La journée a commencé par une manifestation pour la paix appelée, sur la Theresienwiese - une gigantesque place située au cœur de Munich, par le parti social-démocrate allemand (SPD), le parti social-démocrate indépendant (USPD - fondé à Gotha en avril 1917 par les députés pacifistes ayant été exclus du SPD) et l’Union des paysans de Bavière (BBB). Les cortèges étaient imposants puisque le nombre de participants est estimé entre 40 000 et 100 000. L'écrivain Oskar Maria Graf se souvint : « Les flots de manifestants étaient innombrables, telle une fourmilière, noire et grouillante […] Il n’y eut aucune résistance. Les forces de l’ordre s’étaient comme évaporées […] La plupart des gens riaient et blaguaient comme s’ils allaient à la noce » [O. M. Graf, Wir sind Gefangene, pp. 361-362 - traduction de l'auteure].
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Une partie des manifestants menée par le journaliste socialiste Kurt Eisner ne suit pas le parcours programmé, mais se dirige vers les casernes pour rallier les soldats, puis vers les bâtiments officiels. Dans la nuit du 7 au 8 novembre 1918, sans qu'une goutte de sang ne soit versée, l’État libre de Bavière et la République sociale et démocratique de Bavière sont proclamés. Des conseils d'ouvriers, de soldats et de paysans se constituent. En Allemagne, la première couronne à rouler fut celle du roi de Bavière, vieille de plus de 700 ans.
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En Bavière, la révolution sera socialiste, libertaire, anarchiste, pacifiste, communiste, artistique. Elle est portée notamment par des penseurs, des artistes, des écrivains (Gustav Landauer, Erich Mühsam, Oskar Maria Graf, Ernst Toller, Ret Marut, Paul Klee, Heinrich Mann, Rainer Maria Rilke, etc.). En avril 1919, deux républiques des conseils seront proclamées... Tout cela finira très mal.
Mais l'espace d'un instant ...
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