Objet : ENR / objectifs UE 2020 / engagement de création de 50.000 emplois
Madame la ministre de l’écologie et de l’énergie,
Permettez-moi tout d’abord de vous féliciter pour votre nomination. Les filières énergies nouvelles & renouvelables (ENR) reconnaissent votre engagement de longue date et attendent beaucoup de vous. Vous héritez cependant d’une situation préoccupante : les énergies éolienne et solaire continuent de reculer en 2013, au grand dam de l’emploi[1] et de nos engagements européens.
Je dirige une TPE qui a résisté, après un plan de licenciement en avril 2011, à l’hécatombe du solaire suite au moratoire. Travaillant depuis 2008 sur des installations modestes bien adaptées aux petites communes du Midi, au lieu de 3 salariés nous devrions être plus de 20 ! Des centaines de sociétés comme la nôtre ont disparu ou n’ont pu croître. Un vrai gâchis !
En imposant un mécanisme de « punition » (appels d’offre aux conditions kafkaïennes et aux résultats contestés, quota annuel minimaliste, etc.) dont les premières victimes sont les PME, Bercy notamment, impose à toute la société française une absurdité : contraindre jusqu’à l’étouffement une des industries les plus indispensables du XXIème siècle.
Si l’emploi est la « priorité des priorités », comment justifier qu’ici, ce ne soit pas le cas ? A qui profite ce « crime » économique (car c’en est un) ? Où se situe l’intérêt général ?
Last but not least, le pays s’assoit ainsi sur ses engagements européens en matière d’électricité renouvelable car au rythme actuel, nous en serons loin. Notre crédibilité est mise à mal et nous devrons répondre un jour collectivement de cette apathie, à commencer dans les urnes fin mai.
Aussi, il faut rouvrir dès aujourd’hui les vannes de la filière solaire en fixant des objectifs de rattrapage : au moins 2.500 MWc/an[2]. Cela passe d’abord par la suppression des appels d’offre anti-PME et le rétablissement d’un tarif réglementé, seul instrument efficace reconnu par tous (cf. rapport de l’ONU en 2012[3]) quoiqu’en dise la Commission européenne. Cela passe aussi par toute une série de mesures d’accompagnement et de simplification administrative (voir en PJ le florilège de propositions faites il y a un an, le… 1er avril).
Est-ce à Bercy de construire la politique énergétique du pays, surtout quand la notion des coûts est préemptée à des fins diffamatoires[4] ou partisanes[5] ? Rappelons que les énergies renouvelables sont : (i) financées par les consommateurs et non par l’Etat, (ii) souhaitées par l’immense majorité de la population, (iii) l’un des 3 piliers de la transition énergétique et de l’objectif « facteur 4 ».
Nous vous faisons confiance pour comprendre ces enjeux. La profession n’aura alors, aucun mal à s’engager à créer d’ici à 2020, plus de 50.000 emplois. C’est un autre « pacte de responsabilité » qui est ici proposé.
Restant à votre disposition, je vous prie, Madame la Ministre, de bien vouloir accepter mes respectueuses salutations.
Benoit Praderie
06 7903 6250 / benoit@praderie.fr
Gérant d’une société ENR
Ancien administrateur du Syndicat des Energies Renouvelables, membre des syndicats France Energie Eolienne et Enerplan
Conseiller du Commerce Extérieur de la France
Président de la fédération d’associations Planète Eolienne
[1] Le Monde du 3 mars 2014
[2] Objectif réaliste, même s’il paraît modeste par rapport à nos voisins : l’Allemagne ou l’Italie ont chacun installé 6 à 7.000 MWc par an, ces dernières années !
[3] “Feed-in Tariff as a Policy Instrument for Promoting Renewable Energies and Green Economies”, 2012 (UNEP/PNUE)
[4] Par ex. : les acteurs sont tous des spéculateurs / c’est la faute aux Chinois…
[5] Par ex. : le solaire est trop cher / les ENR mettent en péril (sic !) l’industrie énergétique européenne…