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Billet de blog 18 octobre 2013

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Joël Pothier, à la mine !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sur le site de Sauvons l’Université !, j’ai repéré cette prise de parole d’un collègue du nom de Joël Pothier, que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam :

Je vais me faire bien voir, mais je pense qu'il faudrait plutôt des diminutions de salaires pour ceux qui enseignent peu ou mal, et ne passent pas un minimum de temps à chercher…Et ce n'est pas de la provocation (ou à peine… ;-), car, AMHA, souvent on diminuerait alors le salaire de ceux qui ont des primes, justement.

Pour le reste, si on trouve qu'on est mal payé, on peut juste jeter un coup d'œil derrière soi. Au 9e échelon, un maitre de conf classe normale est quasiment dans le décile supérieur des salaires, vérifiez surhttp://www.inegalites.fr/spip.php?page=salaire (ne pas oublier de rajouter la MGEN à votre salaire net :-))

Et je ne parle pas des profs classe exceptionnelle qui finissent dans les 3% les mieux payés (5154€). C'est en effet exceptionnel ! (au moins pour ceux auxquels je pense :-).

On peut enfin se souvenir qu'on parle de personnes – nous – dont les longues études ont été payés par les impôts de leurs concitoyens, souvent moins payés… :-( (et ceci même si on a fait ses études en étant salarié à côté).

Augmenter le point d'indice ? Pourquoi pas, mais de manière inversement proportionnelle au salaire alors. Je n'ai toujours pas compris pourquoi certains auraient plus de besoins que d'autres...

Amicalement,

Joël

Je suggère à Joël Pothier de quitter l'Éducation Nationale et d’aller travailler comme mineur de fond au Lesotho. Lui qui aime tant regarder « derrière lui » regardera alors sous lui. Cesseront alors ses privilèges scandaleux et son sentiment de culpabilité.

Est-il besoin de rappeler que le MCF débutant (Bac + 8) est le meilleur rapport qualité prix de la Fonction publique, que si le salaire d'un prof en classe exceptionnelle est exceptionnel (en fait, il ne l'est pas, il y a beaucoup mieux dans la FP d'État), c'est que l'on est en présence d'un niveau de technicité exceptionnel, que l'écart entre les salaires des enseignants et les salaires ouvriers n'a cessé de se réduire depuis trente ans – en tirant vers le bas, bien entendu, que le métier d'universitaire est de plus en plus secondarisé, que les gens de mon âge appartiennent à la dernière génération qui aura connu une réelle liberté dans leur travail d'enseignant et de chercheur (pauvre Joël qui ne connaîtra pas cela, par sa faute !), qu'un EC qui ne veut pas couler est obligé de travailler 70 heures par semaine, en concurrence permanente avec ses collègues, sous l'œil de l'administration et des patronats locaux qui ont pris le pouvoir dans les établissements ?

Cette dégradation extraordinaire en si peu de temps n'a été possible que parce que les facs ont été investies par des dizaines de Joël qui acceptent tout.

Pauvres de nous !

PS : 17 présidents d'université viennent de lancer un appel à nos gouvernants pour dénoncer la situation budgétaire gravissime des établissements. Bravo à ces 17, mais que 17 ! Beaucoup de Joël Pothier chez les non-signataires. Par parenthèse, 4 parmi les 17 sont d'origine musulmane. Et 5 sont des femmes. Les choses bougent. Au niveau du symbole, pas de la misère.

http://bernard-gensane.over-blog.com

Joël Pothier m'é écrir ceci :

