Bibliothécaire pensif (avatar)

Bibliothécaire pensif

Bibliothécaire, pratiquement smicard, militant d'aujourd'hui et de demain.

Abonné·e de Mediapart

20 Billets

0 Édition

Billet de blog 13 août 2025

Bibliothécaire pensif (avatar)

Bibliothécaire pensif

Bibliothécaire, pratiquement smicard, militant d'aujourd'hui et de demain.

Abonné·e de Mediapart

Comment imaginer l'avenir dans l'enfer caniculaire qui s'installe ?

Devons-nous fuir le ou les territoires où nous avons toujours vécu pour aller ailleurs ? Si oui, pour où ? Devons-nous rester au contraire ? Avons-nous les ressources pour fuir ou rester ? Quelle place pour ses proches ou sa santé dans tout ça ?

Bibliothécaire pensif (avatar)

Bibliothécaire pensif

Bibliothécaire, pratiquement smicard, militant d'aujourd'hui et de demain.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Que faire ? Est-il légitime d'avoir une colère grandissante contre ceux et celles qui dirigent et nous envoie droit dans le mur ? Devons-nous fuir le ou les territoires où nous avons toujours vécu pour aller ailleurs ? Si oui, pour où ? Devons-nous rester au contraire ? Avons-nous les ressources pour fuir ou rester ? Quelle place pour ses proches ou sa santé dans tout ça ? Rien que se poser toutes ces questions est un déchirement interne tant c'est une situation subie et l'on sait qu'elle est difficile car partout sur la planète, nombreu·ses connaissent déjà cela.


La colère, parfois la haine tellement l'avenir nous est empêché, on a parfois l'impression de ne plus avoir que ça en stock. Pas de manière dogmatique contre des individu·es comme il y en a 68 millions (ou plusieurs milliards en fonction du référentiel). Non, cette colère elle se déploie face aux responsables des épisodes extrêmes de chaleur à l'heure, c'est à dire contre le gouvernement, le RN, le patronat et les autres satellites d'extrêmes droites qui font tout pour détruire les écosystèmes et celleux qui les protègent, qui se protègent.


Il y a bien quelques perspectives comme le mot d'ordre qui s'installe pour "tout bloquer" le 10 septembre en France. Serait-ce le moment qu'une large partie de la population, à bout, attends impatiemment pour stopper les délétères mesures anti-sociales, anti-écologiques et anti-démocratiques ? Peut-être et il n'y a qu'une manière que cela arrive, s'y investir pour qu'en ressorte le meilleur. Cela n'empêchera pas pour autant que cet été sera parmi les plus frais du siècle.


Ces derniers jours la vie est suffocante à Toulouse et ailleurs en France (et plus largement dans de nombreux pays de part le monde), la raison est claire pour les scientifiques du climat partout sur la planète : la canicule que nous traversons est très largement le fait du réchauffement climatique provoqué par l'usage effréné des énergies fossiles.


Cela peut passer par des petites frustrations du quotidien : ne plus dormir avec la personne avec qui l'on vit, ne plus avoir d'énergie pour descendre les poubelles ou plus embêtant, se nourrir. C'est aussi le cerveau qui va mal, entre épuisement psychique et sensation que l'on ne se trouve plus vraiment dans son propre corps qui est une flaque. Le sommeil est chaotique. Le réveil quant à lui se fait en se levant amer pour aller chercher un salaire qui n'augmente plus (entre autres problèmes) et dont on se demande pourquoi continuer alors même que dans le monde du travail, c'est comme si l'urgence sanitaire de mettre à l'abri, n'existe pas. Combien de patron·nes ont envoyé un message aux salarié·es pour leur dire " C'est trop risqué de travailler, on ferme quelques jours, repose-toi et ne t'inquiète pas pour ton salaire, il est maintenu" ?


La situation générale est vertigineuse avec notamment les incendies galopants dans l'Aude pas très loin d'ici et dont on peine à apporter un soutient concret alors même que l'on aimerait. Mais la chaleur a décidé de nous confiner. Quelle colère de voir Bayrou, Macron et autres clowns sinistres apporter leur faux soutient aux populations et territoires qu'iels détruisent.


Nouveauté significative de cette année cependant, c'est le souhait et même le besoin pressant de nombreuses personnes qui indiquent que la ville est de plus en plus intenable l'été à chaque vague de chaleur. Vagues qui se font plus fréquentes et rudes chaque années. Si les premiers chocs des étés précédents avaient presque étaient oubliés comme l'amnésie d'une charge environnementale trop lourde, en 2025 il semble, que c'est la recherche d'une mise à l'abris qui commencent à émerger. Pas vraiment encore dans les actes mais dans les intentions. De nombreuses discussions menées depuis début août, cela semble être particulièrement marqué chez les jeunes, bien que ce ne soit qu'un ressenti. Cela se résume en deux approches, ne plus être à Toulouse l'été, donc en partir. Ou bien, éviter d'y (re)venir.


C'est ça l'écologie punitive : détruire nos espaces de vies, les écosystèmes, et persévérer dans ce modèle coûte que coûte. Bref faire du capitalisme encore et toujours. Au contraire protéger l'environnement, s'opposer aux projets néfastes, type loi Duplomb est plus que salutaire, c'est entièrement nécessaire.


Reste la question de qui peut fuir à l'heure où toutes les structures et réflexes de solidarité ont été réduit à peau de chagrin ? Certainement pas facilement les populations des quartiers populaires, nos vieux, nos vieilles avec peu d'appuis, les personnes avec handicap(s), globalement les pauvres quoi. Fait chier ce constat.


Mais pour aller où au fait ? Sera t-on bien accueilli·es, voire recueilli·es là où l'on va se rendre ? Est-ce que sera par contraintes ou par un minimum de choix ? Dans quelles conditions matérielles ? Pourra t-on y rester ? Se sentirons-nous chez soit ? Ou aurons-nous éternellement le coeur brisé du départ sans réel retour arrière possible ? Autrement dit, comment se sentir à l'heure des prémices des migrations écologiques internes des humain·es en France, dans une période où beaucoup n'on rien trouvé d'autre de mieux à faire, que de rejeter les autres, en soit de rejeter tout ce qui est considéré comme "étranger" ?


Pas trop de solutions à proposer. Seulement, faire part de l'état d'émotion du moment est quelque part déjà un soulagement.
Cela dit témoigner et échanger sur le sujet est peut-être la première solution.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.