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Billet de blog 7 décembre 2022

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De l'école maternelle à l'école des petits. JF Simonpoli

L'avancement de l'âge de l'instruction obligatoire à 3 ans est pratiquement passé inaperçu ses conséquences sont essentielles. JF Simonpoli, docteur en sciences du langage qui a consacré ses travaux à l'école maternelle, livre ici son point de vue. Il ouvre le débat et fait une proposition innovante et décapante: la transformation de l'école maternelle en école des petits.

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De L'école maternelle à l'école des petits: Refonder l'école maternelle
Jean-François SIMONPOLI.

Docteur en sciences du langage, auteur de: La conversation enfantine; Apprendre à communiquer; Ateliers de langage pour l'école maternelle, Compétences en Français au cycle2; Nouveaux ateliers de langage pour l'école maternelle. Entrées pour l'école maternelle. Hachette Education

    À trois ans les enfants entrent désormais dans la formation tout au long de la vie.
    
    Lorsque le président Macron et son ministre Blanquer fixèrent l'âge de l'instruction obligatoire à 3 ans au lieu de 6 ans, à entendre les quelques commentateurs qui se risquèrent à en parler, le ministre de l'éducation nationale n'aurait fait qu’entériner une situation de fait. En réalité même si 95 % des enfants de 3 ans sont déjà scolarisés dans les « écoles maternelles », il s'agit bien d'une étape déterminante dans la transformation du système éducatif hérité de la IIIe République.
    L’intégration de l’"école maternelle" dans le système éducatif est ainsi proclamée. 

Un changement insidieux
    C'est un changement de mission de l'école qui a été entamé. C'est une transformation de notre « système éducatif » en un « système de formation » qui s’opère, sans le débat de fond qui devrait la précéder.
    Cette décision, apparue comme conséquence de l'évolution progressive de la fréquentation des « écoles maternelles », entérina la substitution du modèle de « l'école émancipatrice » par celui de « l'école de la confiance ». C'est-à-dire la confrontation du modèle de la République pour apprendre et changer le monde, à celui de l’école des familles pour réaliser les projets familiaux pour chaque enfant.
    Si cette approche déclarative économique et technocratique a été privilégiée sans que le choix du législateur soit éclairé par l'histoire, la sociologie, les sciences de l'éducation, ni même la prospective politique, c'est sans doute pour éviter que surgisse dans la société la réalité des enjeux que recouvre l'absorption de la « petite école » par la « grande ». La discrétion avec laquelle le président de la République et son ministre de l'éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, ont entouré ce passage, après l'avoir présenté avec solennité lors des « Assises pour l'école maternelle », aurait dû mettre la puce à l'oreille de tout bon observateur. Pendant les débats parlementaires sur la loi « école de la confiance »qui se sont déroulés ensuite, à la va vite, les députés et les médias, ont passé davantage d'énergie et de temps à débattre de l'opportunité du pavoisement des murs des salles de classes qu’à s'interroger sur les objectifs de ce changement de l'âge de l’instruction obligatoire. Pourtant derrière cette mesure, il y a bien une véritable mutation des missions et de l'organisation du système scolaire de la République Française dont les objectifs politiques et économiques dépassent nos frontières et les enjeux européens.
    Associant le « cycle des apprentissages premiers » à « l'école maternelle », les ministres de l'éducation nationale à la fin du XXe siècle, avaient achevé la construction d'un continuum scolaire. Cela débuta par l'uniformisation des statuts des enseignants sous Mitterrand. Cela passa par la mise en cohérence des programmes et des progressions des enseignements sous Chirac. Cela contribua à l'apparition dans le champ de l'éducation première des concepts de la formation professionnelle dont les notions de « compétences » et de « performance" sous Hollande. Cela s'est poursuivi par le rapprochement des organisations des écoles, circonscription, et établissements locaux d'enseignement. Tout ceci est dépendant de l'introduction du principe d'autonomie pour le pilotage différencié des « objectifs de qualification » à atteindre dans une population rattachée à un territoire que visent Macron et les néolibéraux. 

