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Billet de blog 27 novembre 2025

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Le Sénégal pastefien, l’impossible rembobinage du processus révolutionnaire…

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Le Sénégal pastefien, l’impossible rembobinage du processus révolutionnaire…

Le Sénégal depuis son indépendance octroyée, dit «démocratique»[1] restera-t-il ce pays de l’Ouest Afrique où l’État et toute l’administration sont instrumentalisés par une poignée d’individus de génération en génération à des fins strictement mercantiles ?

Pour précision, je ne fais lecture de toute situation critique que par l’approche des systèmes et structures d’autre part des phénomènes en cours et non des personnes en interactions et interrelations qui au plus sont en arrière-plan. Le propos évoqué ci-dessus tient sa pertinence de l’observation des faits de déshumanisation croissantes des populations dis-je de la crétinisation du plus grand nombre.

Quant à l’équation légitime et simple à poser, elle est cependant des plus dérangeantes pour les adeptes de milliards faciles. J’écrivais déjà en 1987 que « chaque million détourné a un impact non moins tangible qu’un peloton d’exécution… » Imaginez-vous à coups de milliards depuis 2000, l’impact. Des détournements comme pour un rituel de ce que j’appelle l’anthropophagie sociale. Bref.

Éviter au Sénégal la fabrique d’une bourgeoisie administrative et assimilés parasites entre autres fut préconisée par le Président du Conseil, Mamadou Dia. La Métropole et ses suppôts sévirent, le projet développementaliste par la même souverainiste aux oubliettes. Pas question de couper le cordon ombilical.

Je ne fais car je ne vois pas de comparaison entre le cas du duo d’alors Dia versus Senghor et, celui d’aujourd’hui Sonko versus Diomaye. Ce qui interpelle chez Dia et Sonko c’est la RUPTURE SYSTÉMIQUE. Un levier innovant bâti sur un socle de confiance État/Peuple -mon concept Citoyen-État : un niveau de conscience où le citoyen fusionne avec l’État-, induisant du contrat social.

Derrière Mamadou Dia il eut une certaine masse critique pour un modèle révolutionnaire (changement de face d’une situation) l’expérience fut stoppée alors en phase de lancement. Ousmane Sonko pour sa part mobilise une masse critique, mais exceptionnelle : la majorité des jeunes très motivés porteurs du projet, des séniors déjà conscients bien que silencieux sont souteneurs.

Cependant il y a en plus du public, le parti Pastef le seul parti structuré avec des personnes ressources de conviction très diversifiées, d’autre part le facteur temps. Séquentiellement il gravit avec le parti les échelons institutionnelles électives. Du lancement au développement puis la maturité pour un parti le cycle fut court. C’est tout comme un enfant dont on n’a pas vu le passage de l’adolescence à la jeunesse. 

Pastef avec lui le peuple, est sur orbite avant même d’emporter royalement et loyalement la présidentielle. Dix bonnes années qu’il traverse tout type de turbulences, subit toute sorte de chocs de résistances physiques et psychologiques. Le parti et sympathisants tout milieu confondu en plus de la conviction politique une denrée très rare voire inexistante la transhumance décomplexée à l’appui, ont une culture politique certaine. La mystification, l’artificialité, la ruse, le culte de la personnalité, le débat que pour les «intellectuels» ça ne passe plus jusqu’aux villages les plus reculés. Ce mental de bâtisseur et le sens du commun chez les Sénégalais se dressent digues face à tout initiative de corrompre la rupture.

Ce qui fait la différence avec les autres dirigeants -abusivement proclamés leaders- de parti à qui je souhaite des percées significatives, c’est la méthode, le style et le pragmatisme du Pt de Pastef. Son interpellation de diverses autorités dans leurs prérogatives -ce qui n’est point critique encore moins invective- ce, publiquement articulée à chaque fois à des propositions concrètes découlant d’une pensée créatrices, le tout porté par une pédagogie à effet immédiat sur tout le peuple.  Constat est que à juste titre le peuple s’est approprié le projet pastefien. C’est en cela que je dis «Sonko est le moment».

La révolution sénégalaise est -on aime ou pas c’est toute autre chose. Elle ne se négocie pas, au prix de sacrifices de millions de résistants. Ce qui se vit et n’est ni une théorie, ni une opinion, encore moins une fiction est indéniablement un fait, du concret, factuel, explicite… et si en plus il émane d’une volonté populaire majoritaire validée dans les règles de l’art (droit écrit et non) et incontesté. Tel est le cas par vote libre et transparent des Sénégalais à la présidentielle 2024 avec un score de 54,28% dès le 1er tour. Du jamais vu face un régime sortant pourtant aux soutiens occidentaux démesurés.

Plus qu’un changement de régime entre des partis aux politiques nuancées et une alternance, c’est une révolution bien bétonnée anthropologiquement. Tout le monde, le régime sortant et ses fervents alliés occidentaux firent constat du processus révolutionnaire mais ne le digèrent jusqu’à présent. Les enjeux en cours et à venir quant aux moyens illégaux à déployer pour saboter d’abord puis rompre l’initiative de prise en main historique de la destinée souverainiste d’un Sénégal qui jusqu’alors courbait l’échine ne cessent de peser dans les échanges multi latéraux.

Les ingérences étrangères ancrées s’appuyant sur d’étranges étrangers notamment Africains longtemps dilués dans nos territoires, redoublent de stratagèmes ce, depuis l’avènement du phénomène Pastef. Ce dernier plus qu’il ne surprend davantage, il intrigue les États occidentaux et le bailleurs FMI/BM dont les schémas classiques de négociations d’accords de financements trouvent leurs limites ici. « Qui paye ses dettes s’enrichit » l’option du duo Diomaye Sonko, pas de renégociation. Ça dérange, des réactions en vue.

