Il a beaucoup bu, le messieur ,il a beaucoup bu ,oui ,mais en seigneur !
il a aussi beaucoup prosé " une des plus belles phrases de Lorca : l agonie ,l 'agonie toujours .
pense à cela quand tu tues un cafard
ou que tu prends un rasoir pour
te raser
ou le matin quand tu t'éveilles
pour
faire face au
soleil
Ca mange pas de pain ,ce petit bout de prose californienne d'un alcoolo presque anaonyme ,ou qui aurait pu le rester ,d'un postier en colère , d'un vrai anarchiste bagarreur . Ca pait pas de mine ,forcément mais c'est tellement collé ,entremélé ,au corps à corps avec nos sociétés actuellement .C'est là que ces mecs ,comme lui ,ont du génie ,une clairvoyance avinée sur ce qui va arriver .Par exemple ,ce texte trop
TROP
Brawdley était un brave type
aussi normal qu’une bouillotte
puis il
a pris des kilomètres au compteur
et commencé à avoir peur de
veillir
à enfourner des vitamines comme des
cacahuètes
quand j’ai été le voir
chez lui c’était plein de
fonte
il soulevait de la fonte
et
à chacune de mes visites
je remarquais qu’il
devenait
plus gros et plus
bleu :
une masse
métallique
ses yeux lui
rentraient
dans le
front
son sourire se
tordait
comme
un
élastique
il huilait son
corps
et se regardait dans
les
glaces
je ne savais plus
qui il
était
il soulevait
soulevait et
soulevait
et se regardait
se regardait et
se regardait
il m’a dit :
tu devrais
t’y mettre, c’est
comme une
renaissance.
à un de ces jours
je lui ai
dit.
maintenant quand on me
demande : tu as vu
Brawdley
recemment ?
je réponds :
pas vraiment
et on passe
à des sujets
plus intéressants
comme
le Nucléaire
l’Hiver.
on ne peut plus actuel ! l'image ,notre image ,et la vacuité du résultat ,l 'insignifiance de ces efforts pour se montrer , etre important par le visuel , l 'audiovisuel
et que dire de ce dernier
vies de merde
le vent souffle fort ce soir
un vent glacial
et je pense aux
copains à la rue.
j’espère que quelques-uns ont une bouteille
de rouge.
c’est quand on est à la rue
qu’on remarque que
tout
est propriété de quelqu’un
et qu’il y a des serrures sur
tout.
c’est comme ça qu’une démocratie
fonctionne :
on prend ce qu’on peut,
on essaie de le garder
et d’ajouter d’autres biens
si possible.
c’est comme ça qu’une dictature
aussi fonctionne
seulement elle a soit asservi soit
détuit ses
rebuts.
nous on se contente d’oublier
les nôtres.
dans les deux cas
le vent
est fort
et glacial.
si ça n'éclaire pas sur tout le "merdier " actuel dans notre vieille europe ,ce trop plein de "propriétés" ou l'on s'est asservi ,ou nous avons insidueusement été asservi .Tout ça pour en arriver au désastre grec ,espagnol ,à cette" botte" italienne ou la gangrène est en train de monter aussi .
Il est temps de se reprendre ,de se remettre en intégralité sur le chemin de la vie , ne pas se laisser aller à ce nihilisme certes clairvoyant , à cette désespérance viscérale ,ce je m'en foutisme patenté qui minait malgré tout la vie de bukowski ,au point de ne meme pas croire qu'il pouvait un jour sortir de l'ombre à la lumière (certes tamisée d'un underground littéraire ) .
Il est l'heure de lui dire au revoir ,et ne pas laisser aller l'espoir ,ne jamais laisser passer l'espoir , tout en gardant en poche la musique triste et pesssimiste de ces poésies bukowskiennes ...qui pour autant restent fort belles .