En psychanalyse et selon Wikipédia, la forclusion serait « le rejet d'un signifiant (...) non seulement « oublié » mais perçu comme n'ayant jamais existé. Ce mécanisme mènerait donc au délire, au déni, etc.". Il serait, selon Lacan, un "mécanisme de défense spécifique à la psychose, et qui en serait l'origine.» Il semble bien, hélas, qu'un tel syndrome ait atteint 250 élus de l'Isère réunis en conclave à Saint Etienne de Saint Geoirs, le 8 Décembre, pour y célébrer le Center Parcs de Roybon, et frapper d'excommunication toute forme d'opposition à Pierre et Vacances.
Pour l'établir, commençons par le sermon courroucé de Monsieur le Président de la communauté de communes Bièvre Isère : "Notre démocratie est bafouée. (...) Notre intercommunalité est constituée de 71 élus. Sur ces 71, 69 ont voté pour le Center Parcs". "Ce n'est pas une minorité anarchisante qui a le monopole de l'environnement."
Poursuivons avec le prêche ulcéré du Président du Conseil Général de l'Isère,: "Les zadistes sont des anarchistes". "La démocratie est en danger". Et d'évoquer ... Mandrin(1), comme symbole de la résistance du Center Parcs contre lesdits "anarchistes" !
Achevons ce florilège avec Monsieur le Député de la 7ème circonscription de l'Isère, fulminant tel un inquisiteur propulsé à l'Assemblée Nationale: "Zadistes : doux diminutif d'anarchistes, qui, tentent par l'intimidation et la violence d'imposer à toute une région leur vision de la société de demain".
Rappelons à toute conscience non obscurcie par la cécité obsessionnelle, que, le 24 Juillet 2014, une enquête publique à laquelle 727 contributions écrites avaient apporté réponse, s'était achevée , à l'unanimité des enquêteurs, et par 60% d'opinions négatives, sur la conclusion qu'il fallait abandonner le projet. Les avis de tous les rapports scientifiques concordaient pour conclure à la nocivité de ce dernier. La dernière réunion publique avait rassemblé plus de 400 personnes à Roybon, et une écrasante majorité y avait contesté la création du Center Parcs. Rappelons aussi que le Conseil National de la Protection de la Nature, (CNPN, organe du ministère de l'environnement) avait, lui aussi et préalablement, condamné le projet.
Rappelons encore qu'une pétition atteint aujourd'hui 20 000 signatures contre le même Center Parcs, que les fédérations de pêche de toute la région sont vent debout contre sa création, que l'ensemble de la très sérieuse Fédération Rhône Alpes de Protection de la Nature (FRAPNA) vient, elle aussi, de déposer un recours auprès du tribunal administratif, que plusieurs conseils municipaux de la Drôme et de l'Isère ( 2) ont voté des délibérations hostiles au Center Parcs. Ajoutons à cela les représentants régionaux et nationaux d'EELV, le maire de Grenoble, Eric Piolle, le Front de Gauche, la Fédération Paysanne, l'union syndicale Solidaire, les 600 adhérents actifs de l'association PCSCP, ainsi que les milliers de manifestants qui ont répondu aux différents appels des associations et collectifs...
Mais, aux yeux de messieurs les "zélus", seul existe leur propre point de vue, expression exclusive de toute vérité. Tout autre discours se voit proscrit de leur esprit, les conduisant à nier, objectivement ou par la force, toute évidence contraire à leurs structures mentales. Le déni de réalité, tout comme celui de la démocratie réelle, recèle de graves dangers. Il conduit ceux qui en souffrent à des comportements inappropriés et dangereux. En témoignent ces pétitions affichées à la Poste, ces banderoles, accrochées jusqu'aux murs des mairies et sur la voie publique, au mépris de tout respect pour les citoyens contribuables qui ne partagent pas le point de vue exprimé. En témoignent les nombreuses menaces de suppression de subvention aux associations soupçonnées de connivence avec les adversaires du Center Parcs. En témoignent les insultes jetées aux quatre pauvres jeunes gens venus courageusement chercher le dialogue auprès des gros bras populistes de la manifestation de dimanche. En témoigne, lors de la manifestation du 7 Décembre dans les rues de Roybon, cette alliance contre nature des "zélus" avec certains de leurs homologues du Front National, qui, tels le méchant loup déguisé en mère-grand, se pourlèchent les babines à l'idée de bientôt les dévorer.
Monsieur le député de la 7ème circonscription de l'Isère est pharmacien, et son confrère de l'officine de Roybon s'exprime, lui aussi, en tant que chaud partisan du Center Parcs. Ils doivent, en leur solide expertise, disposer de médecines adaptées aux troubles obsessionnels et à l'anxiété que ces derniers provoquent. Je leur suggère d'en distribuer à leurs troupes avant que la situation ne tourne mal.
Nous autres, membres de Pour des Chambaran Sans Center Parcs ( PCSCP), avons toujours respecté la légalité. En plusieurs années de militantisme, nous n'avons jamais ni préconisé la violence, ni cédé à cette dernière, ni insulté quiconque. Nous pensons que le débat démocratique ne doit pas relever de la guerre civile. Nous aimerions que messieurs les "zélus" cessent de nous traiter d''anarchistes", voire de "terroristes". Quelques jeunes gens révoltés d'un collectif ont, certes, eu le tort de s'en prendre à deux malheureuses baraques de chantier samedi soir, dans ce qui fut jadis le bois des Avenières, avant qu'une bande de prédateurs ne le transforment en bourbier immonde.
Rappelons cependant qu'en d'autres lieux, le refus aveugle du réel, et le désir absolu de l'ignorer, ont conduit, non à quelques destructions matérielles, mais à la mort tragique d'un jeune homme de 21 ans...
Bernard KUNTZ
(1)"Dans l'imaginaire collectif, Mandrin reste aujourd'hui le brigand héroïque, qui vole les riches en défiant gentiment la maréchaussée. " (Wikipédia). Le Center Parcs de Roybon, prive, quant à lui, la population d'un bien commun au profit d'un promoteur ! Monsieur Cottalorda se trompe donc de référence : Mandrin eût sans doute, aujourd'hui, été zadiste...
(2) les municipalités de Lentiol (Isère), de St Sorlin (Isère), de Saint-Barthélémy de Vals (Drôme), de Mours St Eusèbe (Drôme), de Parnans (Drôme), de Montrigaud (Drôme), de Saint Christophe et le Laris (Drôme).