Je ne vous connais pas non plus, mais je viens de constater sur google que vous parliez de moi (ici, et aussi sur Mediapart). 
Je vous remercie de votre sollicitude pour ne m’envoyer qu'à la mine et pas au goulag. Vous ne me connaissez pas, comme vous le dites honnêtement, je vous précise que j'ai travaillé ailleurs qu'à l'université dans une vie antérieure, et que je connais un peu « le dessous » dont vous parlez (mais pas les mines du Lesotho quand même !).
Je voulais aussi vous préciser, à vous qui êtes aussi enseignant-chercheur, que lorsque vous « citez » une « prise de parole sur un site », il serait de bon aloi de la situer dans son contexte, et au moins ne pas la tronquer de son début. Surtout que dans le cas de figure, il ne s'agit pas d'une « prise de parole sur le site de SLU » mais d'un courriel envoyé à la liste SLU interne (liste privée limitée aux abonnés). Un peu cavalier comme méthode de tirer un message – tronqué - d'une liste à diffusion limitée, de ne rien indiquer de son contexte, et de vouloir envoyer son auteur à la mine, ne trouvez vous pas ? Aucun lecteur ne pourra donc prendre connaissance des courriels auquel celui-ci faisait réponse (car au contraire de vous, je ne publierai pas ces messages à diffusion restreinte aux abonnés).
J'informe donc vos lecteurs qu'il s'agissait d'une discussion sur les « primes » des enseignants-chercheurs (EC) contre lesquelles je m'insurgeais car elles concernent un travail que nous sommes tous censés faire : encadrer des thèses, faire de la recherche et de l’enseignement. Leur vraie justification, jamais dite, est de "récompenser" les affidés des cliques locales. Vous êtes peut-être pour ces primes qui s’ajoutent à des salaires qui sont loin d’être de misère comme je l’ai montré), c’est votre droit, quant à moi, je suis contre.
Evidemment, je ne renie absolument rien de ce que j'ai écrit dans ce courriel. Je remarque juste que vous extrayez mon courriel de son contexte, que vous le tronquez, et que donc votre commentaire mélange tout et parle d’autre chose, sans rien opposer à ce que j'affirme.
La culpabilité dont vous parlez m'est totalement étrangère (et je ne vois pas où vous la lisez, même dans mon texte extirpé de son contexte).
Je place au dessus de tout la liberté des enseignants-chercheurs (EC), au moins autant que vous, et sûrement plus à mon humble avis, car il semblerait que je sois un peu moins préoccupé - et moins urgemment - du côté « matériel » de la condition d’EC que vous. La liberté des EC est la condition de leur travail de recherche et d'enseignement, et pour cette raison, cette liberté est la cible principale des pouvoirs depuis les années 1980 (comme vous le dites aussi, il me semble).
J'ai néanmoins quand même un peu l'impression que vous avez le même sentiment que moi sur les « patronats locaux », ces « coulis d’EC administratifs » qui ont pris le pouvoir dans les universités. Néanmoins, sans vouloir vous froisser, je crois être un peu plus incisif que vous : où étaient ces 17 présidents, que vous citez avec respect, lors du combat de 2009 contre la LRU ? Ils se plaignent de ne plus avoir de fonds, mais distribuent toujours aussi largement les "primes d'excellence" à leurs affidés. Preuve qu’il y a encore de l'argent dans les facs - mais pas pour n’importe qui-, car ce « coulis administratif » préfère fermer les formations plutôt que d’arrêter de distribuer ces primes honteuses qui sont souvent équivalentes ou supérieures au salaire net d'une secrétaire, et dont le montant global est de l’ordre du déficit des universités. Si cela ne vous gène pas, c'est votre droit... moi, ça me donne la nausée.
Bien à vous,
Joël Pothier
PS: les collègues qui me connaissent riraient bien en lisant "les Joel Pothier qui acceptent tout". Je vais d'ailleurs leur indiquer votre post, tant il est rare de nos jours d'avoir l'occasion de sourire un peu :-)
PS2 : le début de mon courriel était : « D'accord avec le dernier mail de X… suppression des primes (et de la mise en concurrence) ! Car, enfin, il faudrait peut être dire que l'encadrement doctoral fait partie de notre métier, et qu'à ce titre, il ne mérite pas de prime !!! Ou alors, il faut dire que nous sommes payés pour ne rien faire de nos missions, et qu'un "enseignant" - "chercheur" contrairement à ce que son nom indique n'enseigne ni ne cherche, sauf si il a une prime de recherche et/ou d'enseignement !!! »
PS3: les commentaires sur votre blog de Mediapart sont fermés, mais si vous aviez l'obligeance de publier ce commentaire à la suite de votre article, cela permettrait à tous les lecteurs de prendre connaissance de mes opinions « in toto » (enfin, sur au moins sur ce sujet…). Je vous remercie d’avance.

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