« Défaire l'Espagne, c'est défaire l'Europe » (Manuel Valls...).
L'inénarrable M.Valls, eurolâtre affirmé et pourfendeur zélé des islamo-gauchistes (qui peuplent les allées de l'assemblée et les couloirs de Médiapart...), part désormais en croisade contre la volonté des Catalans de faire reconnaître leur droit à l'autodétermination. La formule prêterait à sourire si elle n'illustrait une nouvelle fois la peur de la démocratie (ou sa haine, c'est tout comme) qui traverse les élites européennes et nationales devant la volonté des peuples de chercher d'autres voies que celles que cette oligarchie leur assigne.
Quand la majorité des citoyens français disent non au projet de constitution européen, on dénie toute pertinence à leur choix et on leur impose le contenu du même traité en passant par la voie parlementaire, chemin balisé de l'oligarchie où les mauvaises surprises sont rares. Exprimer en d'autres termes plus choisis, les parlementaires sont aussi les détenteurs de la souveraineté nationale chargée de vouloir au nom de la Nation. La théorie de la souveraineté populaire est une hérésie contraire aux normes d'une démocratie nécessairement libérale.
Quand le peuple grec refuse la politique voulue par les dirigeants des traités, c'est au nom de la supériorité des traités européens que l'on refuse le principe même de la souveraineté populaire.
Apparemment, la question catalane n'a rien à voir avec ces exemples, mais il serait fort étonnant que les mêmes « élites » ne tiennent pas le même raisonnement. On a pu penser que l'UE (rejoignant ainsi la logique de la mondialisation) portait atteinte à la souveraineté des Etats-Nations et favoriserait désormais l'Europe des régions. En fait, cette crainte (aux yeux de certains) n'a plus grande justification. Depuis une vingtaine d'années, le programme économique et politique de l'oligarchie financière passe par une étroite alliance entre gouvernement nationaux et commission européenne. Dans le cas catalan, la crainte non dite, c'est qu'une catalogne indépendante trop marquée à gauche veuille se débarasser du carcan des politiques libérales (qui sont aussi à l'origine de l'indépendantisme catalan).
En fait, dans chaque cas, c'est la question démocratique qui est en cause (voir la contribution d'E.Fassin et l'interview de M.Enard) ; pour paraphraser Marx, depuis une vingtaine d'années, un spectre hante l'Europe libérale, le retour de la question démocratique.
Si les eurobellants ont inventé le terme de démocratie illibérale pour qualifier des gouvernements effectivement détestables, il serait bon de leur renvoyer le terme de libéralisme adémocratique pour qualifier leur haine de la souveraineté populaire.
P.S. : il est clair qu'il faudrait développer ce que l'on entend ici par souveraineté populaire (théorie politique qui participe d'une histoire controversée de la souveraineté). Cela suppose une plus longue contribution.