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Billet de blog 17 août 2020

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Le démantèlement d’EDF : on n’a jamais été aussi près (et prêt)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a belle lurette qu’EDF n’et plus une entreprise publique mais une société internationale gérée selon les principes du capitalisme financier.

Le « groupe EDF » emploie environ 160 000 personnes, dont 130 000 en France. Le chiffre d’affaires est régulièrement en hausse soutenue (75 milliards d’euros).

Près de 20% du capital d’EDF est ouvert au privé. On est heureux d’apprendre que des enseignants retraités du Texas en possèdent une part. Modeste, certes. Au côté de fonds d’investissement canadiens, étasuniens et autres. Dans le même temps, EDF possède des parts importantes de société non françaises. Sans EDF, les Britanniques s’éclaireraient à la bougie. Tout comme les Belges, les Hongrois, les Italiens, les Polonais etc. EDF possède également des parts de nombreuses entreprises françaises, dont certaines n’ont strictement rien à voir avec l’électricité : Immob. Wagram Étoile, 100 % La Gérance Générale Foncière.

Pour résumer, EDF est moins une entreprise d’électricité qu’une entreprise financière, et elle dégage des profits conséquents. Il convient donc privatiser davantage une telle merveille.

Le gouvernement du banquier éborgneur a dans ses cartons un projet (« c’est notre projeeeeet ! ») baptisé Hercule (on est pas passé loin de Jupiter) visant à démanteler EDF pour la privatiser encore plus. EDF va être scindée en deux : d’un côté la production nucléaire et thermique détenue à 100% par l’État, de l’autre une société regroupantEnedis (la distribution), EDF Renouvelables, Dalkia (une filiale d’EDF), EDF en Outre-mer et en Corse, certaines activités internationales. Cette société, qui comptera 8 500 salariés, pourra être ouverte à la privatisation jusqu’à 35% du capital. Dans l’esprit du banquier, les barrages seront privatisés.

Le point commun des filiales privées c’est qu’elles sont toutes bénéficiaires. Signant avec l’État des contrats tous les quatre ans, elles savent où elles vont, en ne prenant aucun risque. C’est le cas d’Enedis (distribution) ou de Dalkia (chauffage urbain). Et aussi d’EDF Renouvelable, qui signe des contrats de 15 ans pour l’éolien ou de 20 ans pour le photovoltaïque. EFD peut aider le privé. C’est le cas de Total pour le gaz de Landivisiau qui perçoit une subvention sur 20 ans.

EDF n’a pas le monopole de l’électricité puisque des fournisseurs privés comme Leclerc fournissent une part  minoritaire du marché. Ils achètent l’électricité à EDF et proposent des prix légèrement moins chers que ceux d’EDF à la revente. Depuis Sarkozy, EDF doit céder à bas prix un quart de sa production nucléaire à ses concurrents. EDF service public assume des investissements lourds et à long terme pendant que les privés peuvent bénéficier de sa rente.

Aujourd’hui encore, le réseau électrique est fondé sur la solidarité. Ainsi, la région Rhône-Alpes produit plus d’électricité qu’elle n’en consomme. Contrairement à la Bretagne. La libéralisation rampante va mettre les régions en concurrence les unes avec les autres.

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