Un continuum en rupture.
    Ce continuum scolaire débute par l'école première et s'achève au lycée. Il entre dans la stratégie dite de la « formation tout au long de la vie ». Il s'apparente au modèle architectural de l'économie des flux.
    Il s'agit bien d'une rupture d’avec le modèle de « l'école pour tous ». Ce modèle voulait que partout, sur le territoire national, chaque élève trouve les mêmes conditions d'acquisition des mêmes connaissances.
    À « l'école maternelle » les transformations engagées à la rentrée 2019-2020 aboutissent déjà à la confrontation entre les modèles de « l'école émancipatrice » et de « l'école de la confiance ». Elles visent à concilier le projet parental et la prise en main du tout petit pour qu'il soit déjà élève. Là où auparavant il était du ressort de l'école maternelle de seulement le préparer à le devenir.
    Nous sommes bien obligés de constater que « l'école maternelle » s'est « primarisée », à marche forcée, sous les coups conjoints des crises des vocations et du recrutement, des confinements dus à la pandémie, des coupes budgétaires des communes. La complicité des enseignants a pris la forme d'un désengagement pédagogique spécifique lié à la réorganisation des circonscriptions et à la disparition de « l'inspection générale des écoles maternelles ». 
    L'originalité de notre système éducatif, par rapport à ceux des pays comparables, réside dans le fait que la proposition d'égalité des élèves n'était pas antagoniste avec les projets parentaux. Le but de l'école, quel que soit le niveau considéré, est l'acquisition par le futur citoyen des connaissances et des comportements nécessaires à sa vie en société « ici et maintenant » pour «demain et ailleurs ». La responsabilité éducative est du ressort des parents. Celle de l'instruction est du ressort de la République. Jusqu'à présent lorsque les parents considèrent que les valeurs de la République ne sont pas en adéquation avec leurs prérogatives éducatives, ils choisissent une école privée, c'est-à-dire une école à laquelle ils confient une partie de leur rôle éducatif parce qu’ils en partagent les valeurs. En imposant son « école de la confiance », c'est avec ce principe que le pouvoir néolibéral a rompu. 

Où l’on prend l’enseignement privé comme modèle.
    Désormais, le rapport entre l'école et les familles devient une mise en perspective du modèle de l'école privée sous contrat. Un peu comme les projets d'établissement expérimentés par les collèges et lycées privés sous contrat le furent pour les EPLE dans les années 80 du XXe siècle. D'ailleurs si la première conséquence de cet avancement de l'âge de la scolarité à 3 ans, a été un chèque annuel de 100 millions d’euros supplémentaires, en faveur des écoles privées, c'est bien la preuve que l'objectif recherché est l'intégration de l’éducation dans l'économie de marché.
    Cette intégration initie le temps de la prévalence des circonstances du marché sur les valeurs de la République pour définir les contenus d'enseignement. La scolarisation à 3 ans constitue la dernière brique de l’architecture du « marché de la  form’ éducation » de la maternelle à l'université. Elle consacre la conception des compétences plutôt que la constitution des connaissances. Elle emprunte à la formation professionnelle son discours sur les savoirs plutôt que de poursuivre dans le sillon de Condorcet la promotion de l'universalité des enseignements de la raison 
    Cette transformation de l'école maternelle retire aux familles une partie de leur temps éducatif tout en leur laissant la responsabilité. Cette raison justifie pour les néolibéraux que les enseignants de l'école maternelle reçoivent des parents une mission de confiance pour produire de l'éducation. Dès lors une question se pose : sur quelle base ? 
    La réponse existe dans le dispositif actuel : sur la base d'un « projet d’école" qui exposerait son volet éducatif, pour les écoles publiques comme pour les écoles privées. Les conséquences organisationnelles font que les parents choisiront entre des écoles selon leurs projets éducatifs.
    Et revoilà le fantasme de tous les pouvoirs politiques du lycée dirigé par un grand intendant regroupant sur un territoire quelques écoles pré-élémentaires-élémentaires, un collège, un lycée d’enseignement général, technologique, et des métiers. Rien d'innovant puisqu'il ne s'agit que de l'adaptation au marché de l'organisation inventée par le sabre avec le « prytanée » et le goupillon avec le « lycée congrégationiste ».

