Il me semble que le dossier des retraites a révélé une crise mimétique, où chacun désire ce que désire l'autre, justement parce qu'il le désire !
Alors, dans ce cas, nous en serions à la phase du tous contre tous :
Les salariés du secteur privé voudraient que ceux du secteur public aient les mêmes taux de cotisation, ceux du secteur public voudraient la remise en question immédiate des régimes spéciaux, les femmes aux carrières en dent de scie voudraient plus de reconnaissance, les jeunes salariés pensent que les vieux devraient commencer plus tôt à cotiser plus longtemps, ceux qui ont commencé à travailler avant 18 ans voudraient pouvoir arrêter à 60 ans, ceux qui ont exercé des métiers pénibles voudraient pouvoir partir plus tôt .. etc .. etc ... mais les déficits des caisses s'aggravent d'année en année.
Chacune des ces revendications est sans doute pertinente et argumentée, qui ne sent que la satisfaction de tous et chacun, en même temps que l'équilibre financier durable des caisses, est très difficile à concilier. Tout projet de réforme demandera des sacrifices qui seront ressentis comme plus ou moins équitablement répartis.
Pour cette tentative de lecture anthropologique de la situation il n'est pas nécessaire de porter de jugement sur le fonds du débat constatons que la crise mimétique est ouverte, et que sa résolution rationnelle et pacifique est des plus complexe, voire impossible.
Dès lors la communauté concernée (ceux qui veulent une retraite garantie, décente et équitable : çà fait beaucoup de monde!) va tenter de résoudre la crise du tous contre tous, c'est à dire de retrouver son unité, par le "sacrifice" d'un seul, emblématique.
Qui choisir ?
Eric Woerth (plus que Christine Lagarde? que NS? que François Baroin? que François Fillon?) présente les caractéristiques requises pour ce rôle :
* Il est à la fois impliqué dans le projet, mais pas concerné : qui se fait du souci pour sa retraite?
* Quoiqu'il en dise et quoiqu'il ait fait (ou pas... pas de contrôle fiscal Bettencourt en 2009 malgré les indications des services de la justice) il est du même côté que son épouse (sa moitié ... sortie de sa "côte"...) de la "muraille de Chine" : c'est nous qui sommes de l'autre côté.
* Il représente l'ambitieux dans la course, qui déjeune en "bonne compagnie" au Jockey Club et au Britol, tranchant technocrate, remboursant une large part des impôts de la femme la plus riche de France, intervenant au profit des golfeurs, trésorier trop efficace et peu scrupuleux (les partis de poche .. entre autres..) du parti dominant, et loin, si loin des concernés.
L'a-t-il compris?
Son sacrifice inévitable (déjà annoncé à demi-mot pas certains de ses co-partisans : "pour le moment" de Pierre MEHAIGNERIE) résoudra-t-il la crise? Il me semble qu'il servira de leurre, de masque au véritable responsable du capitalisme à la française, à l'inspirateur de la réforme comme du bouclier Fiscal, au visiteur du soir des salons et dîners de Neuilly ...
L'avons-nous compris?