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Billet de blog 25 mars 2025

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Voyage au pays des fake news : réponse à une manipulation du Figaro Magazine

Le Figaro Magazine a récemment publié l’article « Voyage en Belgiquistan », présenté comme une enquête sur l’islam en Belgique. Derrière ce titre provocateur se cache en réalité un tissu d’amalgames et de contre-vérités, construit pour alimenter un agenda idéologique. Face à une manipulation médiatique, ce billet tente de rétablir la vérité.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le Figaro Magazine a publié, le 21 mars 2025, un dossier intitulé « Voyage en Belgiquistan », une enquête à charge contre la Belgique qui prétend dénoncer un double péril : « l’entrisme islamiste » et « le wokisme ».

Cette publication survient à la veille de la commémoration des attentats de Bruxelles, une coïncidence troublante qui interroge sur les intentions réelles de ce dossier. Les propos tenus dans cet article ne relèvent pas d’une analyse journalistique sérieuse, mais bien d’une tentative d’instrumentalisation des débats belges pour servir un agenda idéologique clairement orienté à l’extrême droite.

Loin d’une critique constructive, ce dossier accumule approximations, exagérations et contre-vérités, allant jusqu’à la diffamation envers certaines figures politiques, notamment des partis belges socialiste et écologiste. Au-delà de son caractère outrageant, cette publication soulève des inquiétudes sur une potentielle ingérence médiatique visant à renforcer la montée des idées d’extrême droite en Belgique, alors même que le pays connaît déjà un virage électoral vers la droite.

Ce billet a pour objectif de déconstruire méthodiquement les inexactitudes et les biais de l’article du Figaro Magazine. Il s’appuie sur des faits vérifiables et des sources solides afin d’éclairer le débat public et d’offrir une lecture critique de cette publication.

Critiques générales d’un écrit dépourvu de rigueur journalistique

Avant d’entrer dans une analyse détaillée des informations erronées et biaisées contenues dans l’article du Figaro Magazine, il est important de poser quelques remarques préliminaires.

  • Un article sans rigueur journalistique : Le dossier publié par Le Figaro Magazine ne repose sur aucune analyse structurée. Loin d’un travail journalistique équilibré, il aligne des affirmations disparates et décontextualisées, sans fil conducteur ni démonstration rigoureuse. L’article ne propose qu’un seul point de vue, multipliant les accusations sans jamais nuancer son propos ou donner la parole à des experts aux visions diverses. Pire encore, plusieurs arguments avancés datent du début des années 2010  et sont donc décontextualisé de la situation actuelle. Cette absence de mise à jour des faits révèle un parti pris idéologique plutôt qu’un réel travail d’enquête.
  • Une atteinte aux institutions et aux citoyens belges : Le dossier du Figaro Magazine ne se contente pas de présenter une vision biaisée de la situation en Belgique : il constitue un véritable manque de respect envers les autorités du pays et ses citoyens. En assimilant systématiquement l’islam à une menace et en insinuant que la Belgique serait passive face à un supposé danger islamiste, l’article sous-entend que les institutions belges échoueraient à protéger leurs citoyens. Cette publication, qui paraît à la veille de la commémoration des attentats de Bruxelles, ne peut être perçue comme anodine. Son timing interroge sur ses intentions réelles : s’agit-il d’une simple maladresse ou d’une volonté délibérée d’instrumentaliser un drame national pour servir une idéologie islamophobe ?
  • Une crédibilité douteuse : Un des éléments préoccupants de ce dossier est le recours à des sources anonymes dont la fiabilité n’est pas établie. Des témoignages non vérifiables sont présentés comme des vérités incontestables, ce qui va à l’encontre des principes fondamentaux du journalisme. L’exemple le plus frappant est l’affirmation selon laquelle les policiers éviteraient certains quartiers durant le Ramadan. Une telle allégation semble hautement improbable au regard des lois et pratiques en vigueur en Belgique, d'autant plus qu'elle est avancée sans preuve ni source officielle.
  • Des sources engagées et partiales : Parmi les intervenants cités dans l’article, figure Alain Destexhe, un homme politique belge connu pour ses positions ultraconservatrices. Ancien membre du Mouvement Réformateur (MR), il a quitté ce parti en 2019 pour fonder une formation d’extrême droite. Il a en outre rejoins l’équipe de campagne d’Éric Zemmour en 2022. Présenter un tel acteur comme une source neutre est un choix éditorial plus qu’orienté.
  • Un historique de publications controversées : Il est important de replacer ce dossier dans le parcours des deux auteures de l’article. Nadjet Cheribi avait déjà publié en 2016 un reportage à charge sur Saint-Denis, en France, comparant la ville à "Molenbeek-sur-Seine", en prétendant que cette expression était couramment utilisée par des habitants musulmans. Judith Waintraub, quant à elle, s’est illustrée par des prises de position polémiques, notamment en 2020 lorsqu’elle a associé une étudiante voilée à la commémoration du 11 septembre, suscitant une vive controverse.

