BISHIKANDA DIA POOL

Abonné·e de Mediapart

315 Billets

0 Édition

Billet de blog 20 août 2021

BISHIKANDA DIA POOL

Abonné·e de Mediapart

Congo-Brazzaville : le 15 août est-il le jour de la fête de l’indépendance ?

BISHIKANDA DIA POOL

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

À l'occasion de la fête de l’indépendance, nous parlerons du témoignage peu connu des Congolais de Jacques FOCCART paru dans le livre de Jean-Pierre Bat « La Fabrique des Barbouzes » aux Éditions Nouveau Monde. Parce que la fête du 15 août est un arbre qui cache le maintien et la continuité de la forêt coloniale. 

Ce jour-là, nous ne célébrons pas ceux qui ont péri et lutté pour l’autonomie, pour la liberté et pour l’indépendance ; mais des complices de notre malheur, ceux qui ont ouvert la porte de la citadelle Congo aux colons en empêchant l’autonomie et l’indépendance. Comme il n’y a jamais eu de recherches sur ce sujet, le scepticisme abreuvé par ces vassaux des colons nous pousse à croire que nous sommes un pays indépendant. De ce point de vue, la question posée par cet article ne mérite-t-elle pas réflexion ? Notre réflexion tournera sur la fête de l’indépendance du 15 août .

Tout d’abord, la langue française est très complexe pour nous Africains, d’où l’intérêt de maitriser aussi nos langues pour mieux comprendre certains concepts universels facilement. Par exemple, le mot  autonomie et indépendance sont si proches en français, et nous avons tendance de les confondre. Ils correspondent pourtant à des notions distinctes. Selon le dictionnaire "Larousse", l'autonomie est la capacité d'une personne physique (ou morale) à prendre seule des décisions. Et la racine grec du mot autonomie est la suivante : autos qui signifie "soi-même" et nomos, loi. Être autonome, c'est obéir à sa propre loi, se gouverner soi-même. L'autonomie se réfère au soi. Par contre l'indépendance est la volonté de n'être soumis à personne ou d’être influencé par personne. La racine du mot est latine, pendere, qui veut dire pendre. Être indépendant, c'est ne pas dépendre de personne. L'indépendance se réfère aux autres. Sommes-nous autonomes, sommes-nous indépendants ? Que chaque Congolais trouve lui-même la réponse !

Également, l'apparition de la fête de l’indépendance au Congo se fait dans le courant des années 1960, alors même que deux ans auparavant, le 28 novembre 1958, au sein de l’Assemblée territoriale réunie à Pointe-Noire ( la capitale du Moyen-Congo), sous une pluie des cailloux lancés par un peuple Congolais en colère et survolté ; le colon français et leurs vassaux congolais, sous la présidence JAYLE, décidèrent à l’unanimité d’ériger le Moyen-Congo en République du Congo au sein de la communauté française.

 Il fut 11 h 00, lorsque cette délibération n° 112/58 fut proclamée en absence des conseillers MSA de Jacques Opagault et PPC de Felix TCHIKAYA qui avaient décidé de quitter les débats et laisser les conseillers Noirs africains de l’UDDIA avec leurs maitres Blancs l’entière responsabilité de leurs actes. Dans la foulée, le groupe UDDIA et les colons enregistrèrent la loi constitutionnelle n°1 par 23 voix. Entre-temps, Jacques Opangault regagna la salle en qualité d’observateur. Il était 15 h 30. Le vote de cette première loi constitutionnelle fut immédiatement suivi d’un vote à main levée pour donner à Youlou l’investiture de la présidence du gouvernement.

Mais, si l’affaire fut légalement gagnée pour les colons et leurs vassaux congolais, la tension sociale était montée d’un cran entre les partisans d’Opagault et ceux de Youlou. À Pointe-Noire, le 28, 29, 30 novembre, les incidents éclatent dans la cité africaine : conflits, attentats contre des personnes, spoliations des cases sont enregistrés par le pouvoir colonial malgré le déploiement d’éléments militaire et policiers.Cependant, les services d’Yvon Bourges notèrent avec inquiétude que cet épisode révèle, selon ses propres termes, l’existence « des bande de chocs ethniques et politiques » plus ou moins bien organisé. Aux hommes du « bataillon Croix-Rouge » des Vili MSA s’étaient opposés avec plus d’efficacité les éléments Babembé UDDIA de la « Brigade indo-chinoise ». Preuve de l’organisation : ces miliciens portaient pour se reconnaitre des brassards ou des bandes Blanches : signe de ralliement youliste qui l’on retrouva lors des évènements de février 1959 à Brazzaville. Puisque se sentant minoritaire politiquement à Pointe-Noire (Capitale du Congo), Youlou, par la loi constitutionnelle n° 2 du 28 novembre 1958 va transporter la capitale Congolaise à Brazzaville.

