S'il est un point commun à de nombreux individus, c'est la réaction d'aigreur que peut provoquer le sentiment d'être ostensiblement pris pour un crétin. C'est là, précisément, ce que ne peut manquer d'éprouver tout citoyen, à l'audition des fariboles proférées par le Pouvoir et les "zélus" lorsqu'ils s'expriment sur l'écologie.
Qu'on en juge plutôt.
Escorté du pétulant Nicolas Hulot, convoqué là entre une séance de kitesurf et un vol en hélicoptère, le président de la République a tenu à proclamer sa conversion aux impératifs de préservation de l'environnement, à l'approche de la conférence internationale sur le climat, à Paris, en Décembre 2015. «Nous devons entraîner le monde pour qu'il puisse adopter une déclaration pour les droits de l'humanité pour préserver la planète», a-t-il déclamé lors de ses vœux... "Non mais, allo quoi !?..."
Le 17 décembre 2014, le "très à gôôôche" Manuel Valls, premier ministre de Monsieur Hollande, avait affirmé que le projet d'aéroport de Notre Dame Des landes était "nécessaire pour le développement de Nantes et de son agglomération, et plus globalement celui de l'Ouest de la France et des deux régions les plus directement concernées: les Pays de la Loire et la Bretagne". Le 5 janvier, à peine quelques jours après l'annonce, à grands flonflons, de ses bonnes intentions climatiques et environnementales, rebelote : Monsieur Hollande affirme : " le projet [ d'aéroport à NDDL] sera lancé après l´épuisement des recours. " Ces propos contiennent un double aveu : contredisant effrontément ses déclarations de rentrée, Monsieur le président montre ainsi qu'il considère ses concitoyens comme des demeurés, tout en reconnaissant implicitement que la justice est à la botte, puisqu'il en annonce les décisions à l' avance.
Tel un serpent, le Pouvoir a la langue bifide. D'un côté, pour la galerie, il affirme son attachement à l'écologie, tandis que de l'autre, par des déclarations ponctuelles, et, surtout, par son action, il infirme ses beaux discours de la veille.
Il en va de même pour le reste du gouvernement. A tout seigneur tout honneur, évoquons ici Monsieur Vallini, ancien président du conseil général de l'Isère et actuel secrétaire d'Etat à la réforme territoriale. Dans un article choc publié par le Dauphiné Libéré, le suzerain bétonneur de l'Isère vitupère et déplore " des réglementations trop lourdes et des procédures trop longues qui permettent d’entraver des projets portés par des élus du suffrage universel ". A l'éternelle chanson des "zélus", il joint un autre refrain : il affirme qu'il est "en lien permanent avec sa collègue au gouvernement, Ségolène Royal, « qui connaît bien les Center Parcs puisque sa Région Poitou-Charentes participe financièrement à celui qui ouvrira au printemps prochain dans la Vienne>>". Manque de chance : sans feinte "bravitude", et peu désireuse de servir de caution à n'importe qui ou n'importe quoi, Dame Royal le recadre dans l'émission "Le Grand Jury" du 4 décembre. Petit florilège : "Ce projet, (celui du Center Parcs de Roybon), aurait dû être conduit autrement"." La commission d’enquête a émis un avis négatif pour 12 raisons... vous m’entendez... 12 raisons environnementales, l’enquête n’a pas été respectée, n’a pas été prise en considération". "le TA et la commission d’enquête (...) disent que la "loi sur l’eau" n’a pas été respectée". Répondant à la plainte de Vallini, qui s'estime brimé dans ses entreprises par la réglementation, elle ajoute : "Je suis bien placée pour ne pas accepter les accusations : << on ne peut plus construire en France>>," <<L’environnement est un frein en France>>." En d'autres termes : s'il y a le "chambard dans les Chambaran", c'est la faute du sieur Vallini et de la kyrielle de "zélus" qui le soutiennent bêtement dans sa pompe et ses œuvres.
Et il est vrai que le Conseil Général de l'Isère, toutes tendances confondues à l'exception notable des "Verts", plébiscite, aujourd'hui encore, et malgré l'enquête publique et les décisions de justice, le massacre de la forêt roybonnaise. Par ailleurs, le Conseil Régional, sous l'égide de Monsieur Queyranne, a refusé, le 12 décembre 2014, et par 87 conseillers contre 58, de réaffirmer le soutien de la région au projet. Mais les "zélus" de l'Isère, bardés de bleu-blanc-rouge et de rancœurs, poursuivent leurs imprécations à l'encontre des zadistes, exactement comme ceux du secteur de Notre Dame des Landes, qui, selon René Leblanc (*), conspuaient "les activistes radicaux qui justifiaient des déploiements massifs de forces de l'ordre", en novembre 2012.
Cette "fermeté" eut un résultat : en octobre, éclata le drame de Sivens. Il fut suivi, le 24 novembre, de cette déclaration de Dame Royal à l'assemblée nationale : « le projet doit se réaliser d’une manière ou d’une autre »...
Autant dire qu'en matière d'environnement, les "zélus" et le Pouvoir en France , c'est la cour du roi Pétaud : "On n'y respecte rien, chacun y parle haut". Comme au temps de Molière, Dame Pernelle n'y comprendrait goutte... Mais pendant ce temps là, ce sont plus de cent Grands Projets Inutiles, selon France Nature Environnement, qui s'apprêtent à ravager le territoire national. Et l'on ne peut que rester songeur, lorsque l'impayable Monsieur Vallini affirme que la France ne serait plus la France s'il ne pouvait plus la bétonner.
En décembre 2015 se tiendra, à Paris, la conférence internationale sur le climat et le réchauffement de la planète. Gageons que les "zélus", Monsieur Vallini en tête, auront à cœur de s'y faire admirer, parés d'une virginité environnementale toute de candeur et de lin biologique blanc.
On voudra bien pardonner ma vulgarité si j'affirme, en toute sincérité, qu'ils ne nous auront pas, avec leur "trompe couillon" écologique!
Bernard Kuntz
* : René Leblanc. Vol sur Notre Dame Des Landes. Ed. du Ronceray 2014.