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Billet de blog 8 juillet 2024

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Penser l'anticapitalisme pour réparer la démocratie

Une lueur d'espoir se lève sur une France sinistrée. Pour enfin renouer avec les victoires sociales et écologiques, la démocratie va devoir enclencher les premières victoires. Faisons-le sans délai !

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Ni oubli, ni pardon, dit l'expression.
Plus que jamais, il ne faut pas oublier ni pardonner que la catastrophe (qui vient d'être évitée du bout des doigts) a été largement provoquée par la complaisance, voire l'aval du patronat, privé comme public, avec l'extrême droite.

Soit de manière directe en soutenant ouvertement les idées réactionnaires, soit indirectement en cassant les structures d'accompagnement et de protections sociales et les collectifs de la société civile. Promettant une condamnation sans détour au peu de démocratie que l'on possédait encore. Ce sursis obtenu doit changer du tout au tout l'orientation politique globale en termes social, écologique et démocratique si l'on veut que cela ne soit pas un sursis mais un nouvel horizon pour la société. Si les trois sont imbriqués, un déploiement d'une "démocratie radicale" doit s'opérer dès à présent. Partout. Alors l'écologie et le social auront l'espace suffisant pour se déployer et être reconnu, car porté par la population. Par les travailleur·euses, comme on dit ! Il faut penser l'anticapitalisme.

Désindustrialisation. Vraiment ?

D'une certaine manière oui, la "société de service" a largement devancée le secteur industriel et agricole et des secteurs historiques entiers ont disparu comme le textile. Pour autant, ce n'est pas tellement la fermeture d'industries qui a crée la misère sociale, le désespoir et le rejet de culpabilisation sur ces voisin·es ou "migrant·es assisté·es" (voire parfois soi-même). Il s'agit bien de qui l'a décidé, comment et de ce qui a été laissé à la place. En soi, si moins d'industries ou différentes pouvaient être remplacées par des emplois moins contraignants dans l'agriculture ou les services, il n'y aurait pas forcément de problème, et inversement. D'ailleurs, en parallèle des industries perdues, combien de services publics de perdus ?

Seulement, a t-on déjà vu une population voter pour la fermeture de ses services publics, de ses usines, la bétonisation de ses terres agricoles ? Pour la délocalisation d'une industrie qui répond pourtant à de nombreux besoins locaux ? Probablement jamais.

La raison en est que ce sont les patrons avec ou sans quelques élu·es (souvent patron·nes aussi) qui ont décidé. Ou les budgets d'austérité qui "imposent" par fatalité. Mais les budgets d'austérité ne proviennent que d'une extrême inégalité de la répartition des richesses, volontairement imposée. L'enrichissement des ultra-riches ces dernières années en est une forte illustration
Dès aujourd'hui il faut donner (prendre ?) la possibilité concrète et profonde aux populations de décider de leur sort aux différentes échelles territoriales. De même qu'aux travailleur·euses au sein des administrations et entreprises.

Médias, accès à l'information et temps pour débattre
À propos des médias tout d'abord. Quelques milliardaires ont littéralement acheté la plupart de la couverture médiatique tels que Bolloré et avec l’intermédiaire de quelques seconds couteaux comme Cyril Hanouna. Ils ont alors couvert en continu l'information globale en captant la majeure partie de ces informations dans l'espace numérique et en l’appauvrissant en contenus sérieux. Au-delà des idées de haine, cela a réduit le champ de réflexion global de la société et a construit des désinformations ou des mal-informations en permanence, autour souvent de faits divers. Ou des mensonges autour de vrais faits de société comme le sujet de la "délinquance", mais pratiquement toujours sans les définir, en expliquer les causes, les évolutions, sous l'angle répressif et sans les personnes concerné·es. Le seul but était la plupart du temps de cibler des coupables tou·te·s trouvé·es (les migrant·es, les "immigré·es", les "assisté·es"). Sans possibilité de remise en question.

Cela a souvent eu lieu avec la complaisance de la Macronie, qui a beaucoup alimenté les mensonges comme la séquence de Frédérique Vidal et Jean-Michel Blanquer, (ancien·nes ministres de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche) avec leur insistance sur la fameuse infiltration des idées islamistes radicales à l'école, alors qu'il n'en était rien et que des outils existent déjà pour lutter contre d'éventuels phénomènes de ce type.

Celui qui a probablement fait le plus mal et permis une reproduction de son schéma, est Emmanuel Macron. Refus de débats, rendez-vous régulier pour écouter ses monologues et délitement des services publics d'informations (budgets en bernes, directions hostiles aux employé·es, fermetures de programmes critiques).

On pourrait ajouter dans l'espace public, la disparition de nombreux points d'informations et d'affichages publics au bénéfice de la publicité commerciale.

On pourrait ajouter le rejet important ces dernières années de la critique et de la diversité universitaire et de la recherche ou profit de la mise en doute des productions scientifiques ou du monopole des productions scientifiques très faibles en diversités et en critiques. Qui ont pourtant pour objet d'alimenter ensuite la société à partir de référentiel divers et solides.