Le nombre de musulmans en Belgique : une exagération grossière

Commençons par le commencement, à savoir le titre de l'article du Figaro Magazine. Les auteures utilisent le terme provocateur de « Belgiquistan », suggérant que la Belgique serait devenue un pays dominé par l’islam, où la population musulmane exercerait une influence écrasante sur la société. Cette présentation est totalement erronée et relève d’une exagération volontaire visant à attiser la peur et les tensions identitaires.

En réalité, les chiffres sont très loin de cette caricature. En 2016, la Belgique comptait 781.887 musulmans pour une population totale d’environ 11 millions d’habitants, soit environ 7%. À titre de comparaison, en 2022, on recensait 6.487.044 chrétiens, représentant 56% de la population. Il est donc absurde de prétendre que la Belgique est dominée par l’islam ou que les musulmans imposeraient leurs lois à la majorité. L’histoire et la sociologie nous enseignent d’ailleurs que ce ne sont jamais les minorités, surtout lorsqu’elles ne sont pas représentées au pouvoir, qui oppriment les majorités.

Il semble clair que cet usage fallacieux des chiffres vise à instrumentaliser la question religieuse pour des raisons purement idéologiques, en jouant sur la peur d’un "grand remplacement" déjà présente dans le débat public français, mais qui n’a aucun fondement statistique.

Le cas Sharia4Belgium : une omission délibérée des actions des autorités belges

L’article du Figaro Magazine évoque le mouvement Sharia4Belgium et son fondateur Fouad Belkacem, en soulignant que si l’organisation a été dissoute, plusieurs de ses membres auraient fui en Syrie. En omettant volontairement de mentionner les nombreuses actions judiciaires entreprises contre cette organisation et ses représentants, le dossier laisse entendre, à tort, que les autorités belges n’ont rien fait pour contrer la menace.

Or, la réalité est bien différente. Sharia4Belgium, active de 2010 à 2012, était une organisation prônant l’application de la charia en Belgique et impliquée dans la radicalisation et le recrutement de combattants pour la Syrie.

Contrairement à ce que sous-entendent les auteures du Figaro Magazine, la Belgique a pris des mesures fermes contre Sharia4Belgium. Dès 2012, son leader Fouad Belkacem a été condamné à 2 ans de prison pour incitation à la haine et à la violence. Plus tard, en 2014, un procès historique s’est tenu à Anvers, où 46 membres ont été jugés pour leur rôle dans l’endoctrinement et l’envoi de combattants en Syrie. En 2015, Belkacem a écopé de 12 nouvelles années de prison et 30 000 € d’amende pour direction d’une organisation terroriste. Il a été également été déchu de sa nationalité belge en 2018, le Parquet général le considérant comme une menace permanente pour la sécurité publique. Un dernier membre du groupe a, quant à lui, été condamné à 28 ans de prison en 2017, lorsqu’il est revenu de Syrie. 

