Côté cour, la cible la plus évidente, Sarkozy, a été touchée en plein mille dès le premier tour, puis Juppé, assoupi par les sondages, au second. Vous me direz que Fillon n'est pas non plus un perdreau de l'année, j'en conviens : mais, va savoir ? Il a réussi à se faire un peu oublier comme acteur d'hier et à paraître crédible en comédien d'aujourd'hui —pour ceux qui goûtent le théâtre conservateur, il va de soi.
Côté jardin, le cas Valls est emblématique. L'ancien PM a beau faire son malin, il est douteux qu'il puisse refaire un retard aussi net en une semaine. Montebourg, toujours flambard, donc exposé, va au tapis, comme Peillon, dont on se demande encore ce qu'il allait faire dans cette galère. Reste le seul qui parle encore au militant de gauche malgré son passé ministériel, Hamon le modeste, le constant, et qui a su donner l'image d'un type qui a des convictions et bosse ses dossiers.
On s'attardera sur le cas Valls, principale victime de Hollande, dont il a seul porté les erreurs et les reniements qui constituent l'essentiel de son bilan. Il l'a bien cherché, penserez-vous, en s'employant à pousser le PR vers une sortie prématurée l'empêchant de le défendre lui-même. L'ambitieux Catalan a cru pouvoir faire mieux que son patron discrédité. Erreur, qui risque de lui coûter cher et d'oblitérer un avenir plus aimable s'il avait su attendre le rendez-vous naturel de 2022.
Mais pouvait-il faire autrement dès lors que Macron lui coupait l'herbe sous le pied ? Laisser partir cette fringante cavale sans réagir c'était se fermer la clôture des verts pâturages du libéralisme d'Etat qu'ils guignent tous les deux.
Une candidature prématurée qui a toutes les chances de tourner au fiasco, ou ronger son frein et attendre au paddock pendant que le rival caracole en toute liberté ?
Cette méchante alternative aura eu raison des ambitions dévorantes de Manuel Valls, qui n'a jamais vécu que pour être président de la République.