publié en juin 2013. Le licenciement de 1200 témoins gênants mais surtout la cession des hôpitaux de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) au service public ne sert qu’à cacher en quelque sorte les 50 milliards de FCFA dont on ne trouve plus la trace nulle part. 

La santé est pourtant un droit fondamental dont la jouissance est une des missions essentielles d’un gouvernement. Il est donc éminemment criminel de faire de la santé d’une partie importante de la population, une variable d’ajustement du logiciel de prédation de nos dirigeants.

Mais, c’est par un communiqué radiotélévisé du vendredi 20 septembre 2013 du Ministre de l’Economie que 1200 agents hospitaliers de la CNSS ont appris leur licenciement sans préavis. Le gouvernement et le pouvoir d’Ali BONGO ont fait preuve de mépris envers des travailleurs, des pères et des mères de famille qui œuvrent dans un des secteurs les plus sensibles d’une Nation.

Bruno Ben MOUBAMBA

bruno@moubamba

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