L'étiquette de l'extrême gauche : Nuances et réalités des partis de gauche en Belgique

Similairement à sa couverture de la scène politique française, l’article du Figaro Magazine simplifie de manière abusive le positionnement des partis belges de gauche en les assimilant à une forme d’extrême. Une telle vision est réductrice et omet de nombreux éléments essentiels pour bien comprendre le spectre politique de ces partis. Il est de mise de déconstruire cette idée et de nuancer la manière dont ils se positionnent, tant dans leur programme politique que dans leur pratique démocratique.

Une définition floue de l’extrême gauche

La gauche belge est accusée par les auteures de l’article d’être extrémiste, mais quelques clarifications sont de rigueur. L'extrême gauche, tant en France qu'en Belgique, se caractérise par un rejet exacerbé du capitalisme et de la démocratie libérale, tout en prônant une transformation radicale de la société, souvent par des moyens révolutionnaires. Sur l’échiquier politique belge, si le PTB (Parti du Travail de Belgique) par ses aspects radicaux peut susciter un débat sur son positionnement, le PS (Parti Socialiste belge) et Ecolo (Parti écologique belge) suivent des lignes plus modérées.

La comparaison des actions prises par certains partis belges, comme la motion au Parlement bruxellois pour imposer des sanctions contre Israël, n'est pas une mesure d’extrême gauche, ni antisémite. Ces sanctions incluent des mesures telles que l’arrêt des licences d’exportation d’armes vers Israël et la suppression des subsides aux entreprises collaborant avec l’armée israélienne.

Cette motion, qui a d’ailleurs été prise au niveau régional et non fédéral, met dès lors en avant des valeurs de justice, sans se limiter à une posture idéologique unilatérale. Une telle action est comparable à celles prises dans d’autres contextes internationaux et ne relève pas d’une démarche extrémiste. La critique de cette position par les auteure du Figaro Magazine semble davantage relever d’une instrumentalisation politique qu’une véritable analyse des principes qui la sous-tendent.

Ecolo : un parti en baisse dans les urnes, mais pas à cause d’un virage idéologique

L’article mentionne en outre que la perte de terrain du parti Ecolo est liée à « son glissement vers l’extrême gauche ». Cette analyse ne tient pas compte de la complexité de la situation. Les mouvements écologistes connaissent des revers dans plusieurs pays d’Europe, dont la Belgique, pour plusieurs raisons. Tout d’abord les campagnes contre « l’écologie punitive » menées en Europe par des partis de droite qui présentent l’écologie comme un frein à la compétitivité et une cause de décroissance.

Ensuite, malgré la crise en Ukraine et les difficultés économiques, l’UE a continué de défendre son Green Deal, ce qui a alimenté les critiques de la droite sur les effets économiques de la législation environnementale. D'un côté plus micro, le parti belge Ecolo a fait face à une ambivalence stratégique. Si le parti a un projet écologique certain, il peine à s’ancrer dans une vision plus large, économique et sociale.

Selon des experts, son manque de clarté sur certaines questions économiques (comme les retraites ou les impôts) et l’ambiguïté de son positionnement sur des questions sociétales ont miné son électorat. Ecolo oscille entre une posture de gauche nouvelle et un positionnement plus centré, qui n’a pas répondu aux attentes de certains électeurs.

La position récente d'Ecolo sur le retrait de la plateforme X (anciennement Twitter), fortement critiquée dans l’article, ne relève d’ailleurs pas d'une dérive extrémiste. Il s'agit  plutôt d'une réponse aux problèmes de désinformation et aux dérives autoritaires d’un multimilliardaire qui soutient des forces conservatrices.

La demande de suspension de X est fondée, selon les responsables du parti, sur des préoccupations concernant la sécurité numérique et la démocratie. Elle s’inscrit dans la lignée du Digital Services Act, législation adoptée en 2022 par l’Union Européenne, pour réguler les services numériques et protéger les droits fondamentaux des utilisateurs.