Vaincre avec la pédagogie.
    Alors, on laisse faire cette désarticulation? On accompagne cette extinction progressive d'un des fleurons pédagogiques français? Ou on se mobilise pour refonder « l'école maternelle"? 
    Cette question est cruciale car nous savons qu'il est possible de détruire en un rien de temps des traditions pédagogiques que l'on croyait solidement ancrées. 
    En effet, nous avons déjà vécu les conséquences d'une annexion idéologique de cette sorte lors de la destruction de la filière de l'enfance inadaptée. Nous l’avons collectivement laissée s’effondrer derrière la locution dérisoire et mensongère de « l'école inclusive ». Des maîtres spécialisés aux inspecteurs de la filière dite de « l'enfance inadaptée » , en passant par les parents, personne ne s'est opposé à « l'école inclusive ». Or, avec ce dispositif  « zombie » les élèves, handicapés ou non, ont été mis tous en difficulté, et parfois en détresse, face a des « professeurs d’école" en souffrance et des « assistants de vie scolaire » précaires. Le paradoxe du néolibéralisme, qui fait feu de tout bois, c'est qu'il a récupéré les méthodes pédagogiques de ce secteur avec les « nouveaux  marketteurs de l’enseignement privé » pour en vendre l’efficacité au profit des enfants dits « normaux » comme par exemple avec les écoles Montessori « réservées" aux familles « bobos riches ». Si réellement c’était la fin des discriminations appliquées aux enfants porteurs d’un handicap ou présentant des difficultés d’apprentissages qui était visée, on aurait pu imaginer dénouer les difficultés rencontrées par cette filière autrement. Notamment on pouvait ouvrir partout  des « écoles de plein air » fréquentées par des élèves présentant ou non des difficultés d’apprentissage.
    
    Soyons optimistes pour l'école maternelle. 
    Il est encore temps de la refonder pour sauvegarder notre patrimoine pédagogique multicentenaire.

l’Ecole maternelle: une structure spécifique à la France.
    L’arrêté du 28 juillet 1882 définit l’organisation pédagogique des écoles maternelles ainsi :
`     « l’école maternelle a pour but de donner aux enfants au dessous de l’âge scolaire les soins que réclame leur développement physique moral et intellectuel ». Sous l ‘égide de Pauline Kergomard le comité des inspectrices générales des écoles maternelles précisa cet objet en publiant  le 16 mars 1908 des instructions relatives aux objectifs et programmes de l’école maternelle de la manière suivante:
    « L’école maternelle n’est pas une école au sens ordinaire du mot: c’est un abri destiné à sauvegarder l’enfant des dangers de la rue comme des dangers de la solitude dans un logis malsain. ……Tous les exercices de l’école maternelle seront réglés d’après ce principe général: ils doivent aider au développement des diverses facultés de l’enfant, sans fatigue, sans contrainte, sans excès d’application; ils sont destinés à l’éloigner du désoeuvrement en lui faisant éprouver les jouissances de l’activité. Le but à atteindre, en tenant compte des diversités de tempérament, de la précocité des uns, de la lenteur des autres, c’est qu’ils aiment leur tâche, leurs jeux, leurs occupations de toutes sortes. Une bonne santé; la vue, l’ouïe, le toucher, exercés par une suite graduée de petits jeux et de petites expériences personnelles, tantôt libres, tantôt provoquées par la maîtresse et toutes propres à faire éducation des sens; l’empressement à regarder, à imiter, à questionner, à écouter, à répondre; commencement d’habitudes disciplinées et curiosités intellectuelles sur lesquelles l’école primaire puisse s’appuyer pour donner plus tard un enseignement régulier; l’intelligence éveillée, enfin, et l’âme ouverte à toutes les bonnes impressions morales: tels doivent être les effets de ces premières années passées à l’école maternelle. »
    Il a fallu un siècle à l’école maternelle pour s’imposer, enfin dans les années 1980, comme une étape indispensable dans le développement social de tous les enfants. Ainsi, devenant élève, progressivement, cette école intitulée alors pré-élémentaire devait permettre à chacun d’acquérir les conditions de démarrage des apprentissages scolaires prévus dans des programmes disciplinaires à partir de l’école primaire. 
    La société, s’est transformée et au lieu de redéfinir à chaque évolution les nouvelles formes de dangers que devaient affronter les tout-petits, au lieu de redéfinir, ou de retravailler, les notions de bonne santé d’éducation des sens, de curiosité, d’observation, d’écoute, de prise de parole, d’intelligence éveillée, de jouissance, en fonction des évolutions sociales, économiques et culturelles, les différents gouvernements et leurs ministres de l’éducation nationale depuis Darcos jusqu’à  Blanquer, n’ont cessé de vouloir disposer de l’école maternelle comme d’une partie intégrée à l’école primaire. Les enseignants, pour des raisons purement idéologiques, ont accompagné goulûment cette rupture de sens, en délaissant les spécificités pédagogiques de « la maternelle » pour s'enfermer dans des pratiques uniformisées sans intérêt. La dernière étape définissant l’âge de l’instruction obligatoire à 3 ans afin de financer les écoles maternelles privées sous contrat, alors que jusqu’alors elles ne l’étaient pas, a terminé honteusement ce lent dé-tricotage d’un dispositif singulier en Europe qui, depuis son origine fut un fer de lance des mouvements pédagogiques que certains nomment encore innovants alors qu’ils ont pour certains près de 4 siècles d’existence.
    
