À 115% du PIB, le taux d’endettement limite les marges de dépenses. À plus de 40% de taux de prélèvements obligatoires, la France caracole 10 points au-dessus de la moyenne de l’OCDE. Le dumping fiscal, réel, nous contraint. Pourtant, contrairement aux idées reçues, dans cette tenaille, la gauche a beaucoup à faire.
- La fiscalité française est foisonnante et complexe. Manier les arcanes de la fiscalité française est un sport de riche qui peut rapporter gros. Pour cela, soit vous avez des moyens à y consacrer, soit vous avez le temps et la disponibilité mentale pour le faire. Dans tous les cas, vous avez un capital culturel qui le permet. L’optimisation fiscale prospère sur la complexité fiscale, elle produit des inégalités structurelles face à l’impôt. La simplification fiscale est un projet intrinsèquement de gauche.
- Stabiliser le taux de prélèvements dans le PIB en simplifiant les prélèvements est une réserve considérable de gain de productivité. Pour les entreprises mais surtout pour l’État, moins d’impôts différents à récolter, moins de vérifications administratives. Il s’agit de taxer mieux, pas plus, pas moins. Cela libérera du temps de fonctionnaire (ETPT) et augmentera la productivité des entreprises : un moyen de création d’emplois qui sera favorable aux travailleurs.
- Enfin, les quinquennats de M. Sarkozy et M. Macron ont vu la recentralisation d’une part importante de la fiscalité. L’objectif ? Féodaliser les pouvoirs locaux et les services publics. La mise au pas de la radio et télévision publiques en lui supprimant toutes ressources propres (publicités et redevance) en est un exemple pur. La justice fiscale passe donc par la réattribution d’une part de la fiscalité aux échelons locaux et aux services publics. Cela contribuera à la refondation de la démocratie française, par une décentralisation réelle, qui autonomise et responsabilise plus qu'elle féodalise.
On peut taxer mieux, reste qu’il n’y aura pas de justice fiscale sans sanctions. Avec la promesse d’une stabilisation des prélèvements obligatoires et d’une simplification fiscale, un gouvernement de gauche aura la pleine légitimité d’engager une chasse sans répit contre ceux jouant avec la ligne, ceux se déclarant non fiscalisés en France mais passant plus de six mois sur le territoire.
Mais la justice fiscale ne doit pas s’arrêter là. Paradoxalement, ce sont peut-être les États-Unis qui peuvent nous inspirer avec leur principe d’impôt universel où l’impôt sur le revenu américain s’applique tant que l’imposition du pays de résidence ne le dépasse pas. La chasse aux fraudeurs ne doit plus avoir de frontière.