Cela fait plusieurs dizaines d'années que le projet est en marche. Validé par l'ancien Président de la République François Hollande, le projet de l'autoroute A69 pourrait devenir une triste réalité. Ou pas.
Alors que des collectifs s'étaient déjà élevé dès le départ contre ce projet, des groupes et associations pour l'écologie et la justice sociale s'organisent depuis près d'un an contre la construction de cette portion d'autoroute entre Castres et Toulouse. Pourquoi ce projet est-il anti-démocratique et dangereux pour la biodiversité ?
A69, une aberration écologique
Le projet de l'autoroute A69 existe pour deux objectifs : réduire le temps de trajet entre Toulouse et Castres et désengorger un carrefour de Castres sujet à quelques bouchons. Or, le gain de temps estimé est de 15 minutes maximum. Mais surtout, doit-on détruire des arbres bicentenaires, symbole de la biodiversité, détruire 400 hectares de forêts, de marécages, de champs, pour gagner du temps ? Aujourd'hui, au regard de la crise climatique en cours, c'est de tout l'inverse dont on a besoin.
D'ailleurs, l'Agence Environnementale (AE) ayant rendu son avis sur le projet le 6 octobre 2022, estimait bel et bien que le "projet apparaît anachronique au regard des enjeux et ambitions actuels (sobriété, réduction des émissions GES, moindre pollution de l’air, arrêt de l’érosion de la biodiversité et de l’artificialisation du territoire)."
Il en est de même pour le Conseil national de la Protection de la Nature (CNPN) qui a deux reprises s'est élevé contre l'A69 : selon eux, "le projet s’inscrit en contradiction avec les engagements nationaux en matière de lutte contre le changement climatique."
Une autoroute, ce sont des millions de m3 d'eau, pour creuser, faire le goudron et asphalter les routes ; c'est tuer la biodiversité autour à cause de la chaux utilisée pour brûler le vivant et éviter la déformation des routes ; c'est artificialiser les sols et donc réduire encore un peu plus les zones où la nature s'expriment. Autant d'actes responsables de la crise climatique.
Comment nos représentants politiques, à l'instar du ministre des transports Clément Beaune, ou de Carole Delge, président du conseil Occitanie, peuvent-ils nier ces réalités pour l'appât du gain ?
L'autoroute, un ennemi pour l'être humain
Les autoroutes ne sont pas seulement dévastatrices pour l'environnement. Elles vident les villages en créant de grands axes qui affaiblissent les routes départementales. A la place, on préfère créer d'immenses zones d'activité commerciale (ZAC) concentrant hypermarchés et commerces à n'en plus finir, qui sont justement l'origine de la disparation des petits commerces indépendants. La voiture est un outil puissant de l'entreprise productiviste ; elle nous sert au quotidien pour aller travailler certes, mais elle nous isole les un·es des autres.
Elles sont aussi la preuve, en l'exemple du projet A69, d'un rejet de démocratie : lors de l'enquête environnementale menée en novembre 2022, et avec plus de 6266 contributions de citoyennes et citoyens reçus, plus de 95% des répondant·es se positionnaient contre le projet. On fait appel à la voix du peuple, pour mieux balayer son avis juste après.
Ajoutons à cela la prévision de seulement 6000 automobilistes par jour sur la portion d'autoroute Toulouse-Castres, alors que la construction d'un tel projet nécessite officiellement au moins 12 000 usagers par jour, on voit bien qu'il s'agit là d'une aberration en tous points. Un immense week-end de mobilisation festif est prévu les 21 & 22 octobre.
Quelles alternatives ?
Les militant·es qui s'engagent contre l'A69 ont pourtant proposé une alternative, vraiment écologique.
Une autre voie est un projet porté par des urbanistes locaux et écologistes, qui vise à proposer un axe de mobilité à vélo, mais aussi de transformer le paysage des zones d'activités avec des commerces locaux. Le projet propose une création d'emploi stables, à l'inverse du projet A69 où les emplois créés ne seront que précaires ; il s'élève à hauteur de 100 millions d'euros, contre 450 millions d'euros nécessaires pour construire cette autoroute polluante.
Il existe d'autres manières de se déplacer ; plus douces, plus calmes, plus respectueuses de l'environnement, mais permettant aussi de recréer du lien social et de permettre aux commerces locaux de vivre sereinement.