
Extrait du rapport d’étude de l’admirateur Ponel sur l’ethnie Mbochi pendant la colonisation
« …Je me trouvai en possession du poste de Pombo(bas Alima), le 5 Mai 1885, dans des conditions peu favorables pour un début. Quatre jours auparavant, mon prédécesseur Froment avait eu des difficultés sérieuses avec les Mbochi, en aval de l’Alima. J’arrivai en plein palabre, mal renseigné, ne connaissant rien du caractère des Mbochi mais décidé, suivant les instructions reçues, à agir avec douceur en mettant toute la modération possible dans mes rapports avec eux.
Je me mis donc en rapport avec les chefs amis, N’Gankosso, sur le territoire duquel est construit le poste, et Elinza, chef moins important du pays de Pombo. Je parvins à grand peine à me faire expliquer l’affaire et à démêler la vérité dans tous les récits imagés que me firent les chefs et les hommes du poste. Enfin, je pus les décider à faire une démarche tendant à rassembler les chefs Henguy, Barodonga, N’Gatché Igari et à faire palabre pour terminer amiablement cette malheureuse affaire. Je subis un échec presque complet. Seul, N’Gatché Igari se rendit à l’invitation que je leur avais fait transmettre par leurs compatriotes. Le palabre, après avoir duré trois jours, n’aboutit à rien. Les prétentions émises, si je les eusse écoutées, me mettaient dans le cas d’un homme qui, ayant raison, ferait des excuses à son insulteur. Je laissai les choses en l’état et ne m’en occupai plus. Depuis cette époque, il n’est pas de semaine que nos alliés N’Gankosso ou Elinga ne viennent me demander mon aide pour en finir une bonne foi avec ceux du village d’Ibengué. Je suis seul au poste, il m’est difficile de me rendre à leur désir et j’attends l’arrivée de M. le commissaire du gouvernement pour en terminer.
J’ai eu de grosses déceptions, dans les commencements, avec les Mbochi. Ce peuple est le plus sauvage que j’ai rencontré. La ruse et le mensonge sont insignifiants, ils en usent comme pour la défense de leurs intérêts les plus graves. Rebelles à tout ce qui leur semble une entrave, orgueilleux, superstitieux à l’excès, les Mbochi sont les êtres les moins sympathiques qu’il soit possible d’imaginer. Leur avidité, l’âpreté qu’ils mettent dans la conclusion des marchés en font de désagréables clients à tel point que les Bobangi ne font plus de commerce avec eux. Je les crois braves pour le genre de guerre que l’on peut faire en ce pays et adroits dans le choix du terrain et la préparation des embuscades, mais ce qui leur donne cette assurance devant nous vient surtout de leur ignorance absolue de la portée et de la justesse de nos armes à feu. Il n’y a aucun cas à faire en leur parole. J’en ai eu dix fois la preuve depuis mon arrivée au bas Alima. Ils n’ont aucune notion, même vague, de ce que nous appelons l’honnêteté, fait assez bizarre, car la note dominante de leur caractère est l’esprit de” Propriété” poussé à l’extrême, sous toutes ses formes… » Ces quelques considérations me conduisent à vous soumettre mes premières études sur les Mbochi. Ponel.
Source : http://www.sukissa.co.uk/?p=20104
Par BISHIKANDA DIA POOL