Cette position n’est donc pas une position de gauche radicale, mais une application des principes européens de modération des contenus, tels qu’ils ont été co-rédigés, notamment par Thierry Bretton, membre de l’UMP.

Enfin, concernant la déclaration de Rajae Maouane, ancienne co-présidente du parti Ecolo, sur la relation entre écologie et lutte des classes, il est important de souligner que cette position est largement partagée dans le discours écologique contemporain. Des théoriciens et activistes comme Chico Mendes ont déjà articulé cette convergence en dénonçant que la crise climatique exacerbe les inégalités sociales, créant une nouvelle lutte des classes entre ceux qui souffrent de ses effets et ceux qui en profitent.

Il convient, à ce titre, de préciser que ce n'est pas pour ces divergences politiques que Rajae Maouane a quitté son poste de co-présidente. Son retrait fait suite à la défaite du parti aux dernières élections, au même titre que celui de son homologue masculin, Jean-Marc Nollet. Rajae Maouane reste actuellement députée à la Chambre des représentants pour le parti Ecolo.

L'instrumentalisation médiatique du Collectif Contre l'Islamophobie en Europe : une critique biaisée de ses actions

Dans la suite de ses colonnes, l'article du Figaro Magazine évoque une accusation sans fondement selon laquelle le Collectif Contre l’Islamophobie en Europe (CCIE) serait une organisation infiltrée par des militants islamistes, impliquant ainsi des liens avec des actions terroristes. Nous devons nous rappeler que le CCIE est une organisation apolitique, à but non lucratif, indépendante et financée uniquement par ses membres et soutiens.

Sa mission est claire : lutter contre l'islamophobie en Europe, un phénomène de discrimination et de rejet envers les personnes musulmanes, qu’elles soient pratiquantes ou non.

Le CCIE s'engage principalement à travers trois axes principaux : l'accompagnement juridique et psychologique des victimes d’islamophobie, la sensibilisation à ce phénomène à travers des campagnes, des événements et des formations, ainsi que la documentation et l'analyse de ce problème à l'échelle européenne. En effet, loin d’être une organisation militante ou extrémiste, le collectif œuvre pour des causes profondément humaines et sociales : la lutte contre les discriminations et pour l'égalité.

Il est particulièrement intéressant de se demander pourquoi, dans un dossier consacré à la Belgique, Le Figaro semble faire le lien entre le CCIE et des groupes terroristes, sans preuves concrètes. La réponse pourrait résider dans un événement récent : le CCIE a été invité par La France Insoumise (LFI) à participer à une table ronde sur l'islamophobie à l'Assemblée nationale.

Un tel geste symbolique a vraisemblablement suscité l'ire de certaines opinions politiques. L'accusation d'un lien avec le terrorisme pourrait dès lors être vue comme une tentative d'instrumentalisation politique, en assimilant les actions légitimes pour les droits des minorités à des armes idéologiques. 

La liberté de la presse et la responsabilité éditoriale en Belgique : décryptage des accusations de censure

Cheribi et Waintraub évoquent un climat de presse "muselée" en Belgique et font état de plusieurs sujets controversés, en particulier sur la RTBF et les Magritte’s du cinéma. Remettons donc en perspective la réalité des faits pour dissiper les idées reçues et clarifier certains points.

La liberté de la presse en Belgique est garantie par l'article 25 de la Constitution, qui stipule que la presse est libre et que la censure est interdite. Aucune interdiction peut donc être appliquée avant la diffusion. Toutefois, cela ne signifie pas que tous les propos sont exempts de sanctions après leur publication. En cas de propos délictueux, comme ceux relevant du racisme ou de la xénophobie, des poursuites judiciaires peuvent avoir lieu, mais seulement après publication, et non de manière préventive. Ainsi, la presse belge, bien qu'elle bénéficie d'une grande liberté, reste responsable des propos qu'elle diffuse.

