Soissons, le 18/11/2019, 23h.
Un salarié de la SACPA de Beauvais se présente à la gendarmerie. Sa mission? Venir récupérer un chien. "Réquisition judiciaire, on ne peut rien vous dire de plus. Il est dans l'enclos là-bas".
Un enclos fermé, peu de lumière : le salarié doit s'éclairer à la lumière de son smartphone. S'aidant de sa perche, il capture le chien sans trop de problème et le ramène à la SACPA.
Le scan de la puce donnera une puce étrangère; pas d'information possible sur le propriétaire de ce chien noir.
Jeudi 21/11/2019
3 jours après, Claire , bénévole au refuge Clara rejoint Albane, la directrice qui l'a prévenue du départ pour 1 mois en famille d'accueil de Ghost, un American Staff pour lequel elle s'était prise d'affection. La directrice lui a proposé de venir lui dire au revoir. Ce soir-là, la directrice est seule avec Clément Dusart, le vétérinaire. Une salariée est en congés, l'autre est en arrêt de travail, et le troisième en intervention. Albane sollicite l'aide de Claire pour le dernier chien à devoir passer chez le vétérinaire, ce même chien qu'ils sont allés chercher quelques jours plus tôt à Soissons. "Ceux qui me reprochent d'être encore là après 20h ne savent pas ce qu'est le bénévolat".
Tout se passe bien, Claire promène le chien sans aucun problème, séance promenade, câlins et friandises comme elle l'a déjà fait avec tant de chiens. Claire l'emmène alors chez le vétérinaire. Arrivés dans le cabinet, le chien saute alors à la poitrine de la bénévole. Claire repousse le chien avec un "Non" ferme; les crocs du chien lui rippent sur l'avant-bras. Et là...
Une attaque rapide et violente, sans signe précurseur
C'est à ce moment-là que le chien commence à mordre le mollet de Claire. "Il me mordait et quand il lâchait, c'était pour remordre immédiatement". "Ces morsures, je les porterai toute ma vie; il en reste encore 5 de visible. Il y a eu perte de matière". Certains s'alarment que le vétérinaire ait frappé le chien avec une chaise : "Oui , Clément (Dusart, le vétérinaire) a dû frapper Curtis avec une chaise, mais il faut comprendre que c'était impossible de le faire arrêter de mordre".
"Quant j'étais avec la directrice, je m'inquiétais pour Clément. Mais elle m'a dit qu'il avait injecté des calmants au chien. Et Clément m'a dit ensuite que le chien était redevenu très calme et tout content, une fois qu'il m'avait lâché. On l'a mis immédiatement en box mordeur."
"Je ne voulais pas aller me faire soigner, je pensais à mon fils qui m'attendait. Mais c'était nécessaire, surtout quand ils ont découpé mon pantalon et qu'ils ont constaté les lésions."
L'identité du chien
Après près d'une nuit aux urgences d'Amiens, et 12 points de suture et une bonne dose de morphine, Claire échange avec la directrice du refuge 2 jours après : " J'ai des informations. Tu as suivi l'affaire Elisa Pilarski, la femme décédée en forêt? Le chien, c'est son chien, c'est Curtis...". Pour Claire, à ce moment-là, une évidence se dessine; c'est Curtis qui a tué Elisa.
La bénévole ne fustige pas pour autant Curtis: "J'ai demandé à des comportementalistes ce que j'avais pu mal faire; ils m'ont répondu qu'avec un chien éduqué au mordant, il ne faut pas dire non. Le chien le ressent comme de la frustration." Elle regrette que les gendarmes n'aient pas donné plus d'informations concernant Curtis.
"Les victimes, ce sont d'abord Elisa et son bébé; puis moi. Mais je considère aussi que Curtis est une victime. Le responsable, c'est son maître."
En dehors du retentissement physique, cette attaque a eu aussi un retentissement psychologique : "J'ai été arrêtée pendant 2 mois, j'ai repris le 24 janvier. Mais j'ai eu beaucoup de mal avec les chiens; même avec les chiens de mes parents que je connais depuis bébés. J'ai été voir Ghost dans sa famille d'accueil avec un comportementaliste; pour qu'il ne ressente pas ma peur. J'en avais besoin, comme thérapie, pour avancer. " Un retentissement mis en doute par certains sous couvert d'une capture d'une conversation avec le frère de la bénévole : "Ils n'ont que ça à faire? Oui, j'essaie d'en plaisanter. Mais c'est moi qui me suis faite mordre , pas eux!"
Le déni (violent) des pro Curtis
Lorsque que le rapport des experts sort dans la presse, le nom de la bénévole est affiché , et commence à circuler; notamment parmi les partisans de Curtis. Des conséquences ? "J'ai reçu des menaces de mort; la PJ de Creil m'a conseillée de déposer des mains courantes."
Une situation qu'elle ne comprend pas : "mais que leur faut-il ? Moi, je sais que j'ai été mordue. Et la justice leur apporte des preuves; pourquoi cela ne leur suffit pas? Le SMS ne veut rien dire pour eux ? (NDLR : le SMS envoyé par Christophe Ellul à Elisa Pilarski à 13h45 le 16/11/2019 "je le fais piquer")".
"Combien de chiens se font euthanasier tous les jours? Pourquoi vouloir absolument sauver ce chien spécifiquement? Même sans tenir compte d'Elisa, avec ce qu'il m'a fait, n'importe quel autre chien serait euthanasié dans la semaine !"
"Je suis contre la chasse à courre. Vraiment, je déteste ça. Mais ils n'y sont pour rien!"
Des suites?
Claire a arrêté le bénévolat au sein du refuge. Elle ne se sent plus capable.
Dénigrée par Christophe Ellul et ses avocats , Me Alligné et Me Novion, Claire n'envisage pas pour autant de porter plainte : "Je veux laisser derrière moi; mais je pense à la famille d'Elisa, à sa maman, à ce petit-fils qu'elle ne verra jamais. Comment Christophe Ellul peut-il leur faire ça s'il aimait réellement Elisa?".