Gabon Télévision (RTG) a organisé un débat sur la politique du Chef de l’Etat voici quelques heures, comme en épilogue des festivités marquant le 53e anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance. Si le directeur de la chaîne de télévision a été un excellent journaliste lors de cet exercice, il n’en demeure pas moins que la communication des autorités gabonaises laisse les Gabonais dans l’expectative et la tristesse.
La communication du Président de la République a été un véritable fiasco en ce mois d'août 2013
- 1. Gabon 53 : Un bon défilé militaire mais une communication ratée
Selon le journaliste Franck Ndjimbi qui s’est exprimé sur notre page FACEBOOK : « En trois jours, la communication de l'émergence a étalé toute son ignorance. Un discours à la Nation que l'on tente de rattraper par une interview puis on tente de rattraper la même interview par un prétendu "débat" entre personnes du même bord politique..... Plus on avance dans le temps, plus on s'enfonce.... Depuis quand des lieutenants parlent après leur chef ? Où a-t-on vu ça ? Visiblement ce "débat" avait pour but de corriger les ratés des précédentes sorties de l'émergent en chef..... Mais, où est-on ? Veut-on nous faire croire que les lieutenants comprennent mieux la "politique publique" mise en œuvre que leur chef ? Si tel est le cas, alors que l'un des lieutenants devienne chef.... On est aux confins de l'absurde. »
A notre humble avis, il y a du vrai dans ce que dit Franck Ndjimbi. Lors de cette émission de Gabon Télévision, des ministres de la république ont été mis au même niveau que des chefs de cabinet ou du porte-parole du Président de la République. Pourquoi un tel désordre ? Est-ce le cabinet présidentiel ou les ministres du Gouvernement qui sont chargés de défendre les politiques publiques ? Le passage à la « télé » pour un acteur public est-il un exercice de « m’as – tu vu ? Ou un exercice de pédagogie pour enseigner des citoyens avides d’informations importantes ? Que viennent faire des représentants de la Présidence là où on parle de mise en œuvre des politiques publiques ? Depuis quand la Présidence met-elle en œuvre les politiques publiques ? Et pourquoi aucun membre de la société civile ou de l’opposition n’a été convié ? Ce ne sont pas les journalistes qui doivent porter la contradiction et on comprend l’épuisement du directeur de Gabon Télévision qui a animé le « débat ».
- 2. L’illuminisme politique guette les acteurs publics au Gabon
La communication du Président de la République a été un véritable fiasco en ce mois d'août 2013. Et pour cause ? Il n'est entouré que de gens agressifs et sur la défensive qui ignorent que le secret de la communication commence par l'empathie avec ceux qui les regardent et le doute permanent pratiqué vis-à-vis de ses propres certitudes. Le risque est qu’à force de se convaincre qu'on a raison sur tout et pour tout, on se laisse illuminer par la lumière artificielle de sa propre rationalité. Les "sages" le savent depuis la nuit des temps et c'est pourquoi le grand Socrate a dit "je ne sais qu'une chose c'est que je ne sais rien". C'est le début de la sagesse.
Nous marchons dans une caverne où la Vérité surgit d'un grand effort sur soi et d'une élévation intérieure vers des choses plus grandes que soi. Au Gabon, il y a trop d’acteurs publics qui se voient d’abord comme des "savants", des docteurs en ceci, autrement dit, des gens qui savent tout mais n'ont en réalité aucune prise sur les phénomènes réels. C'est le royaume de l’illuminisme qui est tout à fait contraire aux intérêts de l'âme humaine ! Espérons tout simplement que les autorités gabonaises vont revoir leur communication car l’effet de ce 17 août 2013 a été négatif au plan national et international. Heureusement que le défilé militaire a été de bonne facture grâce notamment à l’Armée de l’air. Mais entre les danses des plus hautes autorités du pays au Palais présidentiel (mais après tout ils en ont le droit) quand le Peuple crie famine et le dernier « débat des hargneux » sur Gabon Télévision, il nous restera à nous les Gabonais un sacré goût amer de ces festivités.
Bruno Ben MOUBAMBA
Homme politique gabonais
UPG