Sans délais (mais avec débats !) il faut une information publique de lutte contre la désinformation et la mal-information. Mais aussi le retour de débats sincères réguliers aux différentes échelles territoriales et autour de la communauté scientifiques, des associations. Un nouvel horizon médiatique global doit être construit en dépossédant les milliardaires de leur accaparement de l'information. Le service public physique et numérique, premier contre-pouvoir dans le domaine, doit être réinvestit en moyen et en contenu. D'autres contre-pouvoirs doivent être pensés sans jamais de débats, d'émissions, de reportages desquels les premier·es concerné·es seraient absent·es. Enfin, des moyens colossaux doivent être investi dans l'école et la recherche  pour vraiment accompagner les élèves, les familles et les agents dans leurs spécificités, leurs apprentissages et leur émancipation.

Redéployer la société civile et la lutte des classes
Les dernières années ont été fortement marquées par les attaques des gouvernements et des patrons contre les droits globalement. Et en particuliers contre les deux entités qui ont permis historiquement leur émergence par en-bas, par la population : syndicats et associations.

Cela s'est caractérisé tout d'abord par leur suspicion permanente comme étant des structures problématiques avec de nombreux outils pour les attaquer : baisses des dotations publiques, baisse du nombre d'élu·es dans les instances de travail et territoriales (entreprises, conseils communautaires etc.), fermetures de locaux, détricotage extrême des droits du travail, lois annulant ou restreignant les droits sociétaux et spécifiques acquis par les mouvements féministes, lgbti+, antivalidistes, etc.

Cela doit être d'une part réparé, mais il faut déconcentrer et transférer les pouvoirs en direction de la société civile afin de renforcer cette dernière. Un tournant du début du XXème siècle a été la mise a disposition de locaux syndicaux et associatif pour leur permettre de fonctionner et cela dans une très grande indépendance pour porter et défendre les revendications des travailleur·euses et de la population. Cela doit être refait et accentué. Dans les communes et sur les lieux de travail. Bien souvent les employeurs s'y refusent ou mettent à disposition des locaux sous-équipés ou géographiquement éloignées des besoins. Il faut les forcer à mettre des locaux à disposition et faire disparaitre les employeurs des instances de travail et territoriale (du moins leur droit de vote et de veto). En particulier, les CHSCT doivent être réhabilités avec des moyens et des outils nouveaux et des élu·es supplémentaires pour pouvoir défendre les conditions de travail des salarié·es. Des panneaux d'informations et d'affichages publics devraient également être déployés dans tous les quartiers et villages en faisant reculer volontairement l'affichage publicitaire commercial, sans quoi il sera visuellement concurrencé et délaissé.

Les chantiers globaux au delà des axes spécifiques
Bien évidemment, un futur salutaire pour toutes et tous doit passer par une lutte permanente et affichée contre le racisme, tous les racismes : islamophobie, antisémitisme, négrophobie, racisme anti-roms, racisme antiasiatique. Sans quoi le rejet d'une très large partie de la population se poursuivra et il n'y a aura pas beaucoup de possibilité de vivre ensemble et d'y prendre plaisir. Il n'y aura pas non plus de possibilité d'avoir une démocratie réelle de la population. En particulier, le droit de vote devra être étendu à toutes les personnes vivant sur le territoire. Ça a été dur mais nos aîné·es se sont battu·es pour que les pauvres aient droit au vote (quand il était réservé aux riches), de même que pour les femmes (quand il était réservée aux hommes). Il le faut pour toutes et tous.
Il y a aussi la question de l'urgence écologique qui en 2024 est totalement tombée dans l'oubli et qui nous condamne un peu plus à ne pas avoir d'avenir. Il faut pourtant mettre les bouchées doubles, car ce sont 8 milliards d'êtres humains qui sont concerné·es. La refonte médiatique positive, celle de la société civile, de même que des moyens pour l'enseignement et la recherche doivent être centraux pour faire de la préservation réelle de l'environnement une priorité (la priorité ?).


Le cap commun ?
3 axes pourraient créer du commun pour une société tendant vers une égalité réelle au sein de la population et par le partage des richesses (avec le débat qui doit aller vers quelles richesses produire). Autrement dit pour aller vers une société réellement démocratique et une protection collective sans bouc-émissaires. Il s'agit de la constitution d'une nouvelle sécurité sociale sous trois axes :
- la sécurité sociale classique/historique (renforcée en particulier d'un pan grand-âge, pour l'après-retraite, à 60 ans maximum ;) )

- une sécurité sociale professionnelle (pour organiser l'évolution et/ou la reconversion des métiers et des productions, sans fermetures franches et mises au chômage)

- une sécurité sociale alimentaire (pour assurer l'alimentation de la population malgré la catastrophe écologique amorcée, en permettant l’installation de nouv·eaux·elles paysan·nes et la conversion des installations actuelles vers l’agroécologie pour réparer radicalement les sols et les eaux).
Il nous faut changer de société, c'est la structure de l'État même qui doit changer. Le programme du Nouveau Front Populaire peut et doit en être une amorce mais il faut aller bien plus loin, il faut voir "hors de l'État". Pour cela, chaque personne qui a voter pour ce programme peut aider en militant beaucoup ou même de manière irrégulière (mais pas jamais !) en rejoignant un collectif, une association, un syndicat (un parti ?). Et dans l'objectif de convaincre aussi toutes les autres personnes qui n'ont pas encore étaient convaincues. Et même celles qui ont été abimées par les idées destructrices d'extrême-droite en leur proposant un autre horizon. Un horizon collectif.


Un billet un peu long mais pas plus que les tâches qui attendent la société !

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