Les Magritte’s du Cinéma, les récompenses cinématographiques des meilleures productions belges francophones, ont été pris pour cible également. En 2025, Charline Vanhoenacker a été choisie pour présenter cette 14e édition des Magritte’s. En tant que maîtresse de cérémonie, elle a ouvert la soirée avec un discours à son image : teinté d’humour et d’ironie. Le Figaro s’est indigné de l’ouverture qu’elle a animée, en interprétant avec Frédéric Fromet une chanson.

Ce qui a particulièrement dérangé, c’est que Charline Vanhoenacker a abordé le sujet des agressions sexuelles faites aux femmes dans le cinéma. Un sujet qualifié de « woke » mais qui est, rappelons-le, un délit aux yeux de la loi. Les deux rédactrices du magazine ont aussi jugé polémiques les prises de position sur la guerre à Gaza et les appels à la tolérance exprimés. Bien que mélangeant les deux précédentes éditions de la cérémonie, elles ont fait référence à l'action marquante de mars 2024, lorsque Sandrine Blancke, lauréate du prix de la meilleure actrice dans un second rôle, a invité le public à monter sur scène.

Les auteures ont déploré que les pogroms du 7 octobre n’aient pas été mentionnés dans les discours. Or, le message formulé par le collectif était le suivant : « Nous partageons notre profonde révolte face à la catastrophe humanitaire en cours à Gaza et pour témoigner de notre entière solidarité avec le peuple palestinien. Ce soir, d'une même voix et sans équivoque, nos pensées vont aux familles et aux proches des 1200 victimes de l'attentat du Hamas le 7 octobre en Israël, ainsi qu'aux familles et aux proches des 30 000 palestiniens et palestiniennes, dont 12000 sont des enfants, tués par l'armée israélienne à Gaza. »

Le groupe a donc bien exprimé sa solidarité envers le peuple palestinien et dénoncé la situation humanitaire à Gaza, tout en rendant hommage des victimes des deux côtés du conflit, israéliennes et palestiniennes. Pour connaître les détails de cette cérémonie, il aurait été nécessaire de visionner les discours dans leur intégralité, mais cela aurait relevé d’un vrai travail journalistique.

Enfin, le différé de diffusion du discours de Donald Trump sur la RTBF, qualifié par le Figaro de censure, n’est pas une censure mais une décision éditoriale de longue date. Le principe du « cordon sanitaire médiatique » est une pratique reconnue et encadrée légalement en Belgique. Elle a consisté, dans ce cas, à diffuser avec un léger différé certains propos jugés dangereux ou incitant à la haine, comme ceux tenus par Donald Trump à plusieurs reprises.

Cette pratique, appliquée depuis longtemps par la RTBF, permet d'analyser le contenu avant sa diffusion en direct, afin de garantir que des propos racistes ou discriminatoires ne soient pas banalisés. Cette démarche n'a pas pour but de censurer, mais de protéger l'espace public des discours nuisibles, en accord avec les valeurs démocratiques et la déontologie journalistique. Ainsi, loin d'une presse muselée, la Belgique dispose d'une presse libre, mais responsable, qui veille à l'intégrité des discours diffusés. 

La laïcité en Belgique : une incompréhension du contexte et une différence avec la loi française

Le dossier du Figaro interroge enfin la question de la laïcité sans le remettre en perspectives des lois du pays. Les auteures lisent la situation belge au regard de la loi française. Or la laïcité belge diffère de la laïcité française et il est nécessaire de comprendre cette distinction pour saisir pleinement les enjeux. Contrairement à la France, où la séparation de l'Église et de l'État est stricte, la Belgique adopte un régime de séparation plus souple. L'État belge n'est pas un État laïque au sens strict, mais un État neutre qui reconnaît et finance divers cultes et philosophies. Cette neutralité vise à assurer l'égalité et la liberté des citoyens, sans distinction de religion ou de conviction.

