MONSIEUR Larbi BEN M'HIDI (Dieu ai son âme) déclarait " donnez nous votre arsenal , nous vous donnerons nos couffins " ... Un deal ou un troc philosophique chargé de sens pour ceux qui ont des sens . Ce révolutionnaire Prisonnier suicidé par l'armée , marquait le début des manigances avec un certain chromosome Algérien . Pourquoi supprimer un homme pour qui la France a dépensé des sommes folles , élaboré des méthodes encore enseignées aujourd'hui dans les écoles militaires dans le monde , fait couler beaucoup de sang au passage à la bataille d'Alger , pour finir par l'exécuter de la sorte . On parla de vengeance militaire et coloniale , d'exemple ... ce lynchage n'en fut rien , en témoigne un François Mitterant finissant répondant aux reproches d'un jeune Algérien qui lui rappelait avec insistance l'exécution d'Ahmed ZABANA , (militant uniquement politique, guillotiné à Oran) pendant son exercice de ministre de la justice de l'époque , Mitterant qui ne pensait qu'à la mort dans tous ces états , choque ce jeune Algérien en assumant ses actes et en lui révélant " Ben M'Hidi c'est passé par moi aussi ... on se devaient de faire le TRI " c'est des phrases exactes et expiatoires d'un président malade qui n'en avait plus rien à faire de la vie d'ici bas et qui avec courage ne faisait plus qu'expédier toutes ses affaires courantes. Il abreuva cet Algérien de vérités cachées sur leurs deux pays , le gava jusqu'aux larmes et remua bien le couteau dans la plaie de leur patriotisme .
On va rester sur la phrase de Si Larbi qui pointe le déséquilibre énorme des forces , quand les révolutionnaires deviennent les terroristes et vis versa , la pensée libre est fondamentale pour avoir une conviction en" kéblar " . Que même désinformés et manipulés les peuples avide de liberté finissent toujours par accéder à la vérité . Pourquoi donc on veut absolument imposer aux Algérien des raisonnements "franco-algériens" qui ne leur sont pas accessibles , ils vous diront " Donnez nous vos milliards et vos millions personnels et nous vous donnerons nos convictions , partagez la richesse avec nous et nous vous suivrons ".
Sinon , croyez vous que la situation actuelle n'est pas en sois une manifestation de ce new-colonialisme intellectuel et économique . Le paradoxe est que la légende que Paris continue à véhiculer , à savoir , victoire militaire et défaite politique , se transforme aujourd'hui en guerre froide déséquilibrée entre un peuple et sa gouvernance "internationale" .
On assiste au début du pourrissement , déjà , de la mondialisation car elle est en phase de dépasser les aspirations chronologiques du capitalisme , de masquer ou brimer les souffrances des plus faibles , reprocher à un peuple de s'accrocher à son passé , mais à quoi voulez vous qu'il s'accroche ? quels repères on lui a laissé pour évoluer ? comment un pays qui fut de loi et de foi , se retrouve ,grâce à l'implication officielle de puissances étrangères , dans une situation politique surréaliste , hilarante et hallucinante . Comment son peuple , vidé de sa substance ( tout le monde se barre ) , peut il penser à son présent ou à son avenir collectif . Tout le monde n'a pas le talant nécessaire pour la comédia del arté .
Il est loin le bon vieux temps des blagues sur Chadli , où les blagues tout court nous faisait encore rire aux larmes , nous ne pensions pas devenir, un jour, les acteurs d'une blague mondiale et permanente . Le rire est devenu jaune et si rire il y a , c'est sous l'effet de la peur et de la soumission , même si la peur n'est pas de même nature des deux bords de la Méditerrané .
Un très vieux paysan Algérien me disait, il y a quelques mois , que la situation est si compliquée , si complexe qu'il n' y a qu'Allah pour la résoudre et qu'en attendant il protège le pays avec la maladie du président , puis il m' a posé cette question " si on va en France à mon age (bientôt 80 ans) et qu'on meure là-bas , on touche quelque chose ?.."
Et pourtant c'est le bon moment pour négocier un chemin plus apaisé pour les Algériens , pour son président qui partira après la construction de sa mosquée , pour leurs voisins et leurs partenaires . A condition que la France ne confonde pas république et monarchie et qu'elle fasse elle même table rase de ses veilles pratiques, pour le moins troubles et compactes, avec certains pays du sud .
Tant qu'il y aura des Algériens qui n'ont pas connu la guerre et qui ont encore des larmes sincères aux yeux à la simple invocation de noms comme Ben M'hidi , Didouche , Benboulaid , Hassiba et Ali la pointe ... il y a encore de l'espoir dans ce pays .