    Il faut rappeler, à ce stade, que le métier de « maîtresse d’école maternelle" trouve ses racines à la fois dans « l’hôpital des enfants trouvés » créé en 1638  par Vincent de Paul et « les petites écoles à tricoter » du pasteur Jean-Frédéric Oberlin en 1770. Les maîtresses des tout-petits s'occupaient de l'instruction des enfants trouvés ou confiés à la place de leurs mamans mais d'autres personnes prenaient en charge les aspects hygiénique, de santé, ou de comportement. Ainsi sont nées les écoles maternelles en 1882 sous l'impulsion des ministères de Fernand Buisson et Jules Ferry sous la direction de Pauline Kergomard. 
    Ce rappel a pour objet essentiel de comprendre que l’école maternelle n’a pas pour origine l’école élémentaire et n’a pas pour vocation de se fondre en elle.

Refonder « l’école maternelle » en  « école des petits »
    Son rôle et sa fonction demeurent mais les évolutions qu’elle a subies ne lui permettent plus des les assumer. Il est urgent de la refonder au sens premier du mot, pour tenir compte des transformations sociales, les accompagner, les anticiper tout en conservant à l’école maternelle son objet initial:
    « l’école maternelle a pour but de donner aux enfants au dessous de l’âge scolaire les soins que réclame leur développement physique moral et intellectuel »
    
    Pour réussir cette re-fondation, il est nécessaire d’en transformer l’organisation et de la ressourcer.
    Nous proposons quelques pistes pour retrouver l'élan et le foisonnement de l'inventivité développés par les « maîtresses d'école maternelle » et repris par les institutrices et instituteurs dans les écoles maternelles.  Nous devons, en quelque sorte, nous adapter aux nouvelles formes de dangers rencontrés par les tout-petits.
    L'école maternelle prendra le nom "d'école des petits ». Changement de nom pour mettre l'accent sur le fait que le petit humain rentrant à « l’école des petits » ne trouvera pas une « institution maternante » mais une « institution apprenante » dont l'issue sera son accès au statut d’élève. C'est-à-dire au statut d'une personne pour laquelle la société toute entière s'engage à donner accès aux savoirs nécessaires à son épanouissement physique, intellectuel et social dans la mesure où elle-même fait l'effort de s’intégrer, en commençant par participer à la vie de sa classe.
    Dans la continuité de l’existant, ces écoles seront sous la responsabilité conjointe des municipalités et de l'État.
    Elles auront la possibilité d'accueillir des enfants depuis l'âge de 3ans jusqu'à 5ans révolus pour une durée de 3 ans. L'âge de l'obligation scolaire sera fixé à 4 ans.

