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Billet de blog 26 novembre 2018

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Carlos Ghosn et les Gilets Jaunes

Ou la chute du mythe du premier des premiers de cordée.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On pourrait difficilement taxer le Japon, et son administration fiscale, de connivence avec l’actualité contestataire française. Au moment où l’ultra riche PDG de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, met genou à terre, non pas par déférence envers l’Empereur du Japon, mais pour avoir été aux antipodes mêmes du message que véhicule (Renault ou pas) l’allégorie favorite du locataire de l’Élysée.

Ainsi, apprend-on grâce à l’article de Médiapar, outre la rémunération de 15 millions d’euro par an déjà connus, entre 30 et 60 millions d’euro d'un précieux bas de laine se seraient subrepticement éclipsés des radars fiscaux japonais. Il ne faudrait pas oublier non plus les nombreux appartements possédés par celui qui « le vaux bien ». À ce stade, on ne compte plus me direz-vous. Ghosn-San n’illustre-t-il pas l’idée selon laquelle : plus on a d’argent, moins on a envie de contribuer à la solidarité nationale. Moins on veut débourser pour les hôpitaux, les écoles, les routes, le chemins de fer, la police, l’armée, [ajoutez le service public que vous voulez]... qu’ils soient français ou japonais. Il est au dessus de ça !

Souvenons nous que le Président le plus mal élu de la Vème République, nous avait déclaré qu’en toute logique, grâce à la suppression de l’ISF, de la flat-taxe et du CICE, les premiers de cordées devaient si bien faire dégouliner les surplus de leurs petites économies, que ça devait produire tout plein de supers investissements dans l’économie réelle. Bien que les camouflages du bon Mr Ghosn ne datent pas de 2017, on voit bien que la logique et les prospectives de ce premier de cordée, étaient bel et bien de contribuer à l’investissement industriel du pays. On ne garde pas des sommes sidérales si bien planquées sous un gros matelas, pour soi-même mais bel et bien (bis) pour le bien de tous… Navrant !

Et il va de soit également que ce bon Carlos n’aurait occulté qu’une petite partie de ses revenus, seulement au fisc Japonais. Il est tout à fait impensable qu’il eut pu en faire de même en France ! D’ailleurs le bon Monsieur Bruno Le Maire l'a bien dit dans Marianne : "Il n'y a rien de particulier à signaler sur la situation fiscale de M. Ghosn en France". Alors si il a dit que non, c’est que c’est non ! Alors vous voyez bien ?

C’est en lisant cette histoire des plus passionnantes et révoltantes1 du premier des premiers de cordée français, que je me suis dit qu’effectivement, il y a bien un tout petit problème de justice fiscale et sociale et que le mouvement des Gilets Jaunes prenait tout son sens (pour peu qu’il n’en n’eut pas déjà un bien réel sans cette affaire…). Quelle belle illustration et quel beau décodage nous a fait, bien malgré lui, le constructeur de la Clio5, à ceux qui continuent leur rhétorique s’appuyant sur leurs allégories des plus foireuses !

Les 1 % des plus riches n’ont strictement rien à faire des 99 % de Gilets Jaunes que compte la France.

Merci Mr Ghosn Carlos d’expliciter ainsi que les parasites d’une société ne sont certainement pas ceux qui, malgré eux, vivent des minimas sociaux, mais bel et bien ceux qui vivent au dépend de ceux qui vivent, malgré eux, des minimas sociaux ! (et tous les autres gilets jaunes bien entendu).

Merci Carlos, vraiment merci d’avoir donné raison au combat des Gilets Jaunes. Puissiez-vous être un exemple pour tous les autres premiers de cordée ; puissiez-vous être l’inspiration de celui qui vous adulait tant et qui aujourd’hui ne veut pas changer de cap. Car tout comme la fable du premier de cordée était frauduleuse, aucun de vous ne tire réellement la société, les travailleurs et les services publics vers le haut - ce sont ceux qui produisent réellement les richesses qui le font , en l’occurrence les Gilets Jaunes - celle du cap à maintenir inexorablement malgré un coup de vent l’est tout autant. L’usage absurde de ces métaphores montre bien l’ignorance de ceux qui les utilisent, face à la réalité de ceux qui pratiquent réellement qui l’alpinisme, qui la navigation à voile. Car en bateau si vous pouvez garder le cap en fonction du vent, méfiez vous du grain qui risquerait bien de vous faire dessaler !

Les Gilets Jaunes sont votre mauvais temps! Puissent ceux qui tiennent la barre suivre le bon sens des 99 % !

1 terme tout à fait adapté à la situation française

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