L'aéroport Notre Dame des Landes devient "un point de fixation" pour une nébuleuses de luttes nationales qui trouvent là l'opportunité de s'exprimer toutes ensemble ; anticapitalistes, agriculture paysanne (! !), écologistes, libertaires, anarchistes et indignés de toutes sortes, de France et de Navarre. C'est un peu comme si tous les combats avaient enfin trouvé un exutoire pour donner leurs mesures qu'il semble bien impossible d'agglomérer ailleurs, parce qu'enfin, il s'agit avant tout d'une affaire régionale, voire interrégionale .
Sur Médiapart, on a même lu un article demandant au gouvernement de boycotter la conférence de DOHA sur le réchauffement climatique si le projet de Notre Dame des Landes n'était pas retiré. http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-combes/261112/climat-doha-commencer-par-abandonner-le-projet-daeroport-de-notre-dam . Si on veut résoudre la question climatologique en raison des transports aériens, il suffit de faire payer les voyages entre les métropoles aéroportuaires internationales au même prix que les brestois payent par exemple le voyage Paris-Brest ( 377 Euros) par rapport à un Paris-Nice ( 83 Euros).
Le projet de l' aéroport Notre des Landes est présenté localement de deux manières, les avantages des deux étant sensés concourir à l'économie de la proposition ; la première étant le déplacement, du Sud au Nord, d'un aéroport au sein d'une l'agglomération nantaise, la seconde étant celle de l'implantation dans la région du grand Ouest, d'une plate-forme aéroportuaire internationale.
Aujourd'hui, dans la contestation du projet, la problématique de l'aménagement du territoire de l'ouest est semble t'il laissée de côté . C'est sans doute moins excitant qu'un nouveau Larzac, mais c'est une question prioritaire ou importante dans ce dossier.
J’ai été Conseiller Régional de Bretagne (mandat 1992-1998), au moment de la décision d’engager le projet de ligne TGV Le Mans Rennes concomitamment avec celle de Le Mans- Nantes. Lors de la session du Conseil régional de 1997, j’avais été le seul à voter contre ces projets (adopté à l’unanimité moins une voix), et la raison essentielle de mon vote négatif, était que ces lignes TGVs et autre choix ferroviaires, ignoraient superbement et volontairement le projet d’Aéroport International de Notre Dame des Landes.
Aujourd’hui, nous constatons donc que la Région Bretagne1 est engagée dans le syndicat mixte inter-collectivités2 pilotant ce projet d’Aéroport. A l’heure de la mise en place par le Premier Ministre d’ « une commission de dialogue » aux fins d’explications et d’informations sur ce dossier. Le silence du Syndicat Mixte et des deux conseils régionaux concernés ne cessent d’impressionner. A tout le moins, il leur revenait de proposer eux-mêmes cette « commission dialogue ».
Il aurait pu sembler logique et responsable que les porteurs d’un projet d’aménagement sur le territoire du Grand Ouest assument et explicitent eux-mêmes leurs décisions et choix régionaux.
En effet, de deux choses l’une ;
- - Ou, le transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique vers le site de Notre-Dame des Landes est une opération nécessaire pour le développement du Grand Ouest, et alors, les citoyens de la région Bretagne doivent en connaître les tenants et les aboutissants, tant au point de vue financier qu’au point de vue aménagement du territoire régional (impact sur les moyens de transports de Bretagne – Air, Fer, route). C'est ainsi que le Télégramme de Brest pose déjà les questions qui inquiètent la pointe occidentale de la Bretagne.
- - Ou NDDL est le simple déplacement de l’Aéroport Nantais du Sud au Nord de la Ville .Et alors, les critiques sont nombreuses (voir Pierre Deruelle ), mais aussi, en effet, on peut se demander les raisons de l’investissement Breton dans le Syndicat Mixte.
Quoiqu’il en soit, la contestation actuelle de NDDL semble être une formidable opportunité pour nos élus de Loire Atlantique et de Bretagne de s'expliquer sur leur vision intermodale de l'aménagement du territoire du Grand Ouest.
Les élus régionaux doivent s'expliquer et donc saisir le Syndicat Mixte pour lancer un Grand Débat public sur le Grand Ouest, a la limite ponctué par un référendum territorial selon l'art 72-1 alinéa 2 de la constitution.
- Dans les conditions prévues par la loi organique, les projets de délibération ou d'acte relevant de la compétence d'une collectivité territoriale peuvent, à son initiative, être soumis, par la voie du référendum, à la décision des électeurs de cette collectivité.
A tout le moins, l’organisation de cette grande explication publique sur Notre Dame des Landes dans le cadre de « la commission dialogue » doit émaner des Conseils Régionaux voire du Syndicat mixte Inter-collectivités qui les réunit. Si tous ces éléments sont mis sur la table lors du débat, alors les citoyens pourront décider en toute connaissance de cause lors de la consultation référendaire éventuelle.
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1 il faut remarquer que "EELV les verts" sont membres de la majorité dans les deux conseils régionaux (plusieurs vice présidents) et le Front de gauche (PC) posséde les vice-présidences des transports dans les deux régions.
2 Ce syndicat regroupe 15 collectivités territoriales et groupements de collectivités (EPCI) répartis en trois collèges :
- Les Régions Pays-de-la-Loire et Bretagne ;
- Les Départements de Loire-Atlantique, de Vendée, du Maine-et-Loire, de la Mayenne , de la Sarthe, d’Ille-et-Vilaine et du Morbihan ;
- Les agglomérations et intercommunalités suivantes : Nantes-Métropole, Rennes-Métropole, la Communauté d’Agglomération de la Région Nazairienne et de l’Estuaire, la Communauté de communes de la région de Blain, la Communauté de communes d’Erdre-et-Gesvres et le SIVU aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes.