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Billet de blog 10 octobre 2022

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La valeur travail, cette arnaque du capitalisme

On nous parle souvent de « valeur travail » comme si le travail, sous sa forme actuelle, était une activité inhérente et naturelle pour l'être humain, et comme si la pratiquer était louable, indispensable pour avoir une valeur.

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N'avez vous jamais entendu une personne, généralement de la génération de vos grands-parents, dire "ah notre époque, les gens respectaient la valeur travail!", puis des gens, généralement de l'époque de vos parents, dire "les jeunes d'aujourd'hui ils ne veulent plus travailler, ce sont des flemmards" ?

Moi, j'ai déjà entendu les deux venant de personnes de ma famille. Cette sacralisation du travail m'a toujours hérissé le poil, même si je comprends que le salariat a été un vecteur d'émancipation et pour de nombreuses familles, et en particulier pour les femmes.

Aujourd'hui, nos identités sont souvent reliées au travail. On ne nous demande jamais "Qui es-tu" mais "Que fais-tu dans la vie ?"

Et jamais on ne répond sur nos loisirs, nos activités en dehors du travail, pourtant nos identités sont riches et se nourrissent de nos valeurs, centres d'intérêt, passions. Ne sont-elles pas aussi importantes ? Il est aussi assez surprenant de voir certaines personnes répondre uniquement par leur statut et non leur activité : je suis cadre, ingénieure, freelance, étudiant, artisan

Seulement, aujourd'hui, nos générations semblent épuisées par un système qui a lui-même épuisé les humain.e.s à son service. Nos corps sont des outils, des machines, au service d'un système toujours plus puissant et qui ne cesse de creuser les inégalités tout en nous éloignant les un.e.s des autres en nous mettant en compétition et en nous faisant aspirer à un statut non viable.

Or, être quelqu'un ne passe pas par le faire mais par ce que nous sommes, dans notre rapport aux autres, au monde.

La magie du capitalisme, c'est de donner une valeur aux humain.e.s en fonction de leur métier. De leur dire qu'être productif est une obligation pour avoir une valeur dans notre société, et pire même, que cette productivité est inhérente à la nature humaine.

Combien de personnes sont incapables d'imaginer une vie sans travail ? Combien angoissant de la retraite parce que iels "ont peur de s'ennuyer" ? Spoiler, on peut faire environ un milliard d'autres choses dans la vie que de travailler. Cela ne veut pas dire glander toute la journée en réalité !

De même, combien de personnes se sentent inutiles, désœuvrées et honteuses d'être au chômage, au RSA, car on leur renvoie à leur incapacité à s'intégrer dans ce système ? Que renvoie-t-on aux personnes en invalidité, aux personnes ayant des incapacités à se fondre dans un système qui ne fait, en réalité, que broyer tout le monde ? Ne pas travailler, c'est être marginalisé.e, exclu.e du monde des winners, de ceux qui "en veulent", qui se lèvent tôt pour mériter leur argent, qui traversent la rue et qui contribuent à la société.

Bien sûr, travailler, c'est un moyen de créer du sens, d'avoir un but, et c'est cela que recherche l'humain.e par le travail.

Les gens ont l'impression de contribuer à la société dès lors qu'ils travaillent et... paient des impôts. Or il y a bien des manières de contribuer à la société, et ça peut justement être en arrêtant de contribuer à un système nocif, tout en respectant tous.tes les humain.e.s.

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