Aux 3 secretaires nationaux du PS (environnement, industrie, energie) : Laurence Rossignol, Guillaume Bachelay, Aurelie Filippetti.
(Courriel du 6 avril 2011)
Bonsoir,
Le debat est majeur. Je viens de lire le Projet : quelle profonde deception !
1) Le Projet n'a pas voulu creer de schisme sur la politique energetique alors que c'est le moment !
On voit bien que Fukushima constitue un marqueur mais le projet PS fait du blah-blah, ne s'arretant qu'a un constat de difference du statut du gestionnaire des centrales nucleaires : (i) d'un cote le service public francais, donc "unique au monde", donc fier "des annees du succes techniques et economique" (succes economiques ?... Lesquels ? Les chiffres ?) et de l'autre, (ii) le prive "a la japonaise" (ou en general) donc la catastrophe. Soit. Pour beaucoup cependant, vraiment beaucoup d'entres nous, c'est du meme acabit que les declarations de la pedegere d'Areva qq jours apres le tsunami : "si les japonais avait eut l'EPR, tout cela ne serait pas arrive". Elle n'avait pas imagine que tout le monde comprendrait en creux : "mais alors, en France, nous avons 58 reacteurs qui ne sont pas des EPR... ?". On pourrait ainsi, lire dans le projet PS que le nucleaire est ok s'il est gere par la puissance publique. Mais c'est oublier -a nouveau ?- que les impacts d'un accident franchissent les frontieres et que cela ne peut donc s'imaginer que dans un cadre international (et certainement pas au seul niveau europeen). Comment faire ? En combien de temps ? Deuxiemement, c'est oublier aussi que le "service publique a la francaise" n'a jamais su/pu/voulu developper les ENR. On peut s'interroger sur la pertinence de la strategie nationale a l'heure de Fukushima, a l'heure de la toute puissance de l'Allemagne dans ce secteur clef, du XXIe siecle ?
2) Pourquoi la Premiere Secretaire dit "sortir du tout nucleaire" et pas le Projet ?
Le projet parle d'un re-equilibrage et d'un developpement des ENR (ok tous approuvent), mais sans aucune annonce marquante, sans rebondir sur l'actualite par des idees mediatiquement fortes (voir precedents courriels sur ma proposition de demander l'abrogation du decret du 5 mars sur le photovoltaique).
3) Sortir du nucleaire (ou du tout nucleaire) se traduira par un boom economique
Ce n'est pas une incantation, ni un scenario : c'est ce que l'on constate. Avec un agenda pragmatique sur 20 ans, que ce soit par les chantiers de deconstruction/decommissionnement ou par le developpement d'energies remplacantes (ENR), on va creer des centaines de milliers d'emplois. L'Allemagne le fait (et il n'etait pas encore loin le temps ou Siemens etait un champion du nucleaire). C'est une question d'objectifs a long terme annonces. Le Projet annonce des chiffres precis de creation d'emplois, de fiscallite, etc. mais rien sur l'energie !? L'Allemagne de Merkel (une écolo ?) dit "on developpera 70.000 MW solaire PV" d'ici a 2020 et en France, on reste scotche sur l'objectif du Grenelle ? Le silence du Projet sur ce sujet est tout simplement assourdissant. Pourtant, l'annonce est facile : 90% des francais sont pour plus d'ENR (voir sondages Ademe, entre autres).
Bref, on ne peut vouloir defendre les emplois, l'innovation, l'industrie... sans cela. On ne peut vouloir se rapprocher de l'Allemagne, en termes de politique industrielle, en oubliant ses succes (350.000 emplois crees en 15 ans dans les ENR / moins de 100.000 emplois dans le nucleaire francais). La France d'Areva/EDF n'arrive pas a exporter son EPR (ou essaye de le fourguer, comme un vendeur d'armes, a des pays comme la Lybie, l'Egypte, le Vietnam...). En Allemagne, des milliers de PME exportent partout dans le monde leurs savoir-faire dans l'eolien, le solaire, la biomasse, le biogaz, les energies marines...
4) Absence de sens face a la catastrophe de Fukushima
La souffrance du peuple japonais n'a de sens que si nous prenons conscience que cette energie pose probleme. Si nous agissons pour nous transformer, on donnera du sens a ce qu'ils vivent. Le nucleaire represente moins de 5% de l'energie consommee sur la planete (donc rien), mais il represente un emmerdement maximum pour tous (risques extremes ingerables, absence de democratie, probleme de gouvernance).
Dernier point, l'idee du grand debat sur la transition energetique au 2nd semestre 2012 est excellente. Mais d'ici la, la filiere PV sera morte ! Dans une industrie aussi dynamique au niveau mondial, se donner 18 mois, c'est perdre, ou se condamner a suivre, ou dependre de quelqu'un. Pour resumer le fond de ce propos : c'est une question de souveraineté nationale.
Cordialement
Benoit Praderie
DG, Soleil du Midi
President Planete Eolienne