Nouvelle recette ! Allégée en morale et en dignité ! allonge la durée des retraites et réduit durablement les pensions !
Avant de commencer la préparation délicieuse et délictueuse débarrassez le plan de travail de tout scrupule et de toute trace de sens moral : ces ingrédients, même à petite dose, pourraient nuire à votre réussite. Pour parvenir rapidement à un plat succulent évitez de penser à la France, au devoir, à la responsabilité à l'honneur et autres fariboles qui ne pourraient que ralentir votre progression vers la réussite-qui-vous-est-promise-et-due ...
* Procurez-vous un terrain de courses, pas trop gras ni trop lourd, taillé à coup de promesses électorales dans un giron présidentiel, que vous aurez pris soin préalablement de garnir d'enveloppes en papier kraft bien farcies de "liquide au noir" (voir sauces et carambouilles, pages précédentes).
* Prévoyez aussi quelques bibis pour votre épouse, ridicules si possible, mais surtout en tulle (ou mieux en crêpe couleur muraille de Chine si vos moyens vous le permettent) mais pas en velours, toujours trop lourd. Une plume ou deux seront du plus bel effet si vous en choisissez l'emplacement avec discernement et courage (évitez les plumes de paon, elles portent malheur et pourraient prêter à sourire, le geai suffira).
* À plusieurs, achetez (ou faites acheter par votre femme et ces amies) une ou deux pouliches. C'est un peu onéreux, mais cela vous ouvrira la tribune des propriétaires, plus parfumée et mieux fréquentée que celle de la populace. Il est indispensable qu'on oublie vos origines : oubliez les donc vous-même d'abord.
* Fréquentez assidûment les membres du Jockey-Club, çà n'est pas si douloureux qu'on le dit (sinon un bon beurre clarifié pourrait aider) : vous finirez peut-être même par y prendre goût. Flattez leurs particules, il aiment çà, et plus encore la Légion d'Honneur : épinglez les donc le plus possible, çà n'est pas onéreux. Si vous rencontrez un Maistre qui porte jusque sur ses armes les soucis d'or de sa patronne, offrez lui un café souvent et un ruban rouge une fois, il vous revaudra ce service.
* Préoccupez-vous d'offrir à Madame votre épouse un emploi épanouissant, et surtout grassement rémunéré. Au service d' une vieille dame riche et généreuse ce serait parfait ... surtout si elle est mal conseillée. Fermez les yeux sur sa situation fiscale, au besoin même faites lui restituer quelque argent, 30 millions d'EURO devraient suffire dans un premier temps (çà n'est pas bien cher et ce n'est pas vous qui payez : soyez grand seigneur !).
* Amalgamez et pétrissez cette pâte de bonne conscience, rectifiez l'assaisonnement d'un ou deux grains d'irresponsabilité, d'un jus de cynisme très pressé, d'un zeste de raideur au besoin. Si l'odeur vous dérange faites en sorte de vous y habituer : bientôt elle deviendra vôtre et vous ne la percevrez même plus.
* Formez un premier cercle, large mais surtout bien fermé.
* Portez le tout à gratiner au feu des surenchères dans le four de quelque restaurant renommé : le Fouquet's, ou en Suisse la Caviar House.
* Servez sur un bouclier fiscal bien fourbi, accompagné de salades sur les retraites et n'oubliez pas de prendre les électeurs pour des truffes ...
Bon appétit ! (le conseil du sommelier : servir classiquement accompagné d'un Château "Les Couleuvres" à température. Un jeune "Chienlit d'automne" bien frappé à la matraque serait plus inattendu et tout aussi approprié. Mais gare aux remaniements fréquents après les vendanges dans ces petites appellations).
Ce plat est à la portée de n'importe quel énarque très moyen (souvent un pléonasme) la réussite est assurée : des foules de manifestants hurleront votre nom !
... dans quelques semaines une recette de plat sucré-salé : la Crème renversée de Neuilly-Bosca : croustillant à souhait !