critique du premier numéro du nouveau magazine HUM.AI.NE – Automne 2025
HUM.AI.NE – Automne 2025 : penser avec les machines, habiter le vivant
Une revue pour une époque de vertige
HUM.AI.NE s’ouvre comme un manifeste : celui d’un humanisme lucide face au bouleversement technologique. Dès l’édito de Morgane Soulier, un ton se pose : refuser la fascination, refuser aussi la peur. L’IA n’y est pas une menace ni une promesse, mais une occasion de redéfinir ce que “penser” veut dire.
Cette posture est précieuse dans le paysage médiatique : au lieu de spéculer sur les risques ou les miracles, le magazine tente de penser depuis la relation, depuis le lieu où l’humain et la machine se rencontrent dans le réel vécu.
“Penser, c’est hésiter, ressentir, choisir.”
— Morgane Soulier, édito
Autrement dit : penser, c’est une expérience, pas une performance.
Ce que “penser” veut dire : la matière vivante de l’intelligence
Le cœur du numéro explore la distinction entre “calculer” et “penser”. L’article central, « L’IA ne pense pas, et alors ? », formule une hypothèse courageuse : l’intelligence humaine n’est pas définie par sa puissance logique, mais par sa sensibilité, c’est-à-dire sa capacité à être affectée, à douter, à transformer l’incertitude en sens.
L’entretien avec Fanny Nusbaum approfondit ce point avec une rigueur incarnée : penser, c’est une boucle vivante entre prédiction, action, ressenti et ajustement.
La pensée devient alors un processus relationnel, un dialogue constant entre le corps, l’environnement et le monde intérieur.
Ce regard dissout les vieux dualismes : l’intelligence n’est pas une propriété de la matière grise, mais une forme d’ajustement au réel. En cela, HUM.AI.NE propose une vision profondément écologique de la pensée : penser, c’est s’intégrer.
Entre technique et sens : l’appel à une nouvelle alliance
Partout dans le magazine, on sent la tension fertile entre technologie et intériorité. L’IA y apparaît non comme un outil de domination, mais comme un miroir amplificateur : elle révèle nos biais, nos automatismes, notre besoin d’émerveillement.
L’enjeu n’est plus de savoir si la machine peut penser, mais comment elle nous oblige à redéfinir notre rapport à la conscience, à la créativité, à la responsabilité.
Cette approche est rare : elle ne sacralise pas l’humain, elle ne diabolise pas la machine. Elle appelle à une cohabitation consciente , une alliance plutôt qu’une compétition.
“L’IA nous oblige à redevenir attentifs.”
— HUM.AI.NE, dossier principal
La machine ne prend pas la place du vivant : elle nous renvoie à notre manière de vivre.
Agrandissement : Illustration 1
Une esthétique de l’émergence
Les images générées par IA sont ici plus qu’un décor. Elles traduisent visuellement l’intuition centrale du magazine : que le sens émerge du dialogue entre l’ordre et le chaos, entre le calcul et la surprise.
Ces formes hybrides — entre biologie et algorithmie — donnent à voir ce que les mots essaient de dire : une pensée en métamorphose. C’est une manière de rendre la technologie à sa dimension poétique, de rappeler que le code aussi peut devenir symbole, texture, matière sensible.
Limites et promesses
HUM.AI.NE réussit une chose rare : parler d’intelligence artificielle sans réduire ni l’intelligence ni l’artificiel.
Mais on sent parfois une prudence : la crainte de trop humaniser la machine, ou de trop dématérialiser la pensée humaine. Ce juste milieu, bien qu’équilibré, laisse parfois le lecteur désirer un pas de plus vers une pensée vraiment systémique, où les frontières entre le biologique, le symbolique et le technique cesseraient d’être hiérarchisées.
Ce pas-là reste à faire : penser non seulement avec les machines, mais à travers elles ; les comprendre comme des milieux relationnels où la conscience du monde s’élargit.
Conclusion
HUM.AI.NE n’est pas une revue sur la technologie. C’est un atelier de lucidité, un espace de réconciliation entre la pensée et la matière, entre la raison et le souffle.
Chaque page cherche à réinventer la place de l’humain non comme centre, mais comme nœud vivant de relations.
C’est un magazine qui ne parle pas d’IA, au fond : il parle de nous, et de notre capacité à rester sensibles dans un monde de calculs.
Lien : Magazine HUM.AI.NE
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article co-signé avec l’IA - ECASIA (https://chat.ecasia.online)