Benoit PRADERIE

Abonné·e de Mediapart

37 Billets

0 Édition

Billet de blog 30 septembre 2014

Benoit PRADERIE

Abonné·e de Mediapart

Lettre ouverte à l’ami Mediapart. N’oublie pas notre futur: la transition écologique!

J’ai, comme 100.000 autres (?), vu avec gourmandise ton raout du 25 septembre. Bravo et merci. Tu as de quoi être fier de nous avoir réconciliés avec le journalisme, l’indépendance et la rigueur des écrits, la pugnacité et le modeste plaisir du travail bien fait.Mais, pour une « bande de trentenaires » qui fabrique, à notre plus grand profit citoyen, la révolution médiatique de ce début de siècle, il y a un truc qui cloche chez toi que je ne m’explique toujours pas.

Benoit PRADERIE

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’ai, comme 100.000 autres (?), vu avec gourmandise ton raout du 25 septembre. Bravo et merci. Tu as de quoi être fier de nous avoir réconciliés avec le journalisme, l’indépendance et la rigueur des écrits, la pugnacité et le modeste plaisir du travail bien fait.

Mais, pour une « bande de trentenaires » qui fabrique, à notre plus grand profit citoyen, la révolution médiatique de ce début de siècle, il y a un truc qui cloche chez toi que je ne m’explique toujours pas.

Edwy Plenel a rappelé lors de cette soirée que tu étais fondé sur 4 piliers : l’international, la politique, l’économie et la culture. Tu n’oublies rien ? Allons, réfléchis bien car c’est une question qui devrait tarauder les trentenaires… Un sujet planétaire, formalisé par quelques visionnaires –notamment féminins– lors d’un sommet à Rio en 1987. Un champ d’investigation qui englobe et bouleverse déjà toute notre vie. Un terreau fait de culture et de pédagogie citoyennes, de dynamisme économique, de conviction politique et d’enjeux internationaux. Une vague qui devrait nous emporter vers de plus vivables rivages…

Je parle de la transition écologique.

Les plus grands (sic) média « commercent » avec ce sujet de façon dilettante ou pécuniaire. Ils sont l’aimable et parfois pitoyable miroir aux atermoiements de gouvernements a-écologiques, à la merci des lobbies du passé (pétroliers, agro-industriels, nucléaires…) et relayés par d’affligeantes « énarchies ». Tu n’es certes, pas de ceux-ci, mais tu fais preuve de négligence coupable (à part une certaine Jade, quelque peu esseulée).

Comment toi, Mediapart, peux-tu passer à côté d’un tel changement de paradigme que notre société s’apprête à digérer ? Il ne s’agit pas, à l’évidence, d’un appel à une ligne politique tant la diversité des angles est vitale, tant le thème doit percoler. On ne réinvente pas en effet, une société en limitant le spectre de ses laudateurs.

Florilège de sujets liés à cette transition comportementale et sociotechnique. Le politique : obsolescence du logiciel PS, morgue de l’UMP, reculades européennes, pouvoir des oligopoles, mille-feuille administratif, « l’Etat nucléaire »[1], politiques d’innovation et de décentralisation, fiscalité CO2… Le social : précarité, éducation, mobilité, santé, emplois, migrations… La géostratégie : gouvernance mondiale, risques globaux du dérèglement climatique, gestion des réserves d’énergie, défenses nationale et européenne, relations Nord/Sud… L’économie : déficit énergétique et dépendance, corsetage des énergies renouvelables, rénovation thermique des bâtiments en panne, compteur orwellien « Linky », révolutions numériques, le peer-to-peer, stockage d’énergie, financement participatif…

Tu parlais « d’archipel » de tes futurs ce Jeudi 25 septembre. Ne crois-tu pas que tu pourrais devenir un des carrefours français (européens ?) de cette transition, de ce mouvement sociétal qui balayera bientôt toutes nos funestes habitudes, celles d’une société qui gaspille, inflige, maltraite et emprunte de façon éhontée aux générations futures ? Holà, de la rédaction, ne « crises-tu pas climatique »[2] ?

Marginalement, nous sommes des milliers (oserais-je dire des millions ?!) à penser que votre/notre influence grandirait, que de nouveaux lecteurs accourraient, que la fabuleuse idée percolerait dans nos territoires et ailleurs. Ouste les climato-sceptiques, les ténors du socialo-productivisme, les encalaminés du centralisme nucléarisé, les thuriféraires de l’agro-business ! Ce ne sont pas/plus vos lecteurs.

Car la transition écologique n’est pas un sujet technique ni à l’égal des autres : c’est la « 3ème révolution industrielle[3] », une dynamique de sortie de crise, un nouveau monde qu’il s’agit d’inventer.  Qui d’autre que toi cumule autant d’atouts pour en être la plume ?

Une ultime remarque : je n’ai jamais parlé de gauche ou de droite. On vous préfère d’un côté plutôt que de l’autre mais la transition énergétique ratisse large. Tu dois devenir fécond en décalages, en audaces, en latéralité, en insolences pour nous sortir des pensées uniques qui nous dépriment. En bref, de l’aplomb, du cran et des tripes ! Nom d’une pipe, tout le monde le dit ! Sauf Hollande…

Hardi !


[1] Cf. livre de Corinne Lepage – Ed. Albin Michel

[2] Paraphrasant le dernier livre de Jade Lindgaard, « Je crise climatique… » – Ed. La Découverte.

[3] Convergence des technologies de la communication (Internet, satellites) et des énergies distribuées, renouvelables, propres et sûres. Après celles de la machine à vapeur et du pétrole/électricité. Cf. Jeremy Rifkin – Ed. Les Liens qui Libèrent)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.