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Billet de blog 6 juillet 2010

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Au revoir, Laurent Terzieff

Laurent Terzieff : un des derniers géants du théâtre que j'avais vu, écouté, admiré, applaudi... d'innombrables fois sur scène depuis plus de 30 ans... Comme tout a été dit, et très bien, par vous tous et aussi dès samedi par Fabrice Luchini, je souhaite juste rappeler ici un moment exceptionnel parmi beaucoup d'autres : la pièce « Dell'inferno » mise en scène par André Engel dans les années 80.

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Laurent Terzieff : un des derniers géants du théâtre que j'avais vu, écouté, admiré, applaudi... d'innombrables fois sur scène depuis plus de 30 ans... Comme tout a été dit, et très bien, par vous tous et aussi dès samedi par Fabrice Luchini, je souhaite juste rappeler ici un moment exceptionnel parmi beaucoup d'autres : la pièce « Dell'inferno » mise en scène par André Engel dans les années 80. Le RDV était donné à la Gare Saint-Lazare. Suspense total. Personne ne savait où on allait, mais on partait rejoindre Laurent Terzieff en banlieue dans une usine désaffectée, incarnation parfaite des Enfers. Une fois arrivé, chaque spectateur descendait du train directement sur les voies, au milieu de nulle part et était accueilli par une panthère (vraie et vivante) tenue en laisse par un comédien ! Pas certain de réchapper d'un tel voyage. Puis, les femmes et les hommes spectateurs étaient séparés, le groupe d'hommes embarquait sur un (ou plusieurs radeaux, je ne sais plus), les femmes restaient sur la berge d'un lac de cauchemar, et nous entamions une visite des Enfers, escortés par un Terzieff-DANTE halluciné, habité, terrifiant, magnifique, errant dans ces enfers plus vrais que les vrais, à la recherche de sa Béatrice. Et qui au bout de deux heures nous ramenait au train qui redémarrait silencieusement, nous tous hébétés à l'intérieur, réchappés des Enfers !

Un souvenir inoubliable pour moi, qui le raconte souvent à mes amis... Mon plus beau souvenir de théâtre je crois.

Et puis permettez moi d'ajouter un souvenir plus récent, plus prosaïque aussi : quand dans la pièce "l'Habilleur", jouée en 2009, Laurent Terzieff meurt, tout le monde dans la salle a partagé l'impression rare d'assister avec un peu d'avance à l'inéluctable. Un homme au corps décharné, souffrant, mourant, mais porté par une passion inassouvie.

Alors, quel bonheur de l'avoir revu une nouvelle fois, le samedi 27 février 2010, dans Philoctète, au Théâtre de Carouge près de Genève. Il était donc immortel...il pouvait mourir et renaître mille fois.Nous étions rassurés.

Je suis très très triste depuis samedi matin.

Merci à tous ceux qui ont écrit ici. Et ailleurs sur tous les blogs pour partager notre immense admiration, reconnaissance et affection pour ce très Grand Monsieur.

Bertrand

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