Plaidoyer pour une réduction drastique du nombre de fonctionnaires.
Nicolas Sarkozy a annoncé le projet de son parti pour réduire les dépenses de l’Etat. A ce titre, les fonctionnaires sont dans son viseur. "Entre 300 000 et 350 000", voici le nombre de postes de fonctionnaires que le patron des Républicains propose de supprimer. L’ex-locataire de l’Elysée a par ailleurs appelé à "réformer la Constitution pour imposer" cette règle aux collectivités locales.
Outre la réduction du nombre de fonctionnaires, Nicolas Sarkozy souhaite également réduire leurs avantages ......., demande que leur "impunité" prenne fin et que ceux qui "ne font pas bien leur travail" soient sanctionnés. L’ancien président de la République a enfin évoqué la possibilité de mettre en place un système de rémunération au mérite.
Certains penseront sans doute que, comme à son habitude, Nicolas Sarkozy cherche à cliver et à diviser les français en les dressant les uns contre les autres.
En effet, taper sur les fonctionnaires (qui sont tous de gauche, c'est bien connu) a toujours été un sport qu'il affectionne particulièrement. C'est vrai quoi, tous ces fonctionnaires sont des nantis par rapport aux salariés du privé et il est grand temps de rétablir une certaine égalité, une certaine justice.
Ceci dit, il faut bien reconnaître que certains hauts fonctionnaires qui accompagnaient Nicolas Sarkozy à l'Élysée étaient d'une telle malhonnêteté qu'il a pu, la pauvre, finir par avoir une vision totalement déformée du Service Public et attraper une véritable aversion (répulsion, antipathie violente) pour les fonctionnaires. Il faut évidemment comprendre un tel phénomène de rejet, quand on a fréquenté, de très très près, des gens comme Claude Guéant. Tous les psychologues vous le diront: au bout d'un certain temps, ça ne peut que vous perturber et altérer gravement votre perception, comme si vous étiez face à un miroir déformant.
Est-ce qu'on se rend bien compte, en effet, que si ce haut fonctionnaire, ancien Préfet, grand commis de l'Etat, avait fait correctement et honnêtement son travail, Monsieur Sarkozy qui avait une totale confiance n'aurait jamais, au grand jamais, été en situation, á l'insu de son plein gré, de favoriser des entreprises lors de l'attribution de certains marchés publics, qui sont aujourd'hui sous le regard inquisiteur du juge pénal? (Les fameux sondages).
De même, Nicolas Sarkozy ne peut évidemment que condamner avec la plus grande fermeté, son ancien collaborateur, lequel s'estimant insuffisamment rémunéré eu égard à son mérite, s'attribuait unilatéralement une petite prime compensatrice, en nature, de 10 000€ par mois, en détournant des fonds publics non dédiés à un potentiel rattrapage salarial au mérite. Comment dès lors ne pas être en plein accord avec Nicolas Sarkozy et exiger, même si c'est avec certain retard, que l'impunité de son ex-collaborateur, prenne fin et qu'il soit enfin sanctionné pour faute grave. On ne peut qu'adhérer pleinement et sans réserve à sa démarche.
Bon, ceci-dit, ce triste compagnonnage n'est quand même pas une raison pour en vouloir à ce point á tous les fonctionnaires qui, non sans mal, assurent au quotidien, dans l'intérêt général et avec probité, la qualité et la continuité des services publics (santé, éducation, sécurité....justice..). Enfin, pour ce qui est de la justice, il faudrait sans doute voir, car certes les juges sont déjà en nombre très insuffisant depuis la dernière réforme de la carte judiciaire de 2008, mise en oeuvre sous sa présidence, mais s'il y en avait encore moins, on serait peut-être plus tranquille même si comme le disent (faute de le penser) Messieurs Guéant, Balkany, Cahuzac et bien d'autres pauvres victimes de la rumeur: "j'ai confiance dans la justice de mon pays".
Enfin, cerise sur le gâteau, Nicolas Sarkozy estime nécessaire de réduire également le nombre de fonctionnaires chargés d'effectuer les contrôles fiscaux, "sauf en cas d'illégalité avérée".
Comment ne pas partager son projet, tant il est de notoriété publique que les fraudeurs avérés sont facilement détectables.? ? ?
Dans ce beau projet, reste toutefois une "confusion", d'autant plus grave qu'elle est volontaire. En parlant d'impunité, Nicolas Sarkozy fait preuve en effet d'une position idéologique et aveuglante par définition, car elle empêche de voir ce que représente réellement le statut de la fonction publique et pas seulement pour les agents qui, si l’on en croit cette idéologie, profiteraient égoïstement de règles et de dispositions, en opposition ou contradiction bloquante avec la toujours vertueuse décision politique.
Il est fâcheux en effet d’oublier, volontairement, que le statut permet, outre la garantie de l’équité au sein des effectifs, d’assurer une impartialité et une neutralité indispensables là où de nombreuses actions ou politiques publiques sont menées en partenariat avec le monde de l’activité privée.
De fait, ce statut repose sur des principes hiérarchiques et démocratiques mettant le fonctionnaire en position réglementaire. S'il lui octroie des garanties de carrière et de rémunération, en contrepartie du service fait, parler de sécurité de l'emploi à vie ou d'impunité est inexact et tendancieux. En effet, l'administration peut toujours justifier une révocation pour faute grave, le licenciement et la mobilité par son pouvoir discrétionnaire. Sur ce point, les propos de Nicolas Sarkozy sont donc pour le moins ambigüs, car ils visent à casser le statut, ce qui n'est pas innocent surtout de la part d'un ancien locataire de l'Elysée.
Enfin et pour être totalement honnête, quant à vouloir dénoncer des d'effectifs pléthoriques dans la fonction publique, ne faudrait-il pas prioritairement s'attaquer au nombre toujours croissant de conseillers de toutes sortes, désignés directement par les exécutifs (dans les ministères, dans les présidences...). Certes, il faut bien garantir des débouchés à toutes ces élites, énarques ou non, encartés le plus souvent et tous étant par définition très méritants et justifiant, de ce fait, une rémunération qui n'a, bien évidemment, rien à voir avec le salaire moyen d'un fonctionnaire de catégorie C, les agents de cette catégorie représentant près de 50% des effectifs globaux.