La solution est trouvée non sans la complicité d’étranges étrangers de tout bord et la catégorie des acteurs nationaux de destruction coût que coût du projet Pastef envié de partout, quitte à réduire le Sénégal au stade moins que là où il était. La stratégie du chaos à la Libyenne, Syrienne, Irakienne n’est pas exclue.

Les instigateurs du programme du chaos national trouvèrent idéal de rompre le contrat social Peuple/Régime pastéfien par le sommet dès lors le mieux est de trouver des épées d’emprunt autour du chef suprême se trouvant être en binôme avec son Premier ministre. Ça se fera ça ne se fera pas ? Qui pour la commission de la division du duo ? Mais ce n’est un duo classique entre Président et Premier ministre, c’est pourquoi je ne fais pas comparaison avec le duo Senghor/Dia – le pays, les fonctions PR et PM, la rupture actée et celle potentielle ne suffisent. Bref.

Toutefois, la seule idée de fomenter une division au sein de l’appareil d’État dans le contexte précis du processus révolutionnaire sénégalais ce, d’où qu’elle vienne, relève pour le moins d’un déficit d’intelligence pratique, une overdose d’instinct absolu, ce qui désole le sens critique. Le grave est que, au-delà de l’idée de séparer le Président et le Premier Ministre c’est la mise en exécution, le lieu à partir duquel, les acteurs impliqués et le tempo.

Qu’elle idée de penser le possible rembobinage du processus révolutionnaire ?

Du jour au lendemain, les Sénégalais se voient faire face à un nœud critique politique inédit dont l’effet de surprise heurte les cœurs à l’image d’un coup de couteau dans le dos. Inadmissible ! Inacceptable ! Impossible ! bruissent de partout. Le mot qui vient à l’esprit à tort ou à raison est trahison. Le choc est profond dans la population. « La justice des vainqueurs » comme une foudre dans le cœur des Sénégalais. C’est juste noté sans rancune.

Les Sénégalais sont fatigués depuis 1960 des gouvernances claniques caractérisées au fil du temps de gangstérisme d’État 2000/2024. J’ai interpellé dans un article en 2007 sur ce que j’appelle « La privatisation de l’État et de l’Administration », deux décennies plus tôt  c’est sur « des souffrances décrétées » tant le peuple fut longtemps sous anesthésie des néons du capitalisme et des discours enjoliveurs de l’apologie de détournement de milliards, de blanchiment d’argent etc. en tout temps et tout lieu avec garantie d’impunité totale.

CECI, JUSQU’À PARTIR DE 2017 OÙ LE PRÉSIDENT DE PASTEF, SONKO CANDIDAT ANONYME D’ALORS ET SON COMPAGNON DE LUTTES DIOMAYE, ONT CONDUIT LE PEUPLE SÉNÉGALAIS À UN RÉVEIL PSYCHOLOGIQUE DONT IL NE GUÉRIRA PLUS JAMAIS.

Et les Sénégalais aux côtés dudit duo dont le compagnonnage fait leur bonheur, de dire face à toutes les ingérences et autres pratiques politiciennes : «Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n’est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l’audience comme la pénétrance d’une guêpe apocalyptique.… »[2]

Une voix me dit : Monsieur le Président de la République je vous sais sensible aux questions sociales, au sort de l’humain. Vous avez pris à bras le corps l’injustice faite au tirailleurs Sénégalais, une erreur capitale à laquelle je fus sensibilisé dès le primaire par ma rencontre avec le poète I. Sourang alors Haut fonctionnaire sous le Pt L.S. Senghor. Dans un de ses recueils qu’il m’offrit il écrit : «Soldat noir/Citoyen français/Désarmé un soir à Thiaroye/…/Sans mitraillette et sans pistolet/ Ayant pour seule arme/ Ton courage de soldat noir intrépide comme l’Afrique/… encerclé au petit jour/ Par des soldats blancs/ Des citoyens français blancs/Armés jusqu’aux dents/Dans le secret du camp/ de Thiaroye au Sénégal » [3]

L’évocation de cela n’est pas sans rappeler ce qui pourrait conduire par moments le citoyen lambda à l’interpellation de l’État dans ses prérogatives ce, avec pudeur par respect de votre rang à savoir le traitement plein et entier souhaité et tant attendu du cas des martyrs et prisonniers des évènements 2021/2024 toutes choses égales par ailleurs. Ces victimes, elles c’est en plein jour qu’ils ont été tués à balles réelles par divers compatriotes non anonymes beaucoup sortis armés jusqu’aux dents en toute illégalité du siège de l’APR. Les concernés et familles au-delà même, font preuve de retenue mais la souffrance couve dans le pays. La colère du public contenue sans rancune, mais la moindre supposée discorde au sommet de l’État par ingérence d’alliés tel que présentée, est perçue comme abandon du Sénégalais, chose à faire sauter tout verrou verbal car le duo affiché avec votre Premier ministre depuis plus d’une décennie est la première soupape de sécurité nationale, l’assurance vie des Sénégalais. LE PEUPLE GARDE ESPOIR QUE L’ETERNEL VEILLE SUR L’EMBLÉMATIQUE DUO.

Seydou Beye

beyeimpact@gmail.com

[1] Je ne sais plus depuis ¼ de siècle qu’est-ce c’est la démocratie à part la démocratie élective encore que. C’est ce qui fait sens qui importe. Je m’en suis expliqué dans mes livraisons passées depuis les années 2000.

[2] A. Césaire Cahier d’un retour au pays natal, Ed . Présence Africaine,1983, p. 57.

[3] I. Sourang, Chants du crépuscule, Ed. Regain, Monte-Carlo, 1962.

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