La Constitution belge, depuis sa révision de 1993, prévoit le financement des cultes et des organisations laïques, ce qui marque une différence importante avec la France, où aucun culte n’est financé par l’État. En Belgique, l'État finance six cultes reconnus (catholique, protestant, orthodoxe, anglican, israélite et islamique) ainsi que les organisations laïques qui prônent une morale non confessionnelle. Cela inclut le financement des ministres des cultes, des délégués des organisations laïques, des professeurs de religion, et des cours confessionnels dans les écoles, même si ce dernier point suscite des débats.

Pour conclure, quelques recommandations et réflexions

Dans un contexte où la scène politique  internationale est plus fragmentée que jamais, il est crucial de se poser la question de la responsabilité des médias, des partis politiques et des acteurs publics face aux attaques diffamatoires et aux manipulations médiatiques. L’article récemment publié par Le Figaro Magazine, qui s’attaque à plusieurs figures politiques belges soulève de nombreuses questions quant à l’intégrité du discours public. Face à ce genre de situation, plusieurs actions peuvent être entreprises pour préserver la vérité, la confiance des citoyens et l’équilibre démocratique.

  • Le rôle des médias : dénoncer les contradictions et les fabulations. Il est primordial que le Figaro Magazine soit mis face à ses propres contradictions et fabulations. Ce n’est pas seulement une question d’image, mais de respect de la vérité. Les propos erronés et les interprétations malhonnêtes ou manipulatrices sont non seulement nuisibles pour les individus visés, mais aussi pour la perception générale du système politique belge. Un média de cette envergure a la responsabilité de s’assurer de la véracité des informations qu’il diffuse. C’est une question de déontologie journalistique. 
  • La nécessité de la défense publique des partis politiques visés. Face à cette campagne de dénigrement, il est essentiel que les partis écologiste (Ecolo) et socialiste (PS) prennent la parole et se défendent. Ces partis, largement visés par des attaques diffamatoires, devraient réagir par  des déclarations officielles. Ces déclarations ne doivent pas seulement réfuter les mensonges, mais aussi affirmer haut et fort les valeurs qu’ils défendent, leur engagement pour la justice sociale et l’égalité. Il s’agit là aussi de restaurer la crédibilité des institutions politiques et de protéger l’intégrité du débat démocratique. Les partis doivent rappeler l’importance de défendre la vérité et la transparence, ainsi que de rappeler au public que ces accusations ne sont que le fruit d’une manipulation orchestrée pour semer la division et la confusion.
  • Dissociation claire du MR face à l’islamophobie implicite. Une autre action nécessaire concerne le MR (Parti belge Mouvement Réformateur), qui doit se dissocier publiquement des propos islamophobes auxquels il est indirectement associé dans l’article du Figaro Magazine. Il est crucial que ce parti envoie un message clair et fort contre toute forme de discrimination, en particulier l’islamophobie, et qu’il marque une distinction nette entre ses positions politiques et celles de certains individus qui se laissent aller à de telles dérives. L’islamophobie ne doit pas être tolérée sous aucune forme, et le MR se doit de prendre ses responsabilités face à cette problématique. Il en va de la crédibilité du parti, mais aussi de l’avenir du vivre-ensemble dans une société belge de plus en plus diversifiée.
  • L’impact des mensonges médiatiques sur la perception des citoyens. Il ne faut pas sous-estimer l’impact des articles diffamatoires sur la perception des citoyens à l’égard des institutions politiques. Chaque fois qu’un média publie de telles fausses informations, il fragilise la confiance du public dans le système politique et crée une atmosphère de méfiance qui peut affecter la participation citoyenne. Les Belges sont de plus en plus désillusionnés par la politique, et ces articles ne font qu’alimenter ce cynisme. Il est donc crucial de prendre des mesures pour corriger ces erreurs et rétablir une image de transparence et de respect dans le discours public. Cela passe par une vigilance accrue, des dénonciations systématiques des mensonges et des manipulations, ainsi que par une sensibilisation constante du public à ces enjeux.