Education, instruction, protection et prévention.
    L'école des petits aura une triple mission.
    
    Une mission d'éducation dont l'objet sera la recherche de l'émancipation et la découverte de la vie sociale. Si la famille a la responsabilité éducative des enfants, « l’école des petits » a celle de préparer les enfants à devenir des élèves. Elle assurera les premiers apprentissages civiques par l'expérimentation et la vie en commun en respectant une progressivité des acquisitions, y compris pour les disciplines scolaires. Au cœur de celles-ci seront instituées les acquisitions langagières et linguistiques, les observations perceptives et leurs correspondances culturelles, les approches mathématiques des temps et des espaces partagés avec les autres.
    
    Une mission d'instruction dont l’objet sera l’acquisition des gestes paroles et connaissances pour découvrir l’univers scolaire. L’accent sera mis sur les apprentissages des éléments préalables à la découverte de la culture de l'écrit, de la langue de l'école, des procédures de travail en groupes, de la gestion du temps et des espaces partagés. Les apprentissages visés feront l'objet d'une définition large pour permettre aux enseignants de retrouver le sens de la liberté et de la créativité pédagogique. On veillera à la permanence des objectifs d’enseignement quelle que soient la localisation de l’école.
    
    Une mission de protection et de prévention. Pendant ses années « d'école des petits » chaque élève bénéficiera d'un suivi personnalisé de son développement psychique, physique, physiologique, intellectuel et comportemental. Les élèves bénéficieront d'un programme d'éducation nutritionnelle, d’éducation physique et sportive, d’éducation des soins corporels d’hygiène et d’habillement, basés sur la gratuité. Concrètement cela signifie que la cantine, les activités sportives, culturelles, et artistiques seront gratuites pour tous les enfants fréquentant les « écoles des petits » sur tout le territoire de la République Française.
    
    Distinguer les missions d’instruction et d’éducation est fondamental. D’où la nécessité de distinguer entre instruction et éducation à l’école. En effet « L’être humain, comme on sait, se constitue sur la base d’une double transmission, génétique et culturelle. La transmission de connaissances par l’enseignement ne constitue qu’une part des connaissances qu’acquiert un enfant (il assimile également des connaissances à travers la vie quotidienne). Et les connaissances ne constituent elles-mêmes qu’une partie de la transmission culturelle intergénérationnelle : l’enfant assimile également, par mimétisme, des manières d’être, des pratiques relationnelles et des savoir-faire. Cette transmission qui s’opère dans l’expérience quotidienne du rapport avec les adultes constitue la base de l’existence de l’enfant et de sa socialisation. Si ces acquisitions fondatrices se mettent en place convenablement, elles favorisent ensuite l’acquisition des connaissances. » . Par conséquent la mission éducative de l’école est rendue d’autant plus complexe que les familles ayant un temps éducatif de plus en plus restreint comptent sur elle pour faire « passer » ce qu’elles ne peuvent plus  faire elles-même. Confier à l’Ecole l’éducation des enfants peut constituer un conflit d’intérêt avec les familles préjudiciable à leur trajectoire scolaire. La responsabilité éducative est, et doit rester, du ressort des parents. La finalité éducative, dans notre  société est de leur ressort. Il est indispensable de contenir le rôle éducatif de l’école à l’éducation des élèves afin qu’elle soit une composante fondatrice de son instruction par l’enseignement et pas une zone de conflit avec les parents.

 Des équipes professionnelles pluridisciplinaires
    Pour réaliser ses missions, « l'école des petits » devra être organisée autour d'équipes professionnelles de fonctionnaires d’État.
    Ils ressortiront de 3 corps composés paritairement d’hommes et de femmes.

