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Billet de blog 1 décembre 2013

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Le Sursaut et l’Impératif Démocratique !

Au cours d’un débat récent, alors que nous discutions de certaines propositions tendant à rétablir, si ce n’est l’affection du citoyen, au moins sa confiance, un camarade s’est exclamé qu’à « situation exceptionnelle il fallait des mesures exceptionnelles ».En quoi la situation démocratique serait elle exceptionnelle ?

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Au cours d’un débat récent, alors que nous discutions de certaines propositions tendant à rétablir, si ce n’est l’affection du citoyen, au moins sa confiance, un camarade s’est exclamé qu’à « situation exceptionnelle il fallait des mesures exceptionnelles ».

En quoi la situation démocratique serait elle exceptionnelle ? Cette question taraude les exécutifs politiques et les obligent à une introspection qu’ils vivent (à juste titre) comme une remise en cause. La Vème République est ainsi faîte que le pouvoir réel se concentre, non pas au niveau des institutions, mais plutôt en amont dans les bureaux politiques locaux, régionaux et nationaux des différents partis.

On peut partir de deux analyses diamétralement opposées pour réfléchir sur les raisons de la crise démocratique actuelle :

-          Le premier postulat voudrait que cette crise soit l’aboutissement d’un vague ressentiment quasi nihiliste de la part des citoyens embourbés dans un quotidien brutal et un avenir incertain. Une espèce de dépression psycho-démocratique qui disparaîtra dès que « les beaux jours économiques » reviendront.

-          La deuxième hypothèse prend le parti d’inverser l’angle de vue pour remettre à plat l’ensemble des mécanismes de verrouillage politique et  prétend ainsi démontrer que le citoyen, s’il a sa part de responsabilité dans le marasme actuel, n’est qu’au bout de la chaîne de responsabilités qui conduisent à cette défiance, à l’abstentionnisme de masse et à un profond désenchantement politique.

Avec mes camarades du « Sursaut » je fais partie de celles et ceux qui ne veulent pas se voiler la face et je récuse avec force la première position. Qui, si elle a l’immense mérite de rassurer les responsables politiques et de les laisser se lover confortablement dans le velours de leurs certitudes, a pour énorme inconvénient de déconnecter un peu plus (si c’est encore possible) l’élu, l’institution, l’organisation politique du citoyen. Ce dernier se sentant légitimement confisqué de ses attributs et de ses prérogatives démocratiques finit par se résigner à l’indifférence, au mépris et s’enferme dans une froide colère qui annonce des explosions dévastatrices.   

Il est évident que ce que les gens demandent est couteux à plus d’un titre. Rien de plus et rien de moins qu’une Révolution démocratique, si possible non violente. Mais pour y parvenir il faudra que toutes celles et ceux qui détiennent les miettes d’un pouvoir atomisé et somme toute très relatif, se départissent de cette morgue gestionnaire qui caractérise une partie de notre représentation. Il faudra prendre de la hauteur et véritablement faire abstraction des calculs individuels, des logiques de  meutes ou de clans politiques pour dépasser les horizons bornés que des décennies de pratiques politiques foireuses ont établis comme un indépassable champ des possibles.

A l’approche des élections, les bonnes résolutions et les promesses d’exemplarité finissent invariablement, lors même que la clameur s’élève, par être remisées et renvoyées aux calendes grecques. Sacrifiées sur l’autel du pragmatisme et des logiques d’appareils. Mais j’en reviens au camarade du début qui parlait de circonstances exceptionnelles. Il est effarant de voir le décalage qu’il y a entre les attentes des citoyens et les tractations en cours ou à venir. Cet immense barnum est vécu comme une nouvelle tentative de confiscation démocratique. Les négociations de couloirs, les intrigues et les combinazzione ne peuvent plus être le cœur de nos pratiques politiques !

En cela « Le Sursaut » marque une véritable rupture dans la logique et dans la pratique :

La Démocratie participative n’est pas, pour nous, un gadget ou un « plan Com » de plus, elle est le fondement de notre engagement et nous tenons à ce que le programme que nous établissons pour les Municipales 2014 soit authentiquement issu de la plateforme collaborative que sont nos Assemblées Générales (La Fabrique). C’est la seule manière pour nous de « coller » aux demandes de nos concitoyens, car nous ne pensons pas que nous pouvons faire le bonheur du « peuple » malgré lui ! Mais c’est aussi et surtout une formidable source de « rafraîchissement » intellectuel et d’élargissement des perspectives. Nous croyons sincèrement en l’efficience de l’expertise citoyenne et nous ne validons pas le schéma classique de la tractation point par point entre organisations. Nous avons compris les limites de la méthode, et c’est cette manière de faire qui asphyxie l’imagination politique en ressassant systématiquement les mêmes analyses biaisées et les mêmes solutions erronées. C’est cette manière de faire qui conduit à la reconduction et à la reproduction congénitale du personnel politique, un entre soi décadent et débilitant !

Ce qu’il faut pour enrayer cette « malédiction » c’est assécher le nodule inflammatoire de la survie et de la perpétuation électorale. En cela, la proposition que nous faisons du Mandat Unique et Non renouvelable, n’est pas anecdotique e n’est pas une accroche publicitaire. Cette proposition est la pierre d’angle d’une approche novatrice du rôle de la représentation ! Un élu ne peut pas faire de propositions audacieuses s’il ne pense qu’a sa réélection. Un responsable ne peut faire que des choix à minima s’il est uniquement mû par les retombées électorales de ses faits et gestes. Il faut des “mandats de mission”, mission au sens “commando”. Oser porter les propositions électorales et se battre quel qu’en soit le coût pour sa carrière. Cela induit, en aval, tout une réflexion sur le statut de l’engagement (bénevol) et sur le statut de l’élu. Mais, l’histoire nous l’apprend, les demi mesures et les atermoiements ne servent à rien. On ne soigne pas un cancer à coup d’antitussif! En mai 1791 les députés de la Constituante avaient voté un décret promulguant leur inéligibilité à l’Assemblée Législative pour renouveler intégralement la représentation nationale! Nous n’en demandons pas tant, mais nous faisons du Mandat Unique et Non Renouvelable un préalable à toute discussion...Un Impératif Démocratique!

Marseille, le 1er Décembre 2013

Mohamed BENSAADA

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