La conférence « Paris Climat 2015 », ou dans le jargon onusien la « COP[1]21 », vise à sceller un accord universel pour limiter -c’est supérieurement vital- le réchauffement global en deçà de 2°C. Il devrait rentrer en vigueur en 2020.
Truisme qu’il est d’abord bon de rappeler : « 21 » signifie que l’on discute depuis 21 ans déjà et témoigne à quel point la tache reste immense pour les 20.000 délégués et observateurs des 195 pays de la planète attendus à Paris.
Le dernier rapport d’activité du GIEC[2] conclue ses 5.000 pages en disant que c’est « encore possible ». Et manifestement, François Hollande veut aussi y croire en déclarant sur France Inter le 5 janvier dernier que la COP21 serait un succès si les 3 conditions suivantes sont réunies :
- Signature d’un accord général contraignant incluant les 2 mastodontes (Chine & Etats-Unis) ;
- Instauration d’un prix du carbone et mise en place de financements innovants ;
- Concrétisation des 100 milliards de dollars du Fonds vert.
Prenons les choses à l’envers, tant il devient évident qu’il faut changer de paradigme.
La condition du Fonds vert est la plus facile. En effet, selon le GIEC, nous pouvons encore émettre 1.000 milliards de tonne de CO2 d’ici à 2050. Mais attention, nous (les pays développés) avons déjà émis 1.900 milliards de tonnes entre 1870 et 2011. Si nous devions acheter ces 1.900 milliards de tonnes de CO2 sur le marché européen du carbone (cours actuel moyen de 7$/tonne), il nous en couterait 13.300 milliards. On propose donc aux pays en voie de développement de racheter nos émissions passées pour 100 milliards au lieu de payer 13.300 milliards. C’est l’affaire du siècle pour l’enjeu du siècle !
Sur les financements innovants, le développement d’une monnaie numérique dédiée, récompensant les efforts, peut réussir là où les solutions classiques (fiscalité punitive, emprunts ou efforts budgétaires) ont échoué. Des initiatives, notamment françaises (e.g. : le « Compte épargne CO2 »[3]) ont déjà été mises en œuvre, dégageant un vaste espace pour l’innovation. En augmentant le pouvoir d’achat de ceux qui réduisent leurs émissions, elles laissent les citoyens, les entreprises et les collectivités libres d’agir à leur façon. On concilie ainsi croissance économique et lutte contre le changement climatique tout en faisant émerger un prix au carbone.
A partir de ce moment, il est permis d’espérer que la négociation sur un accord contraignant, pays par pays, puisse aboutir.
Faisons nôtre la formule de François Hollande sur l’antenne de France Inter : « La France est un pays d’engagement », à laquelle nous ajoutons « capable de réaliser des révolutions de portée universelle ».
Existe-t-il un meilleur moyen pour que l’unité nationale soit durable ?
Allez François, c’est possible !
[1] « Conference of Parties »
[2] Groupe des experts internationaux sur le climat, novembre 2014
[3] www.compteepargneCO2.com