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Billet de blog 12 août 2014

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Lettre (2) à Ségolène Royal, ministre de l'écologie et de l'énergie

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Toulouse, 12 août 2014

Objet : ENR / objectifs UE 2020 / engagement de création de 50.000 emplois

Réponse à votre courrier du 20/5/14

 Madame la ministre de l’écologie et de l’énergie,

 J’ai bien reçu votre réponse suite à mon courrier du 8 avril dernier et je vous en remercie. Vous m’avez répondu avant l’été que vous transmettiez au Directeur général de l’énergie et du climat… C’est une bien piètre réponse, face aux difficultés que toute PME du secteur doit affronter au quotidien.

Ce n’est pas le DGEC qui doit décider de la politique énergétique du pays mais vous.

Vous voulez créer de l’emploi et en même temps respecter nos engagements européens sans augmenter le prix de l’électricité. C’est une équation difficile que la DGEC ne saurait résoudre.

Une proposition : il faut changer de méthode et notamment de thermomètre (i.e. : la CSPE[1]) car celui-ci constitue de fait une habile subvention à EDF qui fausse tout le raisonnement. En continuant de comparer le coût des renouvelables au nucléaire « historique » sans tenir compte qu’elles « consomment » moins de réseaux, on plombera leur développement. La CSPE intègre en effet, une part « transport » très importante qui ne tient pas compte du fait que produire/consommer localement diminue son coût.

Or, seuls deux technologies (éolien et solaire photovoltaïque) peuvent aujourd’hui produire massivement et se substituer progressivement au nucléaire pour respecter l’objectif gouvernemental. Toutes les deux sont quasiment matures : l’éolien produit un kWh égal au nucléaire si l’on tient compte du coût du réseau et le photovoltaïque se rapproche de plus en plus de la parité réseau.

La généralisation envisagée des appels d’offres est donc une fausse bonne idée car :

-        elle fait l’impasse sur cette nécessaire remise à plat de l’outil CSPE ;

-        elle fragilisera, comme on le constate, les filières et les PME, moteur de la création d’emplois ;

-        elle acte l’abandon industriel de la France vis-à-vis de l’Allemagne car celle-ci a su faire prospérer depuis 15 ans et grâce à des tarifs d’achat un véritable « Mittelstand » de PME (450.000 emplois) ;

-        elle consacre l’abandon de nos engagements européens (celui des « 3 fois 20 ») car la France avec 13% fin 2013 est encore loin, très loin, de ses objectifs 2020 (23% d’électricité renouvelable).

Madame la ministre, à l’heur de la transition énergétique, « troisième révolution industrielle », la politique à mener n’est pas celle issue de la technostructure ou d’une doxa libérale qui nous minent dans les tréfonds du pays, mais celle d’un courage retrouvé et d’une vision nationale.

Les énergies renouvelables sont (i) énergies nationales, (ii) énergies de demain et (iii) emplois d’aujourd’hui. Sans refondation du calcul de la CSPE et sans abandon des appels d’offres, toute politique de développer massivement les ENR est vaine.

Je suis, comme d’autres, à votre disposition pour en discuter. 50.000 emplois (!) peuvent être créés avant 2020.

Veuillez recevoir, Madame la Ministre, mes respectueuses salutations.

Benoit Praderie

Gérant d’une société ENR

Président de la fédération d’associations « Planète Eolienne »


[1] Contribution au service public de l’électricité

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