Épilogue
Une réforme des plus injuste, uns situation sociale très dégradée, une petite équipe syndicale reconstituée il y a peu et voilà que près de la moitié du personnel des bibliothèques de cette Université de Toulouse, très à droite, était en grève. L'université est très à droite en effet, vivier historique de Toulouse des "penseurs" du néolibéralisme et terreau des futurs cadres réactionnaires de nombreux politiques ou militants de la ville. Mais derrière cet aperçu commun, il y a des femmes, des hommes, des jeunes, des précaires, des contractuel.les de passage ou pas, les invisibles du ménages.
Bref des personnes qui subissent de plein fouet les politiques du gouvernement et de leur meilleurs allié.es soit disant d'opposition que sont les Républicains ou le RN. Qui rappelons le, même si ce parti se targue d'être du côté des gens d'en bas, des pauvres, il appui toutes les réformes qui favorisent les riches et détruisent, oui détruisent les pauvres. On ne rappellera jamais assez que ce parti a pour héritage d'avoir été fondé par un ancien SS. Que Mussolini et Hitler ont un temps été perçu dédiabolisés avant d'incarner le diable en personne et d'être le cauchemar de la plupart, surtout des pauvres. Autrement dit ce n'est pas seuelement Macron qu'il faut combattre dans la mobilisation pour les retraites mais bien tout le projet de la droite politique, quel que soit sa nuance d'instant ou historique.
L'espoir
Ce qui importe, est que rien n'est jamais fixé pour le meilleur ou pour le pire, espérons le meilleur. Aussi le 19 janvier, suite à un appel à mobilisation datant d'une semaine seulement, 37 agents des bibliothèques étaient en grève ce jour là. Ce sont six fois plus de collègues en grève par rapport à toutes les journées d'ampleur de mobilisation des dernières années. Une Assemblée générale a réuni une centaine de personnel puis à la manif, sur 1100 au total sur le Campus. Il n' y avait pas eu d'assemblée générale depuis 13 ans sur ce site. Une partie des équipes de directions était même en grève. Ce qui a fait dire à notre direction de bibliothèque (très macroniste), dans un rare moment de reconnaissance du mouvement, bien que de manière méprisante, qu'elle était surprise et que ce devait être à cause d'une fatigue du personnel du quotidien sur laquelle il faudra prêter attention. À doit doigts d'écrire une thèse sur la pénibilité et le non-sens au travail ! Ce n'est pas rien, on a pu également voir le gouvernement, hésiter depuis le 19, se contredire, tergiverser, se raviser sur des propos tenus. C'est qu'il mise beaucoup sur le sujet, une défaite le concernant serait terrible à peine le mandat entamé. Une réussite serait au contraire terrible pour nous. Il n'y a pas de statu quo.
Des pistes pour la suite
La grève ça coûte cher. Ne pas travailler dans une Université, ça gêne personne. Un jour, je peux faire grève, plus c'est compliqué. Un jour oui mais après ? Voilà les obstacles que l'on rencontre pour la suite du mouvement. Aucun n'est en soit infranchissable. C'est toute la dynamique du mouvement qui doit arriver à la dépasser et être force de proposition, d'originalité, de surprise. Il nous faut imaginer. Imaginer oui, c'est la clef. La mobilisation, c'est surtout les journées de fortes mobilisations, mais aussi tous les jours entre ces moments intenses. Surtout, il ne faut pas simplement tenir le niveau du 19 mais l'accroître.
La première chose est que si on nous rémunère pour un travail, c'est que ce travail est utile. Qu'il produit, y compris une production intellectuelle comme à l'Université et qui souvent termine par se matérialiser sur d'autre domaines. N'oublions pas que cette réforme nauséabonde est issue de cercle "d'intellectuels" qui pour beaucoup ont des liens avec le monde académique. Profitons de ces assemblées générales pour remettre en question le contenu des enseignements, d'exiger des enseignements sur tout ce qu'ont apportées les retraites, sur ce que ça signifierait de ne plus en avoir. Disons qu'il n'est plus possible de promouvoir les filières qui sont intimement liées aux privatisations, à la finance, à la négligence de l'environnement ou celles vernies de greenwashing. Cela aurait un impact énorme sur l'économie, pas forcément au sens quantitatif mais qualitatif. Car on remettre en question la société telle qu'elle est faite : injuste, inégalitaire, violente sur le plan social et démocratique.
Sur le fait de perdre de l'argent lors de grèves, trois arguments certes simples mais efficaces, plus on est, plus on gagne vite donc moins on fera grève. Le second : beaucoup de collègues ne sont pas encore dans le mouvement donc en réalité beaucoup n'ont pas encore perdu donc il ya des énergies à mobiliser et qui n'ont pas encore le couteau sous la gorge. Le troisième : les caisses de grèves. C'est bête mais si on peut se permettre 3 jours de grèves plus 2 de plus avec l'apport de la caisse de grève, ça fait 5. Quand aux salaires les plus hauts tel que les professeur.es où les collègues qui pour raisons de santé ne peuvent marcher longtemps et donc ne se mettent pas en grève même si d'accord avec, ils et elles peuvent donner, voire travailler et donner. Quand on a un salaire 3 fois supérieur aux collègues d'en bas, 1 jours de salaires équivaut à 3 jours de leur grève.
Mettre les collègues dans le mouvement est aussi primordial. Atelier pancartes, ateliers banderoles, distributions de tracts, d'appel aux assemblées générales et manifs ou simplement sur le contenu revendicatoire. Tournée des bureaux des collègues. Projection d'un film sur la sécu comme La Sociale. Cela permettra de les inclure dans des activités de plus haut niveau, telle que la grève. La grève n'étant jamais que le rapport à son compte en banque mais aussi à sa motivation, aux perspectives de commun. Aux perspectives de victoires.
La stratégie de fond
Enfin et c'est peut-être le plus important, il faut discuter de la stratégie du mouvement, même à l'échelle de petite structure ou de secteur pas identifiés comme moteurs de la mobilisation. Le 19 est passé, le 31 démarre. Il nous faut un plan pour février. Des points d'accroche sont initiés dans divers secteurs, transports, énergies etc. Sans attendre discutons de leur proposition de grève reconductible sur deux ou trois jours pour commencer. Ou discutons de toutes idées pertinentes que l'on jugerait adéquates. Si tous les lieux mobilisés ou en train de l'être, discutent d'une telle perspective coordonnées. Le gouvernement est potentiellement acculé et le réforme abandonnée.