    Les instituteurs et institutrices:
Recrutés comme élèves-maîtresses ou maîtres, en fin de licence d’une discipline d'enseignement ou de « pédagogie appliquée », sur concours. Ils seront rémunérés pendant la formation de deux ans dans des « écoles normales » en échange d’un engagement décennal. Ils seront chargés des enseignements et du pilotage des projets pédagogiques. Ils auront la responsabilité des classes multi-âges et multi niveaux.

    Les éducateurs de jeunes enfants :
Recrutés en fin de licence de sciences de l’éducation, de sociologie ou de psychologie, sur concours, ils seront rémunérés pendant leur formation en alternance de 2 ans, dans les sections d'éducateurs des écoles normales. Ils auront en charge le suivi de la vie des élèves dans la classe et l'école. Ils assureront la liaison avec les familles pour que celles-ci comprennent les exigences de l’école, et acceptent les divergences avec leurs attentes éducatives. Ils assumeront tous les aspects de l'insertion sociale des enfants devenant élèves.

    Les assistants d'éducation des écoles des petits :
Héritiers professionnels des actuel ATSEM et ex-AVS, ils seront pré-recrutés après le bac (général ou professionnel) sur concours pour intégrer un BTS d’assistant d’éducation des « écoles des petits ». Ce sera une formation rémunérée en alternance destinée à acquérir les procédures de travail en équipes avec des institutrices et des éducatrices. Ils seront en charge de la vie matérielle des activités de la classe, du suivi de l’hygiène individuelle et collective, des repas et des siestes, et plus généralement assisteront les enseignants et éducateurs dans leurs missions.

Une « école des petits » intégrée dans la vie de la Cité.
    L’effectif des classes sera compris entre 30 et 36 élèves, cela correspond à un adulte pour 10 à 12 enfants. La participation des parents sera limitée aux prérogatives des conseils d’école mais les équipes pédagogiques pourront les solliciter pour accompagner des activités selon les besoins de leurs projets.

    Le travail des « écoles des petits" devra être socialement reconnu. Il bénéficiera d’une valorisation dans la vie de la commune. En relation avec les institutions ou associations sportives, artistiques, caritatives, de solidarité et d’entraide, les équipes pédagogiques travailleront à l’intégration des travaux de leurs classes dans le périmètre d’activités des autres composantes de la société. Préparer la salade de fruits proposée au goûter du club d’échec par exemple ou réaliser une fresque pour un mur de la salle des mariages ou inventer un jeu de plein air pour le jardin public sont des exemples pour cette intégration.

Le passé éclaire l’avenir.
    À partir de ces pistes nous pouvons espérer reprendre le travail là où les « maîtresses des écoles maternelles » l’ont laissé. 
    Promouvoir une réelle pédagogie d'ateliers, de découverte de l'autonomie, de la jouissance des tâches, du plaisir d'apprendre, et sortir d'une logique programmatique permettra de retrouver la logique des « instructions officielles » qui a longtemps prévalu au développement de la variété pédagogique.
    La fin du fantasme de l'évaluation permanente et de l'espionnage de l'apparition des compétences, dont l'existence ne réside que dans le flou de leurs définitions, libérera le temps de travail en classe nécessaire à la construction des connaissances attendues en fin de parcours.En filigrane, toutes les activités proposées aux petits permettront de développer les comportements d'entraide, de respect d'autrui et de soi-même, de solidarité, d'interdépendance, de créativité, de résolution de problèmes, d’éveil sur le monde et la nature.
    
    Refonder « l'école maternelle » en la transformant en « école des petits » accompagnera les transformations sociales notamment dans les domaines de la parentalité, de la recomposition familiale, ou de la restructuration des relations interpersonnelles telles qu’elles émergent en temps réel. « L'école des petits » sera tout simplement le lieu de socialisation des futurs élèves et de création du bien-être des enfants dans une société en pleine mutation. Sa recherche principale sera de développer l'harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature.

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