Sénégal, quoi de neuf ?
Aux jeunes tombés pour leur pays
3/3
Il est aujourd’hui irréfutable que nous Sénégalais, avons trahi le serment des anciens. Que restera-t-il comme lègue moral et spirituel pour les jeunes ? Méritent-ils le sort que nous leur réservons à travers déjà des villes transformées au quotidien en champs de bataille ? C’est un fait que des ressorts sont cassés.
La jeunesse partout où qu’elle soit a un rapport pratique au monde en termes géopolitiques. Elle a pris le train du basculement avant l’heure, nous spéculions. Elle se pose plus qu’elle ne s’oppose face aux pouvoirs qui ne peuvent définir le comment sans elle car elle cerne mieux les problématiques nouvelles. Écoutons la, car « Attention, attention, attention, l’histoire est terrible. La lecture du Sénégal d’aujourd’hui -comme ailleurs- dans un future proche voire très proche, se fera par cette jeunesse. Quelle sera ladite lecture ? » Tweet, le 1er courant.
Le compromis, levier par lequel jusqu’alors la société dans sa globalité a conduit par rotation la barque Sénégal, s’est rompu à force de manœuvres inappropriées à des fins d’intérêts particuliers ; avouons le. Hélas plus de deux ans d’une intense crise plurielle, nombreux sont ceux qui font encore fi d’un minimum de retenue langagière à longueur des médias comme on dirait pour signifier un acte de chaos total qui compromettrait la présidentielle de février 2024.
La perspective du récit national serait dans une inscription plutôt sombre, brutale voire chaotique à moyen terme, au plus. Pour cause : les tonnes d’armes de guerres commandées hors toute autorisation hiérarchique indiquée, aujourd’hui entre les mains inappropriées de personnes en roue libre fait craindre plus d’un; la culture de meurtres et assassinats inculquée chez de vulnérables paumés; le climat socio-politique exécrable ; le marasme économique de 90% des actifs du pays relevant du secteur informel; la sempiternelle promotion sans vergogne de l’apologie du génocide je disais, en lieu et place de l’apaisement ; la banalité de la privation des libertés : d’expression, de la presse, d’opinion ; répression excessive ; détention des opposants etc. Quant au terrain concerné, l’opportunité est rare, très rare même par son particularisme pour qu’il ne permette aux étranges étrangers la mise en pratique sournoise de la stratégie du chaos. Il est dit : « l’État qui confie sa sécurité à un autre État cède sa souveraineté » : des gardes côtes, des zones militaires, des des… oui, mais cette jeunesse qui n’arrive pas à se faire entendre est bien indiquée pour l’investir. Leur doctrine de déstabilisation par manœuvres manipulatoires pendant des années est connue ne devrait échapper à la vigilance; à les entendre c’est en un mot : « nous leur faisons semer le chaos et nous pompons les ressources ». L’Irak, la Libye, la Syrie, le Centre Afrique et le Mali… sont des cas d’école.
Le cas des deux Congo découle d’une déstabilisation orchestrée entretenue malgré des millions de morts, viols... Le pillage industrielle des ressources a pour corollaire la jeunesse brimée, opprimée, affamée, exploitée, fusillée peut importe aux yeux des étranges étrangers ; c’est d’ailleurs l’occasion d’occuper les populations à des revendication d’ordre droits de l’homme… Le Sénégal ne semble pas suffisamment tirer des enseignements quant à la nécessaires mise en place des mesures prudentielles, préventives ajustées, renouvelées dans divers champs d’action intra national et international. N’écarter aucune hypothèse à l’heure où vont les choses, pour faire face.
A la mémoire de jeunes tombés soif de liberté, ce poème :
Oraison
Fin de siècle dérive de l’histoire
Et de mon pays Continent
Harcelé blasphémé
La paix s’éclipse des regards hagards
Et des voix déjà mille fois éteintes
Dix mille, mille mille... me dit-on
Mille Miiiiiiiiiiiiiiilllllle....1994...1996
Encore 1998 mille, puis 1999 mille...
Le compteur tourne vertigineux
Dérive de véreux patentés
Commanditaires de génocide
Et c’en est aux enchères
De la décapitation 2999 miiiiiiiiiille
Vite supplanté par unités de mille
Sur la Seine prenant langue
Avec l’histoire pour mémoire
Je me penche avec ces morts
Arrête de les compter
Et implore les seigneurs
Des eaux immaculées
Sur la Seine en transe
Du silence et du risque d’oubli
Par les pouvoirs
Je me penche dé consolé
Le regard hagard verse mes larmes
Et sonde les dieux nomades
En dérive des cours d’eau
Sans frontières
Depuis le fleuve Zaïre le Nil
Où le soleil pointe
De son sexe l’horizon
La révélation ! l’Afrique est truffée
Truffée des quatre coins presque
De colons du nouveau genre
Des colons nègres cléptocrates
Elle est mal l’Afrique pour sacrilège
En la forêt ensanglantée
La mer de sable retournée
De l’Angola au Zimbabwe
Et le Congo le Rwanda
La RDC le Liberia
Le Soudan le Maghreb
Mal j’ai à l’Afrique inscrite
Au régiment de la servitude
Par des perpétuels colons nègres
En hystérie à la cour
Aux soirs des éternelles
Noces avec l’Occident
Et le sang coule en ruisseau
Sous le fauteuil envoûtant
De la République
Les prétendants sont légion
Ils sont légion pour affamer
L’enfance et tracer les sillons
De l’EXIL le chemin perdu
Extrait R. Poésie « La mer retournée – Poéthique du politique verbe » pp. 38-41 Seydou Beye – L’Harmattan, 2004.
Seydou Beye
beyeimpact@gmail.com