Bidouschoff

Abonné·e de Mediapart

5 Billets

0 Édition

Billet de blog 5 octobre 2025

Bidouschoff

Abonné·e de Mediapart

L'enchère du siècle : quel sera le cout des pays connectés ?

la révolution numérique avance à pas feutrés. Derrière les promesses d’efficacité et d’innovation, une autre réalité s’installe : celle d’un pays qui confie peu à peu son intelligence, ses données et ses décisions à des entreprises privées. Chaque service délégué, chaque API sous licence, chaque savoir centralisé a un prix — et la facture, tôt ou tard, sera nationale.

Bidouschoff

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
illustration : combien coute un pays


La vente à la découpe commence par le savoir

La dématérialisation du savoir a été présentée comme une promesse d’émancipation : plus de livres, plus d’exclusivités, et le tout accessible d’un clic. Aujourd’hui, cette promesse s’est transformée en dépendance. Les bibliothèques ont laissé place aux plateformes, les encyclopédies papier ont été supplantées par un monopole d’usage ; demain, ce seront des services d’intelligence artificielle — payants, propriétaires, centralisés — qui pourraient remplacer des fonctions publiques, des métiers et des capacités décisionnelles nationales. Sans alternative publique forte, nous risquons de troquer la souveraineté d’un pays contre des abonnements et des API.


Trois illustrations concrètes (les glissements déjà visibles)

  1. Le livre puis Internet :
    Avant, pour 5 $, on pouvait emprunter une infinite de livre a la bibliotheque. L’économie physique garantissait alors, l'accès local et durable aux connaissances. La numérisation des livres ont rendu l'acces plus pratique — mais aussi plus monétisable —  Au depart, tout etait gratuit, mais maintenant, les coûts de stockage, distribution et visibilité se sont transformés en abonnements et en paywalls.

  2. Wikipédia vs. encyclopédies privées :
    Wikipédia est une réussite civique unique : une encyclopédie accessible, maintenue par une structure associative. Mais elle est l’exception. Si cette ressource venait à être fragilisée, il n’existe pas d’alternative gratuite et à jour. Le modèle montre combien la structure de propriété et de gouvernance compte. Si on avait confier la tache a Encyclopedis (encyclopedie by MS), on aurait pas fini de payer pour lire 3 trucs...

  3. Les IA privées qui deviennent des infrastructures :
    Aujourd’hui, de puissants systèmes d’IA — fournis par des entreprises privées — sont utilisés pour rédiger, conseiller, automatiser des tâches. Demain, l’éducation, la justice, la santé ou l’administration deviennent dépendantes d’une API propriétaire, qui contrôle l’algorithme contrôlera en pratique des pans entiers de la société et de l’économie.   On le sait... tout le monde le sait... l'AI va remplacer le travail a des millions de gens


Les dangers réels

  • Dépendance économique et perte de souveraineté : un pays qui repose sur des services privés pour son infrastructure critique se retrouve vulnérable aux hausses de prix, aux décisions commerciales ou aux interruptions de service.

  • Concentration du pouvoir : quelques plateformes peuvent imposer règles, normes et priorités: elles trient l’information, définissent quelles compétences sont valorisées, décident qui a accès à quoi.

  • Inégalités accrues : l’accès payant creusera l’écart entre ceux qui peuvent se payer l’IA performante et ceux qui ne le peuvent pas.

  • Aménagement du travail et chômage : automatisation massive sans filet social adapté peut fragiliser des professions entières.

  • Atteinte à la démocratie : contrôle de l’information, manipulation algorithmique, influence sur l’opinion publique.

  • Sécurité nationale : dépendre d’acteurs étrangers ou privés pour des services critiques crée des vecteurs de pression géopolitique.


Pourquoi ça se passe comme ça (mécanismes)

  • Externalités de réseau : plus une plateforme est utilisée, plus elle devient indispensable.

  • Coûts fixes élevés, coûts marginaux faibles : investir dans le calcul et les data centers est cher, mais chaque utilisateur supplémentaire coûte peu — incitation à concentrer.

  • Privatisation de l’infrastructure cognitive : l’IA transforme des capacités (raisonnement, synthèse, recherche) en services payants.

  • Manque de régulation adaptée : règles publiques lentes à s’adapter face à la vitesse d’innovation et de déploiement.


Que faire ? Pistes de garde-fous et d’alternatives

  1. Investir massivement dans des IA publiques et open-source (laboratoires nationaux, consortiums européens) : des alternatives qui garantissent accès, auditabilité et gouvernance démocratique.

  2. Création de « data trusts » et de banques de données publiques pour que les modèles puissent être entraînés sans dépendre d’archives privées.

  3. Régulation pro-concurrentielle et antitrust numérique pour éviter le pillage de parts de marché et l’emprise monopolistique.

  4. Interopérabilité et standards ouverts : obliger les plateformes à fournir des APIs standardisées et portables pour éviter le verrouillage.

  5. Archives physiques et décentralisées (soutien aux bibliothèques, numérisations publiques, copies distribuées) pour résilience hors-ligne.

  6. Filets sociaux et formation pour accompagner les transitions professionnelles provoquées par l’automatisation.

  7. Audit indépendant et droit à l’explicabilité des décisions algorithmiques utilisées par les services publics.

  8. Droits d’accès universel : subventionner l’accès aux outils d’IA pour les services publics essentiels (santé, éducation, justice).


Conclusion — l’enjeu n’est pas moralité binaire, mais pouvoir

Ce n’est pas une condamnation manichéenne du capital ou de l’innovation : l’IA peut améliorer la science, la médecine, l’éducation. Le problème survient quand la technologie devient le levier principal d’organisation sociale et économique, détenue par des intérêts privés qui peuvent, par leurs choix commerciaux, soumettre des populations entières à leurs règles. Si nous voulons préserver la démocratie, la souveraineté et l’égalité d’accès au savoir, il nous faut construire, maintenant, des alternatives publiques robustes et des garde-fous législatifs. Autrement, sans grand débat ni décision collective, nous risquons bien de vendre notre pays — morceau par morceau — à des entreprises qui auront le pouvoir de dicter nos vies.


En d'autre terme : combien ca coute d'acheter un pays?

Au dela de l'aspect individuel (est-ce que l'intelligence artificiel va me prendre mon travail? Qu'est-ce que je vais faire pour survivre a ce moment la?

On peut se poser la question au niveau collectif : 

Les bus, le metro, la banque, l'hopital, les commerces comme les super-marches.. Quand tout sera dependant de l'AI et que le systeme tombe en panne?  Pendant 1h..? 2 jours..?

On fera quoi a ce moment la?

On fera quoi quand il n'y a aura plus rien qui marche...


Appel à l’action

Si cet article t’a parlé : partage-le, parles-en autour de toi, écris à tes élus, soutiens les initiatives d’IA ouvertes et les bibliothèques publiques. L’infrastructure cognitive d’un pays doit rester une priorité collective, pas une marchandise laissée aux enchères.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.