François Fillon au photovoltaïque : dégageet crève !
La messe est dite. Le projet de modification du cadre règlementaire duphotovoltaïque a été présenté Mercredi 23 février par le Premier Ministre. Iln’attend plus que les avis de deux autorités « indépendantes »[1]. Toutes (!) les propositions issues de la concertation Charpin/Trink sontignorées. Le moratoire n’aura été qu’un leurre. Stratégie assassine.
Les acteurs de la filière -surtout de jeunes PME- en restent pantois,médusés d’imaginer qu’on pouvait faire encorepire dans la négation des énergies renouvelables.
25.000 emplois sont en jeu. Mais vous avez décidé de les saborder, enpleine crise mondiale, sur l’autel du « tout nucléaire ». On pourraitse permettre une morbide allégorie alors qu’une vague de suicides chez AREVAest mise à jour[2] : on se tue seul dans le nucléaire étatique[3] mais il faut organiser la tuerie dans le photovoltaïque.
Combien regrettons-nous de ne pas être au niveau des « têtesd’œuf » de la technostructure pour comprendre les 12 (sic) nouveauxsegments de tarifs que le gouvernement impose pour « clarifier »(re-sic) le processus règlementaire et « assurer » (re-re-sic) ledéveloppement d’une filière compétitive à l’international. Nos concurrents segaussent, tant les « succès » commerciaux du nucléaire français sontpatents[4].
A part un esprit arbitraire, obsolète, jacobin et aveugle, qui peut comprendrequ’en imposant une cible de 500 MW/an (en Allemagne, 10 fois plus), avec unnouvelle baisse de 20% des tarifs (déjà 22% en 2010) et des baissestrimestrielles pouvant aller jusqu’à 10%[5], notre pays serait capable de développer une industrie. Comment comprendrequ’en organisant la baisse mécanique du chiffre d’affaires de la filière, laFrance va devenir un champion mondial ? Il n’y a pas meilleure façond’ouvrir un boulevard aux Chinois et aux « spéculateurs » dont lepremier d’entre eux est… EDF.
Nation berceau du photovoltaïque[6], la France enterre son enfant. Notre pays rejette une industrie d’avenirpour une industrie du passé (le nucléaire).
Qui peut accepter que pour tout projet de plus de 100 kilowatts(l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 66 citoyens…), onimpose une lourde procédure d’appels d’offres[7] qui n’a jamais démontré son efficacité et qui fait le beurre desgrands groupes en laminant les PME ?
Vous avez la chance d’être épaulé (Inch Allah, c’est d’époque) par ungouvernement de godillots incompétents et de parlementaires complètementdésemparés par le mitraillage réglementaire qui fait tourner toutes les têtesdepuis un an. Jean-Louis Borloo nous avait promis la stabilité. Nous avonspire : l'inconstance, l’hypocrisie, la tartuferie et le mépris.
M. Fillon, vous menez une politique énergétique mortifère en mentant aupeuple et aux créateurs d’emplois qui ont cru au Grenelle de l’Environnement.Vous avalisez que le « galaxie » EDF vampirise le marché. Vousdétruisez de la valeur économique et créez délibérément du chômage. Unehonte mais un cas d’école pour nos enfants, pour nos étudiants, pour ceuxqui ont investi leurs économies pour monter une « petite boite ». Défautde vision, rupture de la parole engagée, petitesse de conviction et cynismepolitique… c’est ce qu’on appelle une éblouissante « politiqueindustrielle ».
A très bientôt, dans les urnes.
Benoit Praderie & François Dauphin, chefsd’entreprises dans le solaire photovoltaïque, 28/02/2011
Voir aussi collectif « touche pas à monpanneau solaire » (http://tpamps.fr)
[1]Conseil Supérieur de l’Energie et Commission de Régulation de l’Energie
[2]Le Monde, 23/2/2011
[3]L’Etat possède en direct ou via le CEA, EDF ou la Caisse des Dépôts &Consignation, près de 93% du capital d’Areva.
[4]Doublement du prix de l’EPR (Olkiluoto en Finlande et Flamanville dans laManche). Echec contre les Coréens à Abu Dhabi.
[5]Soit une baisse pouvant aller jusqu’à 35% par an !
[6]En 1839, Edmond Becquerel découvre l’effet photovoltaïque.
[7]… qui sera gérée par des fonctionnaires pro-nucléaires.