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Billet de blog 17 juillet 2010

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La psychanalyse panée

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le débat Onfray Roudinesco est insoluble. Non pas parce qu'ils ont tous les deux raisons, comme dans les tragédies. Mais parce qu'ils ont tous les deux tort, comme dans les comédies. ça excite ceux qui sont pris dans le ressort dramatique. ça fait sourire ceux qui assistent au match.

Onfray a tort parce qu'il s'en tient à l'explicite. Mais qu'est-ce que ça peut faire que Freud ait couché avec sa belle soeur, ou pas ? Au moins 10 millions de français ont couché avec leur belle soeur, ça ne les a jamais empêché de faire leur boulot. Et si Churchill avait couché avec sa belle soeur, ça ne l'aurait sûrement pas empêché de gagner la guerre. Il veut prouver sa pauvre opinion, l'appuyer. Mais jamais il n'ose mettre le doigt sur le problème directement. Il plaint et méprise les misérables victimes de la secte, qui à leur tour prennent la peine d'expliquer que c'était bien, que ça les a sauvé de la souffrance paralysante, de la mort... La psychanalyse est une relation d'aide. Ceux que ça aide, ça les aide. Et ils sont nombreux. Pourquoi voulez-vous qu'ils vous disent, ça m'a coûté une maison et un conjoint, cette affaire. Puiqu'ils préféraient perdre ce conjoint et cette maison. Ensuite tous les populismes arrivent avec leurs trains de mensonges, c'est pour les riches, etc.

Non, ce qui mine la psychanalyse depuis l'origine, c'est la question du pouvoir. Elle en est obsessionnellement malade depuis toujours. Onfray l'entrevoit, et c'est sans doute ce qui fonde sa critique. Mais il ne peut pas l'attaquer sous cet angle. Il a peur que ça se voit.

Le conflit interne de la psychanalyse se situe sur l'axe du dogmatisme et du synchrétisme, c'est à dire sur la fidélité au père et sur l'appétit de l'oublier. Chacun croit qu'il est plus à même de prendre le pouvoir. L'un s'il adapte son prétendu savoir à la société, l'autre s'il dit où son savoir échappe à l'atroce société, fruit de l'inconscient. Autour ça frémit sec. Et si le pouvoir était là, et s'il était ici. L'important est que nul ne s'aperçoive que le sujet n'est que supposé savoir.

C'est pour cette raison que Roudinette s'embourbe. Le pouvoir est attaqué. c'est la panique. Roudinesco a paniqué. Pour elle le pouvoir magique de la psychanalyse tient au fait que sa complexité échappe systématiquement à l'acheteur de ficelles de conquêtes. Contrairement à la psychologie, la psychanalyse ne pourra pas se vendre comme technique de manipulation. La psychanalyse, c'est compliqué, donc c'est plutôt innacessible au commun des mortels, donc si je m'en tire avec ça, c'est du pouvoir. Quand on lui dit c'est du flan, elle panique. De plus elle a pris le courant dogmatique, c'est intellectuellement structurel chez elle. D'où son incapacité à critiquer hors mépris, la tendance américaine pragmatique et synchrétique, (créole, j'allais dire). En conséquences, les imbécilités de Onfray sont du pain béni pour elle.

Ils sont rigoureusement sur le même terrain.

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