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Billet de blog 15 janvier 2014

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La véritable politique de l'offre est la politique keynésienne

François Hollande vient de confirmer qu'il entendait mener une politique économique dite « d'offre », qu'il a expressément opposée à une « politique de la demande ». La politique d'offre proposée est la politique d'essence néo-classique ou néo-libérale qui consiste à favoriser l'offre des entreprises, c'est-à-dire la production, en baissant les coûts, donc les salaires et les charges sociales, en l'espèce la suppression du financement des prestations sociales par les entreprises.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

François Hollande vient de confirmer qu'il entendait mener une politique économique dite « d'offre », qu'il a expressément opposée à une « politique de la demande ». La politique d'offre proposée est la politique d'essence néo-classique ou néo-libérale qui consiste à favoriser l'offre des entreprises, c'est-à-dire la production, en baissant les coûts, donc les salaires et les charges sociales, en l'espèce la suppression du financement des prestations sociales par les entreprises. En plus, bien que Hollande n'ait pas proposé de baisser les salaires proprement dits, il n'a pas remis en cause leur baisse relative depuis une trentaine d'années dans la valeur ajoutée, ce qui montre qu'il ne fait que continuer ou accélérer une politique néo-libérale de l'offre dont il n'est pas l'initiateur.

Ainsi que Laurent Mauduit l'a amplement rappelé, une telle politique ne peut qu'échouer dans le long terme : l'ensemble des entreprises ne vend qu'à l'ensemble des salariés et la baisse des revenus des salariés ne peut conduire qu'à une baisse de la demande anticipée par les entreprises et donc de leur production. Si dans le court terme un pays peut espérer augmenter ses exportations en réduisant plus que les autres ses coûts de production, cette surenchère dans la baisse des revenus ne peut qu'échouer à terme, car les exportations des uns ne sont que les importations des autres.

A cette politique néo-classique ou néo-libérale d'offre on oppose souvent une politique de la demande prétendument keynésienne. Or Keynes n'a pas proposé de politique de la demande mais une politique d'offre d'une autre nature, une véritable politique d'offre initiée par l'Etat et qui résorberait le chômage.

En effet une politique de la demande consisterait à augmenter les revenus directs (salaires) ou indirects (prestations sociales) des ménages sans accroître la production. Une telle politique entraînerait des tendances inflationnistes au moins dans le court terme, et ce n'est pas ce que propose Keynes.

Keynes met en avant l'offre : la production des marchandises précède forcément leur consommation c'est-à-dire leur demande. Cette production est conditionnée par la demande anticipée que Keynes appelle demande effective (terme emprunté à Malthus). Pour produire les entreprises doivent faire le pari qu'elles vont pouvoir vendre leur production, autrement dit elles imaginent ce qui va se passer, notamment elles imaginent la demande à venir, et plus les salaires seront élevés plus la demande anticipée le sera. Cela n'empêche pas la production offerte de précéder la demande ultérieurement réalisée.

A partir de cette analyse Keynes suggère une politique pour remédier au chômage. Il convient d'embaucher et donc de fabriquer plus de marchandises. L'offre spontanée des entreprises étant insuffisante, Keynes propose que l'Etat produise et offre lui-même des biens d'investissement ou qu'il incite les entreprises à en produire plus. Ce n'est pas parce que cette offre supplémentaire de biens génère des revenus qui vont ensuite augmenter la demande de biens de consommation, qu'il s'agit d'une politique de la demande, car là encore l'offre précède la demande.

La politique préconisée par François Hollande est tout autre. Hollande propose de diminuer les cotisations sociales des entreprises. Cette baisse ne pourra conduire qu'à une baisse des prestations sociales, donc des revenus des ménages, ou à une baisse des dépenses publiques, c'est-à-dire une baisse des revenus des fonctionnaires ou de la demande de biens adressée par les administrations aux entreprises, donc au total à une baisse de la demande adressée aux entreprises, qui ne seront donc pas incitées à produire et à embaucher. A moins que Hollande espère qu'elles produiront pour l'exportation. Mais les exportations de la France ne sont que les importations des autres...

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