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Billet de blog 14 juin 2020

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Trump et Twitter, Love and Hate

Donald Trump en guerre contre Frank Dorsey. Un leurre ? Le Président Américain mis à l’index et signalé par le PDG de Twitter…

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le compte Twitter de Donal Trump est suivi par 80 000 000 de personnes, vous avez bien lu, 80 millions. On sait que Donald Trump est un utilisateur boulimique des réseaux sociaux, particulièrement de twitter. Il est passé de 9 tweets journaliers au début de sa présidence à 29 en 2020, pour un pic de 108 messages le 10 mai, même si on peut se douter qu’il ne les écrit pas lui-même.

Il s’agit d’un des moyens de communication préféré de Donald trump. Il touche ainsi sa base électorale directement et très simplement. Ses tweets et posts rageurs, à l’emporte-pièce, sans retenue, souvent dénonciateurs d’opposants démocrates, complotistes, seraient impensables en France.
En quelques jours, depuis le 26 mai, la machine à tweets présidentielle s’est emballée !
Il accuse un ancien député conservateur (dont il a été proche), Joe Scarborough, d’avoir peut être assassiné, en 2001, Lori Klausutis, jeune femme de son équipe, pour camoufler une liaison avec elle.

Or Joe Scarborough se trouvait à 800 miles (1300 km) de là, et la jeune femme serait décédée de mort naturelle. La famille a écrit à au PDG de Twitter, Jack Dorsey, pour lui demander de supprimer ces tweets, mensongers et si douloureux pour elle. La compagnie a refusé, en alléguant qu’ils n’étaient pas contraires aux règles de Twitter, monsieur Scarborough étant une personnalité publique. Twitter a quand même annoncé préparer une modification de sa charte d’usage pour, à l’avenir, pouvoir empêcher ce genre de message.
Si l’on demande pourquoi Trump attaque Joe Scarborough, la raison en est enfantine, dans tous les sens du terme. Ce dernier, avec sa compagne Mika Brzezinski, animent le show “Morning Joe” sur MSNBC. Ils n’ont pas été tendres avec Trump, l’accusant entre autres, d’avoir très mal géré l’épidémie du covid-19 qui a fait plus de 100 000 morts aux USA et ses conséquences économiques. Donald Trump se venge de ce journaliste, tout simplement.

Illustration 1


Le refus par Twitter de supprimer les messages du président a été globalement mal perçu, aussi bien par les politiques, que par la presse ou le public.

Mais le soir du même jour, Twitter a réagi différemment suite à un autre post du président US. Ce dernier affirme que, en Californie, le vote par email sera l’occasion d’une fraude électorale, évidemment à son détriment :

Illustration 2

Cette fois, Twitter va réagir, car il était prévu de ne pas laisser passer de tweets contenant des informations fausses, appelant à ne pas voter et contre la démocratie. Ce tweet a donc été signalé par une mention en bleu, cliquable, « Get the facts about mail-in ballots » (Voici les faits concernant les bulletins de vote par email). Et on obtient la page suivante :

Illustration 3

On y lit qu’il n’y a aucune preuve de fraude électorale liée au vote par email, et que tous les électeurs inscrits recevront leurs bulletins électroniques.
Ce fut une grande première pour Twitter, et pour Trump, une grande colère dont il est coutumier.
On rappellera que Twitter a décidé d’interdire toute publicité politique sur son réseau, pour une quelconque campagne électorale, et ce depuis octobre 2019.
Twitter récidiva le 29 mai, encore plus fortement. Trump publie un tweet à propos des manifestations violentes de Minneapolis. Consécutives à la mort de Georges Floyd, afro-américain étouffé par un policier blanc, on y verra un commissariat de police incendié. Le Président, face à un maire démocrate qu’il qualifie de faible, publie alors :

Illustration 4

Twitter décide de flouter ce tweet, car il appelle à la violence. Mais laisse la possibilité de le consulter

Illustration 5

Trump et ses officiels se déchainent alors contre le réseau social. Dan Scavino, responsable de la communication à la Maison Blanche poste : “Twitter is full of shit,” (Twitter est plein de m…). Trump accuse twitter de faire campagne contre lui, de le censurer pour favoriser ses adversaires. Il contre-attaque en publiant un décret présidentiel (« executive order »), visant à faire modifier la loi de 1996, et sa section 230, qui permet aux hébergeurs de ne pas être condamnés, légalement, pour des publications d’abonnés sur leurs sites. Cela au nom de la liberté d’expression…

Mais cela ne sera pas si simple. Cette loi protège les entreprises internet, et devra être votée, avec des démocrates majoritaires au congrès, ce qui sera difficile. De plus, « The nonprofit Center for Democracy and Technology », association de surveillance des politiques privées des sociétés internet, vient d’attaquer ce décret en justice. Elle le qualifie de vengeance contre twitter, et contraire au premier amendement de la constitution US, sur la liberté des réseaux sociaux à commenter les textes du Président.

On pourra remarquer que Trump, en attaquant Twitter, cible son principal fonds de commerce électoral et ses 80 millions de suiveurs. Mais il s’agit aussi d’un excellent contre feu médiatique. Il fait oublier un moment de crise majeure pour les USA, et ce, aussi bien au niveau intérieur qu’international.

Au niveau intérieur, avec une pandémie qui a tué plus de 100 000 américains (un seul tweet présidentiel à ce sujet), qui a entrainé un chaos économique et le chômage de 40 millions d’américains. Ces derniers toucheront leurs dernières indemnités en juin et juillet. L’explosion de la pauvreté, pour les minorités, les plus touchées aussi par le covid, et les soins trop chers, font des USA une cocotte-minute au bord de l’explosion sociale. La mort de 3 afro américains tués par des blancs, le dernier en date étant Georges Floyd, a déjà entrainé un début de violence urbaine inégalé depuis 1968 et l’assassinat de Martin Luther King. Trump doit détourner l’attention.
Mais à l’étranger, les choses se compliquent aussi terriblement. La Chine prend un leadership que les USA ont du mal à combattre. Ces derniers ont quitté l’OMS, laissant le champ libre à la première. La Chine place des pions militaires qui augmentent fortement la tension, avec l’Inde, le Viet Nam ou Taiwan par exemple. La Chine est en train de mettre la main définitivement sur Hong Kong en votant une loi qui signifie la fin anticipée du « Un pays, deux systèmes ». Donald Trump est incapable de choisir entre isolationnisme naturel et défense extérieures des intérêts américains. Trump n’arrive pas à fédérer autour de lui pour peser sur la Chine.

On voit que la pression qui s’exerce sur le président américain est absolument colossale. Sa capacité de réaction est imprévisible. Twitter, non seulement, ne devrait pas risquer grand-chose, mais risque de devenir le cadet des soucis du Président américain.

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