Aristote ne nous avait il pas enseigné
que l’homme est un animal social et raisonnable.
Les massacres perpétrés à Paris les 7, 8 et 9 janvier ont suscité indignation et émotions auprès d’une très grande partie de la population. Leurs auteurs étaient de jeunes hommes à l’enfance et à la jeunesse perturbée. Délinquants, récidivistes ils ont trouvé dans les prisons françaises ce que l’école et les institutions de rééducation n’étaient pas parvenus à leur inculquer, un idéal et un engagement. Ces nouveaux éducateurs dévoyés et manipulateurs les ont conduits dans une voie sans issue, au nom de faux préceptes religieux étrangers à la foi qu’ils croyaient servir. Incapables de discernement pris en main en France et dans plusieurs pays par des forcenés aux desseins délirants sans doute se sont ils cru investis d’un mission que des psychiatres pourront peut-être analyser. Ce n’est pas mon propos.
L’affaire apparemment réglée par la mort de 20 êtres humains y compris des auteurs des tueries, nos responsables politiques, par une sorte de catharsis ont chanté l’hymne national dans une belle unanimité à l’assemblée nationale française.
Dans un second temps ils s’empressent à mettre en place des mesures attentatoire aux libertés. Il faut, dit un ancien ministre et plusieurs députés ne pas hésiter à enlever des parts de liberté au nom de la sécurité. On a vu dans le passé en France comme dans d’autres pays où mène ce genre de raisonnement. Insidieusement certains dont le tendance naturelle semblait déjà être l’ordre avant tout, cherchent dans l’interprétation des recoins de notre arsenal policier et judiciaire ce qu’ils pourraient utiliser pour surveiller, contrôler réprimer. D’autres sont chargés de préparer de nouvelles lois et de nouvelles mesures liberticides, comptant sur l’émotion encore vive de la population pour faire passer leur noirs desseins autoritaires antidémocratiques
Dans le même temps certains voudraient que les formes de l’indignation et du rejet de cette violence soient organisées sous une même bannière, que les mots d’ordre soient imposés à tous sans distinction. Ici ou là on appelle à dénoncer les rebelles à appliquer la règle imposée anti démocratiquement sans considération de cultures, d’âges d’opinion ou d’origine. « Je suis Charlie » est devenu obligatoire au risque de paraître suspect alors même que ce slogan unanime ferait « mourir de rire » les journalistes de Charlie Hebdo lâchement assassinés. Gare à celui et celle qui ne respectera pas la minute de silence. « Aux armes citoyens, qu’un sang impur abreuve nos sillons ! »
Se rend on compte que nos réactions maladroites voire même calculées font le jeu des islamophobes quand elles ne renforcent pas un antisémitisme. Se rend on compte que par défaut de clarté, d’enseignement et d’éducation, par défaut d’explications, nous risquons d’accélérer chez certains, jeunes notamment, la tentation de rejoindre le camp qui les perdra. Que font les éducateurs, les responsables politiques à partir du niveau du quartier et de la commune pour mettre à bas les lieux communs et les idées reçues. Explique-t-on que laïcité n’est pas anti-religion. Que le blasphème n’existe pas dans un état laïc . et que chacun est libre de croire ou non, de pratiquer ou pas. Quelles questions se posent aux jeunes Français ou résidents Français, les informations télévisés des manifestations en Algérie au Niger, au Pakistan et ailleurs.
Continuons comme nous sommes, Nous sommes bien mal « barrés » !
.Même si certains intellectuels rappellent avec raison la définition du mot blasphème qui ne peut s’appliquer qu’aux adhérents d’un groupe d’affidés, les médias l’ont adopté et tentent de l’imposer. Il faut prendre garde à ces dérives sémantiques qui tentent d’imposer à tous les croyances et pratiques de certains. Sans crier gare, alors que les parlants disent le contraire, on porte atteinte à la liberté de pensée, à la liberté d’agir, à la libre expression et demain à la liberté tout court. On nous pose des pièges qu’il est urgent que les démocrates déjouent.
Il est un impératif catégorique qui est le respect de chaque être humain. Le respect des croyances en fait partie. Que l’autre croit ou ne croit pas en un ou plusieurs dieux ou en quelque divinité que ce soit est indifférent et n’entre pas en ligne de compte. Il s’agit de la reconnaissance de l’autre. C’est une règle intangible de la société humaine.
Une autre règle en découle naturellement. Personne ne peut imposer ni chercher à imposer ses croyances et ses pratiques. La tolérance est un devoir de vie.
Regardons l’histoire et toutes les guerres engendrées par la dérogation à ces règles. Combien de malheurs se sont abattus sur l’humanité pour imposer le pouvoir des uns. Il n’en est résulté que divisions perpétuées de générations en générations.
Que l’on songe aux guerres et chevauchées européennes du Ve au XIe siècle, aux conquêtes de Gengis Khan du XIIIe siècle, aux croisades des XIe au XIII siècle, croisades contre les infidèles, aux guerres de religions en Europe des XVIe au XVIIIe siècle, à l’Inquisition du XIIe au XVIe siècle qui a perdurée jusqu’au XVIIIe avec son lot d’atrocités les plus barbares. On a assisté ensuite aux invasions coloniales et à la réduction en esclavage ou à la soumission de populations entières au nom de la civilisation chrétienne.
Au XXe siècle on a cru cette ère révolue quand a éclaté la première guerre mondiale conséquence de celles du XIXe, puis la deuxième guerre mondiale.
On s’aperçoit aujourd’hui que si les moyens ont varié les stratégies n’ont guère évoluées et nous en sommes toujours au moyen âge. C’est toujours un groupe qui cherche à imposer ses lois refusant celles d’un autre groupe.
Aujourd’hui un pays, Israël prétend que sa religion est supérieure aux autres et ses gouvernants décident que le pays ne peut pas être laïc, que ceux qui ne font pas allégeance à la religion hébraïque n’y ont pas leur place en qualité de citoyens. Pour les mêmes raisons après avoir envahi un territoire avec la complicité internationale, ce pays s’étend de jour en jour colonisant des territoires qui ne leur avaient pas été attribués.
Ailleurs des fanatiques se prétendant de religion islamique qu’ils ne connaissent pas ou imparfaitement veulent par la terreur et les massacres de populations entières, imposer leurs lois sur des territoires au Moyen Orient. Fort de certains succès, enivrés par quelques victoires au prix de milliers d’assassinats ne disent ils pas qu’ils ont mission de conquérir le monde au nom de leur croyance. Cette prétention est totalement absurde mais dangereuse comme on vient de le voir.
Il ne sert à rien de lancer des ukases et de s’enfermer dans des lois liberticides, de se barricader dans nos maisons et nos temples, Il faut lutter pour la justice et l’égalité dans le monde à commencer par notre pays. Il faut donner et redonner la dignité à chacun par l’éducation, l’instruction, le droit à un travail, à un toit et la santé. Il faut rétablir la démocratie au lieu de militariser dangereusement nos institutions.
Faut il désespérer et accepter que l’humanité soit restée à l’état sauvage, et ne parvienne pas à se civiliser ? Aristote ne nous avait il pas enseigné que l’homme est un animal social et raisonnable. L’a-t-on oublié ?
Bernard Riguet Montréal 15 janvier 2015