beyonders (avatar)

beyonders

Abonné·e de Mediapart

3 Billets

0 Édition

Billet de blog 11 janvier 2023

beyonders (avatar)

beyonders

Abonné·e de Mediapart

Écrivez des lettres, vous vivrez plus longtemps

J’ai redécouvert l’amour des lettres, et ce billet en est le témoignage. Que ce récit engendre une floraison de correspondances ou fasse seulement germer une idée, un sentiment, je souhaitais vous le partager.

beyonders (avatar)

beyonders

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Écrivez des lettres, donc.

Pas des cartes postales, des lettres. Enfin, écrivez des cartes postales si vous voulez, l'un n'empêche pas l'autre, mais l'effet n'est pas le même. Ne vous contentez pas de raconter vos vacances à la montagne sur un bout de carton. Prenez une feuille, blanche, quadrillée, avec des lignes, comme vous voulez, asseyez-vous confortablement, mettez un peu de musique si vous le souhaitez ; et écrivez. Ça fait un bien fou, je vous jure.

Entretenir une relation épistolaire fut l'une de mes meilleures expériences de ces derniers mois. Ça a commencé avec une plaisanterie, ce serait rigolo qu'on s'écrive des lettres, pourquoi pas ? (Je vous confie que je ne plaisantais qu'à moitié, j’aime vraiment, vraiment, mais alors vraiment les lettres ; je n'attendais qu'une chose, qu'il prenne la balle au vol.) Je lui ai même donné mon adresse pour faire bonne mesure, et puis j'ai complètement oublié, le temps a passé et pour être sincère, je n'y croyais pas.

Je suis rentrée, un soir, à l’appartement, et une lettre m’attendait sur la table. (Je ne regarde jamais le courrier, c'est mon coloc qui s'occupe de la logistique.) Mais ce n’était pas une lettre des impôts ou un relevé de comptes de ma banque, non, mon prénom, mon nom et mon adresse étaient écrits en lettres rondes, au stylo bleu, un peu maladroitement. J’ai déchiré l’enveloppe, j’avais passé une journée de merde et en quelques secondes tout a fondu, j’ai senti une joie immense m’envelopper lorsque j’ai compris qu’il avait répondu à cet appel à demi-mot, que je lui avais lancé comme une boutade ; il m’avait écrit une lettre.

Elle n’était pas bien longue, mais elle était sincère, drôle et presque tendre, surmontée de ce « Très chère Sarah ». Notre relation est plutôt amicale, nous ne nous sommes vus en tout et pour tout que deux fois dans nos vies ; rien ne l’obligeait à m’écrire et nos échanges par messages, bien que plaisants, étaient fugaces. Je crois que cela a ajouté à mon plaisir de recevoir cette lettre, cette attention d’un ami lointain, pas si proche mais qui tenait à tisser cette épopée épistolaire avec moi.

Depuis plusieurs semaines maintenant nous nous envoyons des lettres. Nous ne sommes pas très rapides, c’est vrai, et je plaide coupable, je suis la plus lambine des deux. Mais mes lettres sont aussi plus longues, je m’étale sans fin sur le papier comme je le fais ici, donnez-moi une feuille une plume un peu de musique mes états d’âme et je m’emballe, plus rien ne peut m’arrêter si ce n’est la réalité purement matérielle des choses, j’arrive bientôt au verso et je réalise que je devrais peut-être me contenir un peu, j’ai déjà écrit des tonnes (j’écris petit, j'arrive à nicher des romans entier sur deux pages), je pense que ça suffira bien pour cette fois. Nos lettres doivent rester un plaisir à lire, je ne voudrais pas qu’il soit découragé à la vue d’une dissertation surprise atterrie dans sa boîte aux lettres.

J’ai redécouvert l’amour des lettres et par la même occasion l’amour d’écrire, le plaisir de se livrer (no pun intended), et l’impatience qui fourmille dans le cœur lorsque la réponse se fait tarder. S'engouffre même une crainte, subrepticement, ma missive est-elle bien arrivée à bon port ? Parfois je ne peux pas m’en empêcher, j’envoie un petit texto pour vérifier, ça enlève un peu du romantisme épistolaire mais je ne veux pas attendre pour rien, ou pire, qu’il croie que je l’ai oublié…

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.