En ce temps de commémoration de la victoire de la gauche et de François Mitterrand le 10 mai 1981, quelques réflexions :
10 mai 1981
C'est l'évènement fondateur : la Gauche accède enfin au pouvoir après 23 ans d'opposition.
Un homme en fut le principal acteur : François MITTERRAND.
Un personnage d'exception, un stratège hors pair, un homme de culture et d'action, et un homme courageux : il l'a maintes fois prouvé, dans sa jeunesse de prisonnier de guerre, de résistant comme dans sa vieillesse d'homme gravement malade, souffrant et toujours dans l'action.
Bien sûr, l'homme ne fut pas un "saint" et je n'ai jamais été choqué par la formule de Lionel Jospin évoquant à son égard "le droit d'inventaire". De même qu'on peut être critique vis à vis de ses propres parents ou de très proches amis, on peut l'être (on doit l'être) également à l'égard d'un responsable politique, que l'on a admiré et pour lequel on a voté.
En ce qui me concerne, je n'ai jamais compris et admis ses relations suivies et consenties avec René Bousquet : ses explications à ce sujet ne m'ont jamais paru convaincantes. De même, des affaires comme le Rainbow Warrior ou l'affaire Pelat, pour ne citer qu'elles, ont jeté un voile d'ombre sur ces années là. Enfin, son attitude de Garde des Sceaux pendant la guerre d'Algérie vis à vis des 40 condamnés à mort paraît pour le moins discutable.
Je sais également qu'après les espoirs fous de 81 (certains pensaient que la Droite ne retrouverait jamais le pouvoir !!!), les désillusions ont été nombreuses , très vives pour certains, en particulier lors du second septennat.
Mais, et c'est cela qui compte 30 ans après, la Gauche a réalisé grâce à François Mitterrand dans cette période de très grandes choses, dont l'abolition de la peine de mort, grâce aussi à l'opiniatreté et le courage d'un homme , Robert Badinter, fut la mesure emblématique. Et puis bien sûr, dans la continuité du Général de Gaulle, la politique franco-allemande. Et pusi les mesures sociales. Et puis la libéralisation des ondes...
Avec le recul, ce bilan m'apparaît fort honorable et pour le dire en un mot : POSITIF. Et il est clair que la nostalgie est forte en pensant à cet homme qui a su si bien incarner la France pendant 14 ans.
21 avril 2002
Cette date me paraît en effet presque aussi importante que la première.
La France sortait d'une longue période de cinq ans avec au pouvoir un Président Chirac peu présent (sauf pour la politique extérieure où son action fut impeccable vis à vis de l'Irak) et un excellent Premier Ministre , Lionel Jospin.
Digne successeur de François Mitterrand à la tête du parti socialiste, ce dernier accède au pouvoir grâce à une monumentale bévue de J. Chirac (la dissolution).
Il mène une politique volontariste et pendant cinq ans assume sa tâche de Premier Ministre avec sérieux, compétence et clarté. Je résume et je sais que là aussi, on peut trouver des critiques à émettre mais le bilan me parait plus qu'honorable : bon !
Il arrive en 2002 avec une légitimité encore plus grande qu'en 1995 et peut prétendre à remporter l'élection présidentielle.
Seulement voilà : contrairement à François Mitterrand , il manque de baraka et peut-être un peu d'esprit de stratège. Au lieu de se retirer quelques mois avant l'élection, il reste aux commandes jusqu'au dernier jour et ne sent pas monter le vote LE PEN, et aussi une certaine lassitude de l'opinion à son endroit. En fait, il réédite la même erreur de stratégie qu'Edouard Balladur en 1995.
Le soir du 21 avril à 20h00, devant mon poste de télévision, je partage l'immense chagrin des militants socialistes que l'on voit pleurer en direct et je reste abasourdi par le résultat et l'élimination de Lionel Jospin.
Je pense encore aujourd'hui 9 ans après que cet échec a été terrible pour nous tous, terrible pour un homme, Lionel Jospin, qui n'avait pas démérité et que cela a permis, après un quinquennat Chirac assez terne, l'élection en 2007 du Président actuel, véritable fer de lance de la droite, disons musclée.
(MAI 2011)
Juste un mot : une impression dans l'air d'un parfum de mai 1981, une envie forte de gauche (mais paradoxalement aussi d'extrême droite pour une autre part de la population) et surtout un manque de leadership au sein du PS à un an de la prochaine présidentielle. Le trop plein des compétences, des ambitions et des egos. Et un Président candidat, excellent en campagne, qui fourbit ses armes et est loin d'être à terre.
MAI 2012
La Gauche peut gagner l'élection présidentielle. Elle le doit.
Pour cela, elle doit se rassembler autour d'un homme ou d'une femme qui doit fédérer toutes les énergies de son parti d'abord (le PS), de son camp ensuite (toute la gauche) et au delà ceux qui en sont proches (en particulier, le MODEM de François Bayrou).
François Mitterrand avait réussi, et avec quel brio, le rassemblement des progressistes. Il le réédita d'ailleurs en 1988.
Aujourd'hui, quel leader peut prétendre à effectuer ce rassemblement ?
Chacun d'entre vous a sa propre opinion.
A titre personnel, je pense qu'un seul candidat parait désormais au sein du PS réunir les quelques compétences et critères absolument nécessaires :
- être pro-européen
- être réaliste dans le domaine économique
- être capable aussi d'utopie, de faire rêver mais sur la base de rêves réalisables et à fortes connotations sociales
- avoir un ancrage réel dans la France d'aujourd'hui : être proche du peuple et des ses préoccupations
- être un candidat au comportement modeste mais prèt à aller jusqu'au bout, sans flancher, sans louvoyer, sans trahir les attentes de son camp.
Après François MITTERRAND l'homme de 1981, après Lionel JOSPIN, l'homme de 1997, François HOLLANDE peut fédérer la gauche. Et réussir à devenir Président de la République en mai 2012.