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Billet de blog 24 mai 2018

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Quand nos anciens nous invitent à changer pour une Société plus vivante.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quelle place la personne âgée trouve-t-elle dans la Société, interroge le Comité consultatif national d’éthique dans sa note publiée le 16 mai. Le constat est sévère et révèle un rejet formulé par les termes de « séparation », de « ghettoïsation ».

Le Comité s’interroge sur principe de réduire l’espace d’une personne âgée à une « cellule monacale » et la concentration de personnes dépendantes sur un même lieu.

L’observation ne saurait être réduite aux seules personnes âgées ; la Nation ne cesse de créer des espaces séparatifs, pour les vieux, les handicapés, les jeunes, les pauvres et les riches. Les ségrégations, si elles ne sont pas des maltraitances, alors que sont-elles ?

 Naturellement, la maltraitance ne procède pas d’une volonté mais d’une attitude passive et peureuse conduisant au refus de l’autre. Les « cases » sont préférées aux espaces ouverts et créatifs de vie.

Dommage, les divergences, pour être des sons différents, sont des appels vers des accords qui, trouvés, suscitent une harmonie inattendue, souvent inespérée.

L’urbanisme plus inclusif s’impose. Il peut pour partie se décréter mais il doit répondre au désir d’un « faire ensemble » pour avoir tant de choses à partager.

Cette perspective de fraternité se heurte à un individualisme rampant, destructeur de l’idée de personne étouffée par l’individu. Edgar Morin dit que c’est seulement dans la tension entre l’autonomie et la dépendance, l’aptitude et l’insuffisance que naît la personne.

La mixité est un combat permanent ; elle est le traitement contre la maltraitance. Et pourtant l’on sait bien que les barbares arrivent quand l’acte de construire fait place à la diversité sociale, culturelle ou encore : je ne veux pas voir des personnes en fauteuil roulant, des handicapés...La barbarie, jamais étrangère à la maltraitance, est plus cachée, intériorisée que nous ne le pensons.

Dans le terme de «  cellule monacale » employé par le Comité d’éthique, il nous faut entendre la sagesse amicale des ‘vieux’ qui viennent nous dire : « ouvrez-vous à la différence, n’ayez pas peur, croyez à la vie ; notre souffrance n’est pas d’être âgés mais de nous sentir abandonnés, à part, comme le sont nos soignants ». Ne leur jetez surtout pas l’opprobre.

Ainsi, se font-ils les défenseurs de leurs soignants qui, dans ces espaces dits adaptés à la retraite subissent une forme de retrait. Oubliés, leur mission n’est même pas reconnue ou si peu. Quelle maltraitance !

Il faut en finir avec ce mal. Multiplions l’habitat intergénérationnel et l’EHPAD à domicile, moins pour maintenir que pour tenir à cette dimension du risque inhérent à la vie ; l’accueillir en le sécurisant, n’est-ce pas un signe de bienveillance ; il protège de la maltraitance.

Dans l’EHPAD il y a le H de l’habitat, de l’hôpital, de l’hospice, de l’hébergement, de l’hospitalité. Enterrons les H pour n’en garder qu’un seul, l’hospitalité, un seul mot pour dire le lieu où l’on reçoit et où l’on est reçu.

Bernard Devert
Mai 2018

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