Sources

  • https://www.sudinfo.be/art/1580627/article/2016-05-24/781887-musulmans-vivent-en-belgique-decouvrez-la-carte-commune-par-commune
  • https://www.cathobel.be/2023/07/50-des-habitants-de-belgique-se-considerent-encore-comme-catholiques/#:~:text=Plus%20d'un%20million%20de,5.328.644%20non%2Dpratiquants. 
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Sharia4Belgium
    Derniers programmes d’Ecolo, PS et LFI
  • https://www.rtbf.be/article/le-ptb-est-il-d-extreme-gauche-11462265 
  • https://www.ciep.be/images/BoiteAOutils/FichePedagEspeluette/F.Ped.Esper66.pdf
  • https://www.lalibre.be/belgique/politique-belge/2025/02/04/conflit-israelo-palestinien-bruxelles-soutient-une-resolution-qui-demande-des-sanctions-a-legard-disrael-EJY4QG42JRC2LFS7N2RN43PKYI/ 
  • https://reporterre.net/Apres-les-elections-quel-avenir-pour-l-ecologie-en-Europe 
  • https://www.rtbf.be/article/les-constats-qui-font-qu-ecolo-n-arrive-plus-a-convaincre-les-electeurs-11451122 
  • https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/10/bruno-latour-l-ecologie-c-est-la-nouvelle-lutte-des-classes_6105547_3232.html
  • https://www.ritimo.org/Le-changement-climatique-et-la-lutte-des-classes
  • https://www.blast-info.fr/articles/2025/vers-une-lutte-des-classes-climatique-7i6eEkUKSueZ5--IroKdtA
  • https://www.philomag.com/articles/lecologie-sans-lutte-des-classes-cest-du-jardinage
  • https://laviedesidees.fr/L-ecologie-une-lutte-des-classes
  • https://www.novethic.fr/environnement/climat/lutte-classes-inegalites-climatiques-budget-carbone
  • https://up-magazine.info/livres/ecologie-ecologie-politique/131822-justice-climatique-pour-une-nouvelle-lutte-des-classes/
  • https://digital-strategy.ec.europa.eu/fr/policies/digital-services-act-package
  • https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32022R2065
  • https://bx1.be/dossiers/9juin-2024/jean-marc-nollet-et-rajae-maouane-demissionnent-de-leurs-postes-de-co-presidents-decolo/?theme=classic
  • https://ccieurope.org/rapport2023/ 
  • https://www.lepoint.fr/politique/lfi-recoit-la-branche-belge-du-collectif-contre-l-islamophobie-en-france-a-l-assemblee-12-03-2025-2584612_20.php
  • https://institutfederaldroitshumains.be/fr/liberte-de-la-presse-et-droits-humains
  • https://www.rtbf.be/article/charline-vanhoenacker-mise-sur-l-ironie-pour-son-discours-d-ouverture-de-la-ceremonie-des-magritte-11508063
  • https://www.rtbf.be/article/magritte-du-cinema-puissant-appel-au-cessez-le-feu-a-gaza-par-les-professionnels-du-cinema-belge-11341824
  • https://auvio.rtbf.be/media/les-magritte-du-cinema-le-discours-de-charline-vanhoenacker-3309943 
  • https://auvio.rtbf.be/media/les-magritte-du-cinema-appel-au-cessez-le-feu-a-gaza-pendant-les-magritte-2024-3167225 
  • https://www.rtbf.be/article/discours-de-donald-trump-en-differe-la-societe-des-journalistes-de-la-rtbf-reaffirme-l-independance-de-ses-choix-editoriaux-11494098
  • https://shs.cairn.info/revue-administration-et-education-2016-3-page-87?lang=fr

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