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Activiste libertaire, Faucheur Volontaire, ex-Développeur informatique sous licences libres, spécialiste de la cybersécurité.

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Billet de blog 29 novembre 2015

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Le temps d’agir

Difficile de se dire comment le tableau est devenu si noir... Mais il l'est. Sans doute cela a-t-il été préparé depuis longtemps. Qu'importe, il l'est. Maintenant, l'action et la réflexion doivent se nourrir mutuellement. La dictature constitutionnelle doit rester sous contrôle populaire, en France comme partout.

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Certaines des personnes qui ont lu mon billet précédent ont pu trouver (et je ne juge pas cet avis) que j’étais « alarmiste » ou qu’il noircissait le tableau. Ce billet date d’il y a une semaine.

Deux axes nourrissent ma réflexion : l’analyse et l’action. Il est encore trop tôt pour savoir comment l’action nourrira la réflexion, mais d’expérience ça ne devrait pas tarder.

L’analyse

Commençons par l’analyse :

L’état d’urgence, c’est la dictature constitutionnelle (sans faire dans le dramatique, c’est le terme utilisé par les chercheurs pour décrire les états d’exception depuis la Rome Antique jusqu’à aujourd’hui en passant par la République de Weimar et le Patriot Act américain). Ça c’est acté, et ça a même été prolongé pour 3 mois à Versailles, Haut lieu de la monarchie de droit divin.

Le fait que cette situation est amenée à durer, c’est également acté. En effet, le Gouvernement l’annonce dans sa lettre au Conseil de l’Europe : « La menace terroriste revêt un caractère durable (…). Le Gouvernement Français a décidé (…) de faire application de la loi (…) relative à l’état d’urgence. (…) De telles mesures sont apparues nécessaires pour empêcher la perpétration de nouveaux attentats terroristes. »

Le caractère exceptionnel de cette situation dépasse ce que nous aurions pu imaginer au départ car, dans cette même lettre du Gouvernement Français au Conseil de l’Europe (pour la Cours Européenne des Droits de l’Homme), la France annonce qu’elle dérogera aux Droits de l’Homme (qui sont pourtant le socle de notre constitution) au titre le l’article 15 de la Convention Européenne : « Certaines [mesures], prévues par [les décrets récents], sont susceptibles d’impliquer une dérogation aux obligations résultant de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. »

Cette application de l’État d’Urgence dépasse déjà largement le cadre des attentats terroristes visés (ceux qui font dire à M. le Président que la France est en guerre contre Daesh), puisque des assignations à résidence et des perquisitions administratives ont dores et déjà été prononcées pour des personnes n’ayant manifestement rien à voir avec cette actualité. Des maraîchers bio, des militants associatifs rennais, des jeunes ayant participé à des rassemblements à Sivens ou à Notre-Dame-des-Landes sont assignés à résidence… Sans compter les maigres résultats des centaines voire des milliers de perquisitions administratives qui ont eu lieu depuis 15 jours. Nous sommes bien loin du pétrole de Daesh et de ses fanatiques …

Des manifestations en soutien pour un accord ambitieux sur le climat sont interdites dans toute la France… Avec des peines record pour celles et ceux qui oseraient défier la toute puissance préfectorale (« les yeux et les oreilles du roi en province »).

Voilà pour l’analyse, passons à l’action.

L’action

Rentrer en résistance, voilà ce qui me vient à l’esprit. Pour ce faire, plusieurs déclinaisons sont possibles et il convient de les examiner avec attention :

Prendre le maquis : c’est peut-être un peu tôt… et il faut déjà réfléchir à comment faire bouillir la marmite dans le contexte. Il faudrait déjà s’organiser un peu et que la conscience collective « prenne » pour apporter des réseaux de soutien.

Sabotages : il n’est jamais trop tôt pour saboter. Reste à bien définir ce qu’on met derrière ce terme, et les avantages/risques que cela comporte. L’État ne nous accule peut-être pas encore assez pour justifier des sabotages ayant de fortes répercussions, permettant des voies alternatives à celles et ceux qui ne veulent pas (encore) prendre le maquis. Mais saboter de manière non-violente le fonctionnement de cet état d’urgence (sans mettre non plus quiconque en danger, sans prendre le risque d’aider des fous furieux à se faire exploser en public…) est tout à fait possible. Restons mesurés.

Faire acte de résistance : sur ce point, facile, peu engageant, il n’est pas possible de faire autrement. La désobéissance civile est une opération délicate voire impossible dans le cadre d’une disparition de l’État de Droit. Mais il convient, urgemment et au présent, de chercher dans ce sens.

S’organiser : c’était déjà le cas avant, et ça continue de l’être maintenant de manière encore plus aigüe. Nous devons nous organiser. Préparer des systèmes sociaux résilients, à toutes les échelles, les plus puissants possibles. L’État se délite, préparons les corps intermédiaires qui permettront non seulement de lui faire face, non seulement de préparer l’après-dislocation de son appareil, mais surtout d’amortir le choc pour les plus faibles… en gros pour nous tous.

Cet après-midi, les jours à venir, allons marcher pour le climat, bravons les interdits, montrons que la peur n’aura jamais le dessus sur la raison et la liberté.

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