Ceci dit, nous rappelons aussi que c’est le 20 septembre 1960 que la 864 ème séance plénière de l’assemblée Générale de l’ONU décida l’admission de la République du Congo comme membre des Nations unies, après avoir reçu la communication du conseil de sécurité datant du 23 août 1960. Si tel est le cas, mais que fêtons-nous donc le 15 août ?

Parce que en AEF, l’enjeu  pour la France coloniale était bien clair ; il fallait barrer la route à Jacques Opagault après la neutralisation de Felix TCHIKAYA au profit de Youlou.. Foccart, Houphouët Boigny et le haut-commissaire Bourges avaient programmé la chute du gouvernement Opangault. Jacques Opangault fut donc le seul défenseur des populations autochtones et des populations issues de la colonisation réclamant l’autonomie, la liberté et l’accession à l’indépendance ; qui sont des désirs irrésistible et irréversible. Parce que tous les peuples ont un droit inaliénable à la pleine liberté, à l’exercice de leur souveraineté et à l’intégrité de leur territoire nationale. Pendant que Youlou et ses maitres Blancs bataillaient pour le maintien du système colonial, Opagault lui luttait pour mettre rapidement et inconditionnellement fin au colonialisme sur toutes ses forces et dans toutes ses manifestations.

Raison pour laquelle, nous affirmons que le 15 août jour de l’indépendance est né de la volonté de Youlou et de ses maitres  Blancs pour donner l’illusion de l’indépendance et de rappeler aux indépendantistes comme Jacques OPANGAULT de fermer leurs gueules. D’ailleurs cette fête n’a pas des figures historiques symboliques. C’est une vraie escroquerie politique ; notre pays n’est ni automne ni indépendant. Le récit que l’on nous produit ne reflète pas la réalité. C’est la colonisation jusqu’au bout aurait dit MABIALA MA NGANGA, MBOUETA-MBONGO, MATSOUA ou JACQUES OPANGAULT. Parce que le désir passionné de liberté et d’accession à l’indépendance sont toujours là. Ce n’est donc pas pour rien que les populations locales Bakongo ont refusé de payer les impôts et de prendre les pièces d’identité de l’Etat colonial.  Cette fête nationale n’est qu’un mythe fondateur auquel l’on nous pousse à croire. Elle divise les vivants et les morts, c’est une mise en scène humiliante. Il y a  urgence sur la question !

Mais, le défi à relever est d’autant plus difficile à surmonter, d’où notre interrogation. L’offre de l’indépendance a du mal à répondre à cette amplification des demandes d’indépendance des jeunes face à la main mise de la Françafrique sur notre pays. Il y a désaccord entre la France soutien de Sassou-Nguesso et le peuple Congolais sur ce point. Incontestablement, la crise est identitaire, la crise est historique, la crise est intellectuelle, la crise et politique, la crise est économique. Et la France doit aider les Congolais à rétablir la vérité des faits historiques et identitaires pour la survie de ses intérêts. Parce qu’aucune nation ne se construit dans le mensonge.

Pour terminer, les 15 aout n’est pas le jour de l’indépendance, puisque le Congo n’a jamais été indépendant, il a été vaincu par les colons français. C’est plutôt un mythe que l’on a créé pour renforcer les liens d’appartenance à l’État artificiel du Congo issu de la colonisation française. Cette fête construit l’identité congolaise artificielle. Chaque année par le moyen de cette fête, les Congolais réaffirment le rejet de la vraie indépendance et célèbrent la supériorité du Colón sur le colonisé. Cette fête divise les Congolais, et le désir de la vraie liberté et de la vraie indépendance bouillonnent toujours dans le pays.

Nous nous interrogeons encore et encore, pourquoi Sassou-Nguesso soi-disant Mbochi honore plus YOULOU que Jeacques OPANGAULT ; alors que pour les Bakongo issus des populations locales, s’il y a bien des pères de l’indépendance, le nom de ce dernier doit y être figuré en lettre Capitale, mais pas celui de Youlou alias KIYUNGA . Les représentations symboliques qui sont mise en scène ce jour-là ne reflètent pas la vraie réalité. Un jour un vieux m’avait dit : « mon fils, Youlou et Sassou-Nguesso, c’est blanc bonnet et bonnet blanc ; ce ne sont que des vassaux des colons, et Sassou-Nguesso finira comme Youlou ».

 Par l’ASSOCIATION BISHIKANDA DIA POOL

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.