Lettre au Pape François.
Votre Sainteté,
La presse nous informe que notre ancien Président a vivement souhaité vous rencontrer.
Mais pourquoi a-t-il donc sollicité une telle faveur?
En vérité je vous le dis, voila pour le commun des mortels une question brûlante.
Vous n'y avez consacré que très peu de temps, á peine une petite demie-heure, alors que vous savez vous rendre disponible pour d'autres visiteurs (une heure et demie tout récemment pour un échange en profondeur avec la délégation des Poissons Roses - voir l'article consacré à cette rencontre dans l'hebdomadaire La Vie du 10 mars 2016).
Alors pourquoi cette courte entrevue?
Était-ce ce par simple politesse, par diplomatie, ou bien y avait-il une réelle urgence, voire une nécessité?
Certes notre ancien Président n'était pas, comme lors de l'entrevue avec votre prédécesseur, "benoîtement" accompagné par un grand comique plutôt balourd, dont les saillies étaient certainement peu appréciées au Vatican.
Mais quand même!
Certes, Il était en revanche plus avantageusement accompagné de son épouse, qui ne tarit pas d'éloges pour son Raymond, ce qui donne sans doute une bonne image de la famille, a priori en conformité avec les orientations du synode que vous lui avez consacré en 2015.
Mais quand même!
Peut-être avez vous souhaité le convertir en lui rappelant, notamment, la lettre de saint Jacques, qui dit: " Écoutez-moi, vous, les gens riches ! Pleurez, lamentez-vous, car des malheurs vous attendent. Vos richesses sont pourries."
Peut-être lui avez vous aussi rappelé cet extrait de l'évangile de saint Marc:" Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous".
Ainsi, nourri de ce double avertissement évangélique, votre visiteur fera peut-être preuve désormais d'un peu plus de bienveillance, de compassion et, lâchons les mots, de charité et de miséricorde à l'égard des plus pauvres, des plus démunis et des plus fragiles dans notre société.
Peut-être même, sait-on jamais, qu'après avoir bien écouté vos recommandations il donnera immédiatement au premier de ses drôles d'apôtres, un dénommé Laurent Wauquiez, la consigne et même l'ordre impératif d'être plus magnanime à l'endroit des prétendants (pardon, des ayants-droit) au RSA, pour qu'il cesse une fois pour toutes de les considérer comme des profiteurs et même comme des fraudeurs, bref comme des assistés qui sapent honteusement l'équilibre budgétaire de la France.
Avouez que si cela se produisait, vous auriez accompli un vrai miracle et que ce prodige susciterait certainement un très grand nombre d'adhésions, voire de conversions.
Malheureusement, je crains qu'avec ce genre d'entrevue vous ne changiez l'eau en vain et que des miracles comme celui là ne soient pas, malgré votre puissance de conviction, á votre humble portée.
Sans doute que pour y parvenir il aurait fallu que votre visiteur s'adresse directement au plus Haut?
C'était donc peine perdue, d'autant plus que les sollicitations pour une entrevue à ce plus Haut sont, il faut bien l'avouer, rarement aussi pressantes.
Mais j'y pense soudainement, peut-être que tout simplement votre visiteur avait besoin de votre sainte onction avant de se lancer, tel un preux chevalier, dans l'investiture des primaires, pour laquelle une pêche miraculeuse aux voix s'avère sans aucun doute plus que nécessaire. Malheureusement pour lui, en ne consacrant avec une certaine miséricorde que le minimum de moyens à sa requête diplomatique, vous avez fait en sorte que cette triste opération de communication ne soit pas marquée du sceau du Saint Esprit.
À suivre....
Avec tout mon respect pour votre personne, au-delà de votre haute fonction.