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Billet de blog 29 mars 2023

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L’éco-anxiété, ou l’art de décrédibiliser un mouvement avec beaucoup de poésie

Ce billet est un brin personnel et manque clairement d’originalité, car je n’ai pas cultivé cette idée seule dans mon coin ; je l’ai lue ailleurs, je n’ai plus la source exacte malheureusement (c’était il y a déjà quelques mois). Mais cela fait bientôt 1h que je me retourne dans mon lit et je n’en peux plus, mon clavier me démange et je me dois d’écrire sur le sujet.

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Le terme « éco-anxiété » résonne selon moi comme un surnom un peu enfantin, une espèce de maladie adulescente dont sont principalement victimes les jeunes générations, couvée par le regard paternaliste des plus anciens, leur bienveillance teintée de dédain. (Évidemment je fais là un léger raccourci, je sais bien que les vieux ne sont pas tous d'irascibles climato-sceptiques.) On en oublierait presque que l’éco-anxiété est une réaction saine, et probablement la plus logique, si je puis dire, dans de telles circonstances. Or, on nous fait avaler ça pour une espèce d’angoisse existentielle, lui ôtant ainsi toute légitimité, avec ce joli mot-valise, « éco-anxiété ». Non mais vous savez, les jeunes là, avec leur éco-anxiété, ils en font des caisses.

L’éco-anxiété n’est pas une petite angoisse passagère dont on discute autour de la machine à café. C’est une réaction normale face à l’effondrement dans lequel nous fonçons tête la première, à l’impuissance qui est la nôtre pour lutter contre ce désastre, et à l’incompréhension qui nous anime devant l’indifférence d’une extrême majorité de la population, qui n’en a visiblement pas grand-chose à foutre. Moi-même je ne sais plus sur quel pied danser, entre cette « éco-anxiété » dont tout le monde parle, et le fait de m’en foutre moi aussi, parce que décidément, faire des crises d’angoisse dans ma chambre en pensant à la fin du monde tel qu’on le connaît ne va pas changer grand-chose.

Mais d’un autre côté, devenir journaliste, aller militer, en parler autour de moi, est-ce que ça change vraiment quelque chose ? J’ai envie de dire que oui, je veux me convaincre que oui. Je sais qu’au fond il le faut, que si personne n’agissait ce serait pire. Mais ce sentiment d’être un rouage insignifiant dans une construction qui dépasse mon entendement, ne peut que me laisser découragée – et les effets désastreux sur ma santé mentale ne m’encouragent pas non plus à poursuivre dans ce sens.

Que faire face à cette minorité richissime, excessivement puissante qui ne pense qu’à ses propres intérêts ? Que faire face à une violence étatique qui grandit de jour en jour et moleste ceux qui tentent de faire entendre leur voix – pacifiquement, qui plus est ? Et si ces gens n'agissent pas dans notre intérêt mais bien le leur – ce qui ne surprend personne – je me trouve aussi lassée du détachement décomplexé des gens qui m'entourent, qui, si je ne continuais à m'informer sur le dérèglement climatique, me convaincrait que ma lutte est vaine et mon anxiété dérisoire, comme on essaie d'ailleurs de nous le faire croire.

Ce n'était qu'une courte réflexion mais en bref, les mots ont une puissance qu'on peine parfois à imaginer. Encore plus dans les médias, ou chez les politiques, rien n'est choisi au hasard. Lorsque j'observe les plateaux télés, ou que j'écoute certains membres du gouvernement, j’ai parfois l’impression que ceux que l'on dénomme les « éco-anxieux » sont en fait des gens sains qui dialoguent avec des fous.

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