
« André Matswa fut déporté au Tchad et mourut en détention », nous révèle Catherine Coquery – Vidrovitch dans le livre II “Le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires (1898 1930)“ à la Page 506 – Les éditions de l’École des Hautes Étude en Sciences sociales.
«…Le mouvement d’André Matsoua (Matswa), un Mukongo de la région de Brazzaville, ex-tirailleur de la guerre de Rif (1924-1925), s’affirma plus tôt comme l’expression d’une opposition au régime coloniale. C’est à Paris qu’il fonda, en 1926, l’Amical des Originaires de l’A.E.F., dont le succès foudroyant parmi le groupe Bakongo de Brazzaville, puis à Libreville et à Bangui, inquiéta d’autant plus vivement les autorités qu’il glissa bientôt vers l’action politique. Le rapport de 1928 signalait que « des manifestations se produisent sur les chantiers publics ou les travailleurs, à plusieurs reprises, ont déserté le travail » et que « des Européens sont menacés ». En 1929, on estimait à 13000 le nombre des membres résistant en A.E.F.
La répression s’abattit sur le mouvement dès 1929, André Matsoua (Matswa), condamné à Brazzaville, sous le prétexte d’un trafic d’argent, en avril 1930, fut déporté au Tchad et mourut en détention en 1942. Dès lors, il devient un héros mythique semi-divinisé, rejoignant Simon Kimbangou, mais aussi symbolisant la lutte des premiers “évolués” avec lesquels il avait travaillé en Europe. Certes, leur action étaient encore embryonnaire, puisque Matswa soutenait “le mirage de la citoyenneté”. Mais le succès immédiat de ce thème dans les campagnes et les manifestations de Brazzaville en 1930, à l’occasion de son procès, révélaient la sensibilisation de l’opinion congolaise et les prémices d’une prise de conscience.
Il serait évidemment du du plus haut intérêt de suivre, à travers les rapports politiques, témoignages sur l’évolution de l’opposition. Ce travail vient d’être rendu possible, depuis que nous avons terminé cet ouvrage, par l’ouverture des archives de la période. On y trouvera sans doute les traces d’une presse locale peu à peu diversifiée, ailleurs pratiquement introuvable, où commençaient de s’exprimer les premiers représentants notables des mouvements à venir.
Ces quelques éléments n’en apparaissent pas moins, une fois encore, comme autant de signes révélateurs de l’importance décisive de la décennie 1920-1930 dans l’élaboration progressive des structures économique et politiques de la dernière phase coloniale.»
Par Catherine Coquery – Vidrovitch dans le livre II “Le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires (1898 1930)“ à la Page 506 – Les éditions de l’École des Hautes Étude en Sciences sociales.
Source : http://www.sukissa.co.uk/?p=20850
Lu pour vous par BISHIKANDA DIA POOL